Photovoltaïque : coup dur pour les particuliers, l’État divise par 3 le prix de revente et les emplois des professionnels sont menacés

Modifié le - Auteur Par Lucie -
Photovoltaïque : coup dur pour les particuliers, l’État divise par 3 le prix de revente et les emplois des professionnels sont menacés

Une rentabilité en chute libre : jusqu’à 1 000€ de perte par an pour certains foyers

En France, une installation solaire de 6 kWc, typique pour un foyer moyen, coûte entre 11 000€ et 14 000€ TTC. En régime normal, elle permettait de revendre l’excédent d’électricité à un tarif réglementé de 13 centimes d’euro par kWh, générant jusqu’à 1 500€ de revenus annuels pour une production excédentaire de 11 000 kWh.

Mais le 28 mars 2025, le ministère de la Transition écologique a annoncé une mesure choc : le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque injectée sur le réseau sera divisé par 3, passant à environ 4 centimes/kWh. Cette mesure devrait entrer en vigueur au 1er juillet 2025, sous réserve de validation par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et publication d’un décret d’application.

Energie : annonce gouvernementale controversée

Selon le ministère, cette décision s’inscrit dans une volonté de réduction des charges publiques liées aux subventions des énergies renouvelables. Le coût de l’obligation d’achat d’électricité solaire pesait près de 5,6 milliards d’euros sur le budget de l’État en 2024, en hausse constante.

Mais cette annonce suscite l’incompréhension : les particuliers, incités pendant des années à investir dans le solaire grâce à des aides fiscales et un tarif de rachat garanti, se retrouvent aujourd’hui avec un retour sur investissement fortement amoindri.

Une adoption massive du solaire en France : chiffres 2025

Au début de l’année 2025, la France comptait plus de 617 000 installations solaires en autoconsommation. En deux ans, ce chiffre a triplé, porté par l’envolée des prix de l’énergie et les aides publiques. L’objectif étatique de 1 million d’installations d’ici 2030 paraissait atteignable avant cette annonce.

Les incitations telles que la prime à l’autoconsommation (jusqu’à 2 520€ pour une installation solaire de 9 kWc), la TVA réduite à 10%, et les aides régionales, ont permis à des milliers de foyers d’alléger la facture.

Les aides 2025 à l’autoconsommation solaire :

  • Prime d’investissement : de 80€/ kWc à 380 €/ kWc selon la puissance,
  • TVA à 10% jusqu’à 3 kWc,
  • Obligation d’achat par EDF OA (contrat sur 20 ans),
  • Crédit d’impôt : non reconduit en 2025 sauf pour certains territoires (DOM-TOM).

Mais de nombreuses plateformes frauduleuses profitent de cette ruée vers le solaire pour proposer des installations surévaluées, mal posées ou non conformes. L’ADEME et la DGCCRF ont alerté sur plus de 4 000 signalements en 2024 liés à des escroqueries dans le secteur photovoltaïque.

Rentabilité : une équation bousculée

Avec un tarif de revente divisé par trois, le retour sur investissement passe de 10-12 ans à plus de 18 ans pour certains foyers.

Exemple :

Puissance Coût d’installation Gain annuel avant Gain après baisse ROI estimé
3 kWc 8 000€ 700€ 250€ 18-20 ans
6 kWc 12 000€ 1 200€ 400€ 19-22 ans

Cela dissuade les nouveaux investissements et pénalise ceux qui comptaient sur la vente d’excédent pour amortir le coût.

Quel avenir pour la filière solaire française ?

La filière solaire emploie environ 25 000 personnes en France selon l’Observatoire des énergies renouvelables, réparties entre 10 000 entreprises : artisans installateurs, bureaux d’études, fabricants de matériel et services de maintenance. Une baisse d’attractivité pourrait entraîner un ralentissement des installations et une perte d’emplois dans les années à venir.

Certaines PME du secteur craignent une vague d’annulations de commandes et un gel de projets. La Fédération Française du Bâtiment (FFB) a demandé un moratoire sur cette mesure, pointant une incohérence avec les objectifs de neutralité carbone à 2050.

Qui y gagne, qui y perd ?

  • Gagnants : les fournisseurs d’énergie (EDF, Engie), qui pourront acheter à moindre coût l’électricité injectée par les particuliers, et l’Etat, qui réduit les dépenses liées à l’obligation d’achat.
  • Perdants : les particuliers producteurs, les contribuables ayant financé l’installation via des aides, et les professionnels du secteur.

Autoconsommer reste une option intéressante

Malgré la baisse du tarif de rachat, produire et consommer sa propre électricité permet toujours de réduire la facture énergétique : avec un prix moyen du kWh acheté à 0,27€ en 2025, chaque kWh autoconsommé est une économie directe. Les batteries de stockage deviennent stratégiques, bien qu’encore coûteuses (6 000€ à 10 000€).

Une transition énergétique malmenée

Alors que la France s’était engagée dans une accélération de la transition énergétique, cette mesure fragilise une partie de l’écosystème photovoltaïque. L’incitation à l’autonomie énergétique perd de son attrait, alors que les foyers s’étaient mobilisés massivement. Reste à voir si un équilibre pourra être trouvé entre soutenabilité budgétaire et ambition climatique.


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Par Lucie

Lucie est rédactrice sur ComparateurBanque.com depuis le début. Elle aime tester les offres et partager son expérience. Elle a aussi d'autres casquettes dans l'équipe.

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