Crise bancaire : la garantie des dépôts, le grand leurre ? Interview de Richard Détente

Publié le - Auteur Par Nantcy L -
Crise bancaire : la garantie des dépôts, le grand leurre ? Interview de Richard Détente

INTERVIEW. La garantie des dépôts et de résolution (FGDR) peut-elle vraiment indemniser tout le monde en cas de faillite bancaire ? Richard Détente, économiste et dirigeant de la société Grand Angle, nous révèle pourquoi il est urgent de sortir des banques, pour protéger son argent.


 

Après une longue période « d’argent gratuit », la santé du système financier s’affaiblit. En cause, entre autres, la politique d’augmentation des taux d’intérêt des banques centrales. Cette remontée brutale, sans précédent depuis des décennies, affaiblit le bilan des établissements bancaires, qui ont promis à leurs clients une garantie de capital. En effet, ceux ayant acheté des obligations anciennes, américaines et de la zone euro, à taux zéro ou faible, perdent à ce jour de la valeur. Les livrets bancaires et les fonds euros des contrats d’assurances vie sont concernés. Ce phénomène, déjà à l’origine de diverses faillites dans le monde bancaire et assurantiel, inquiète les épargnants, qui se demandent si leur argent est vraiment protégé. En France, un organisme de service public a pour rôle de garantir les placements des citoyens : le FGDR (Fonds de garantie des dépôts et de résolution). Il a été créé en 1 999 par l’État, pour prévenir les éventuelles faillites bancaires. Que couvre-t-il précisément et a-t-il réellement les capacités financières d’indemniser les Français ?

Crise bancaire : le FGDR peut-il réellement sécuriser notre argent ?

En cas de défaillance d’une banque ou établissement financier, et donc de la perte des dépôts des clients, le FGDR est censé protéger l’épargne des Français. En a-t-il pour autant les moyens ?

FGDR : quels montants de couverture ?

Le FGDR sécurise les comptes courants et les livrets d’épargne et doit, en principe, indemniser les clients en 7 jours ouvrables seulement.

Comme précisé sur son site, le FGDR gère trois mécanismes de garantie :

La garantie des dépôts bancaires

  • Jusqu’à 100 000 euros par personne et par établissement de crédit sont garantis. Comptes courants, comptes espèces, PER et PEA, et livrets d’épargne sont concernés.

La garantie des titres

  • Jusqu’à 70 000 euros par personne et par établissement pour les titres (actions, obligations, parts d’OPCVM et autres instruments financiers) sont garantis.

La garantie des cautions

  • Il s’agit ici « d’un mécanisme d’indemnisation des cautions pris par les établissements de crédit en faveur des professionnels », détaille le FGDR.

Quid des assurances vie ?

Le FGAP, Fonds de Garantie des assurances des personnes

Les assurances vie sont protégées par un autre mécanisme, nommé le FGAP : Fonds de Garantie des assurances des personnes. Il prend en charge 70 000 euros par assuré et par assureur.

Crise bancaire : avec le FGDR, notre argent est-il vraiment protégé ?

Si l’on s’en tient au slogan de l’organisme, notre « argent est protégé ». Pourtant, en réalisant des calculs très simples, on s’aperçoit que cette promesse n’est qu’un leurre.

« Il y a actuellement 7 milliards d’euros sur le FGDR. Si l’on divise ce montant par le nombre de personnes faisant partie de la population active, soit environ 20 millions de Français, on se rend compte que l’organisme ne peut indemniser que 350 € par personne », décrypte Richard Détente, économiste et dirigeant de la société Grand Angle. Certes, le FGDR met en avant la garantie de l’État derrière, mais il ne faut pas omettre que ce dernier est déjà endetté de 3 000 milliards d’euros. Soit 150 000 euros de dettes par personne (faisant partie de la population active). Prendrait-il le risque de se réendetter de 100 000 euros supplémentaires par personne ? », questionne le fondateur de la chaîne de vulgarisation économique Grand Angle, qui compte plus de 266 000 abonnés sur YouTube. « Cela ne serait pas sans conséquence sur l’euro, qui perdrait de sa valeur. Un contrôle des capitaux et des changes serait mis en place et les conditions ne seraient plus les mêmes », analyse l’expert.

Quelle stratégie faudrait-il alors instaurer pour sécuriser notre argent ?

Crise bancaire : « Il est urgent de sortir des banques »

« Face au possible « bank run », il est recommandé de se débancariser », note Richard Détente.

Crise bancaire : « Quelle souveraineté donner à son épargne » ?

« Le risque de « bank run » occidental est bel et bien présent. Craignant de perdre leurs économies, les déposants retirent en effet leur argent des banques afin de le placer dans d’autres établissements, voire à la banque centrale, qui offre plus de sécurité et de rentabilité », explique l’économiste. « C’est pourquoi il est important de se demander quelle souveraineté l’on veut donner à son épargne. Je conseille de ne laisser à la banque que l’argent qu’on ne craint pas de perdre. »

Afin de s’éloigner du pouvoir central, Richard Détente préconise d’ouvrir un compte en banque à l’étranger, en dehors de l’UE : « De cette façon, on sera moins atteignable, en cas de mesures de rétorsions financières. » Il est cependant nécessaire de bien se renseigner en amont sur le droit bancaire du pays choisi ainsi que sur les conditions d’ouverture de compte. En Grande-Bretagne, il est par exemple nécessaire d’avoir une boîte postale.

Il est ensuite primordial de diversifier son portefeuille financier.

Crise bancaire : l’or et le Bitcoin à la rescousse

Si posséder un compte bancaire (ou plusieurs) demeure bien évidemment nécessaire pour les opérations courantes et la constitution d’une épargne de précaution, nul ne sert d’y laisser toutes ses économies. Cela ne rapporte en effet pas grand-chose au vu de l’inflation galopante. « Les comptes bancaires ne sont pas un problème en soi, mais ils ne doivent pas être une réserve de valeur. Il est important d’arriver à se constituer un patrimoine à l’extérieur », rappelle l’expert.

« L’or reste un placement sûr. Le prix de l’once est actuellement à 2000 dollars. Sa valeur a bondi de 50 % en 5 ans, alors que l’euro a de son côté fléchi de 20 %. Si vous n’avez pas beaucoup d’économies, il est intéressant d’investir 500, 1000 ou 2000 dans des pièces d’or Napoléon. La rentabilité est ici assurée. Il faut cependant veiller à bien conserver la facture d’achat qui sert de preuve à la revente. Elle vous servira également pour vos impôts », détaille-t-il.

Et d’ajouter : « Acheter des Bitcoins est aussi un moyen de se débancariser. Selon le profil et la prise de risque souhaité, il est recommandé d’investir entre 5 et 20 % de son épargne à long terme consacrée par exemple aux futures études des enfants. Il a vocation à remplacer l’or et prend de la valeur. Le Bitcoin peut même faire exploser la tirelire (jusqu’à + 50 % d’ici 5 ans par exemple).  Ces actifs à court terme sont très liquides. »

Investissement : « Partir d’une enveloppe fiscale n’est jamais bon »

« L’important est de se demander quels sont les bons investissements en fonction de son profil. « PER, logements subventionnés (crédits d’impôt Pinel, Duflot, Denormandie)… Partir d’une enveloppe fiscale pour investir empêche de se poser les bonnes questions. On ne se demande pas ce qui rapporte de l’argent, mais comment économiser des impôts. Or, pour payer des impôts, il faut déjà gagner des sous. Il est plus judicieux de se demander quels sont les bons investissements sur lesquels on a envie de se placer : assurance vie en fonds euros par exemple », indique-t-il.

Les actions, en nue-propriété, permettent aussi de s’y retrouver sur le long terme. « Pas moins de 10 ans », prévient l’expert. « Les fonds monétaires reviennent aussi. Ils proposent à court terme, 3 % sur l’euro et 5 % sur le dollar. C’est solide. »

Et de conclure : Les obligations chinoises, qui ont surperformé de 30 à 40 % en 5 ans, ont aussi un bel avenir. Toutes les monnaies asiatiques et échanges commerciaux convergent désormais vers le yuan (convertible en or) plutôt que le dollar. Il est néanmoins nécessaire de bien s’y connaître pour y investir. Il faut panacher toutes ces solutions. »


Cette interview est un partage d’informations suite à un échange avec un expert. Il ne s’agit pas de conseils en investissement.

Si vous souhaitez des conseils adaptés à votre situation, contactez notre conseiller immatriculé à l’Orias. 

Par Nantcy L

Journaliste plurimedia depuis 15 ans, je m'intéresse à différents univers : économie, lifestyle, société, culture, psycho & développement personnel... Pour Comparateurbanque.com je vous livre, à l'aide d'experts, des conseils pour mieux gérer votre argent.

Laisser un commentaire