
Ils avaient promis une « transition » ; ils nous livrent une trahison doublée d’une déroute tarifaire. Au moment même où les Français réduisent déjà leur consommation d’électricité, l’exécutif dégaine la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) comme on expédie une contravention, sans débat, juste avant l’été, avec l’air faussement confiant de celui qui sait ce que vous ignorez. Résultat : un trou de 300 milliards d’euros d’ici 2040 — le prix d’une boulimie d’éoliennes et de panneaux solaires — que l’on colle sans ménagement sur la facture des « gueux », c’est-à-dire des français. Pendant qu’on vous somme de couper la clim pour grappiller quelques watts, les décideurs de Paris et de Bruxelles enclenchent sans sourciller la machine à brûler l’argent public.
Un chèque en blanc offert aux lobbys
La PPE3 aligne des chiffres astronomiques comme s’il s’agissait de coquillettes : 111 TWh d’éolien, 64 TWh de solaire supplémentaires, et des réseaux à réinventer pour transporter une électricité bavarde quand il n’y a pas de vent. À l’inverse, le parc nucléaire, colonne vertébrale déjà amortie et bas-carbone, végète. Pourquoi ? Parce qu’il ne délivre pas assez de contrats de conseil. Les chiffres officiels admettent pourtant que notre mix est décarboné à 92%. Mais il faut bien financ-… pardon : « encourager l’innovation ».
Quand la facture flambe
Surtout, ne dites pas « augmentation » ; le ministère préfère parler d’« ajustement ». Concrètement, plusieurs études indépendantes estiment que la note des particuliers pourrait doubler d’ici à 2035. À consommation égale ! Ajoutez-y la progression déjà observée des prix de marché (contrats CAL) et l’on obtient la recette d’un ragoût budgétaire indigeste. Le pire ? Tout est inscrit noir sur blanc dans la PPE : pour « accélérer l’électrification des usages », il faudra « rendre visibles » — comprenez : alourdir — les coûts de réseau. Visible, cela le sera sans doute ; supportable, c’est une autre affaire.
Le malin génie de la tva
En attendant 2035, le fisc, lui, ne perd pas de temps. Au 1ᵉʳ août, la TVA sur l’abonnement bondit de 5,5% à 20%. Même service, même compteur, quadruple ponction. On appelle ça un alignement européen ; les contribuables appellent ça un coup de matraque. L’astuce est imparable : taxer la partie « fixe » de la facture garantit une rentrée certaine, quelles que soient vos économies d’énergie. Le citoyen qui éteint sa box la nuit passe ainsi de modèle vertueux à cible mouvante. On ne change pas une méthode qui rapporte et qui affaiblit si bien le “gueux”.
Bruxelles, toujours plus loin de la prise
Le feuilleton ne s’arrête pas au compteur domestique. En 2027, entre en scène l’ETS2, le marché carbone version carburants. Traduction : de 10 à 23 centimes de plus par litre à la pompe. Officiellement, c’est pour sauver la planète ; officieusement, c’est un jackpot fiscal transfrontalier. Quand l’exécutif français s’offusque, il oublie de rappeler qu’il encaisse déjà 60% de taxes sur chaque plein. L’Europe s’invite donc dans votre réservoir pour prélever le dessert.
Les oubliés du terrain
Pêcheurs, maraîchers, artisans, tous vivent de marges aussi fines qu’un ticket de caisse. Pour eux, la PPE3 n’est ni un plan stratégique ni une abstraction technocratique ; c’est la certitude de découvrir chaque début de mois une colonne « Énergie » qui vire au rouge vif. Les producteurs laitiers ne se chauffent pas à la poésie des conférences climat ; ils branchent des tanks de refroidissement. Les chauffeurs-livreurs n’alimentent pas leurs flottes à la vertu ; ils paient à la pompe. Or ce sont précisément ces métiers-là qui subventionnent, via leurs factures, les promesses d’un futur vertueux que le gouvernement et l’UE nous vantent comme dans un conte pour enfants.
Le roman national de la « sobriété »
Face à la grogne, le discours officiel se résume ainsi : « Nous ne faisons qu’appliquer la loi de la physique et la volonté populaire ». Rappelons que la consultation préalable de 2024 a récolté des avis massivement hostiles à la hausse d’ENR au détriment du parc existant. On a répondu aux sceptiques qu’ils manquaient de « pédagogie » — façon polie de dire qu’ils n’avaient pas compris la question. Résultat, une France qui se serre la ceinture pour financer des moulins à vent importés d’Asie, pendant que ses propres réacteurs tournent au ralenti faute d’investissements.
L’économie selon les génies du gouvernement
Le gouvernement explique que « l’effort » générera des emplois. C’est exact : il en créera d’excellents… au service réclamations et chez les recouvreurs de dettes. La PPE3 postule un prix moyen du mégawattheure compatible avec un pouvoir d’achat florissant ; elle suppose aussi des taux d’intérêt au plancher et une croissance sans accroc, bref autant rêver. La morale est simple, on spécialise la France dans la collecte de subventions, on exporte sa base industrielle, et l’on s’étonne ensuite que le commerce extérieur ressemble à un suicide assisté.
Officiellement, si la facture augmente, c’est pour que la manne ruisselle depuis les riches énergéticiens vers la plèbe. Dans la pratique, l’argent coule surtout vers des développeurs qui bâtissent des parcs à 12% de rendement et revendent l’électricité à prix garanti. Les ménages, eux, dégoulinent. On vante l’inclusion, et l’on accable les foyers modestes via la part fixe de la facture.
Les dossiers budgétaires affichent des colonnes « résilience », « soutien aux plus vulnérables ». Mais personne ne vous explique comment couvrir l’enveloppe quand les recettes fiscales plafonnent. On mise sur une croissance verte censée jaillir par miracle au moment précis où les investissements deviendront exigibles. La politique énergétique française se rapproche de ce jeu où l’on parie à découvert : on l’appelle poker menteur, sauf qu’ici, les joueurs malchanceux n’ont pas le choix de quitter la table.
À force de piloter par décret, les autorités oublient qu’une réforme aussi invasive doit être votée, ou à minima discutée. Le Parlement se contente de séances de questions où le ministre égrène des mantras technos : « rareté », « sécurité », « neutralité carbone ». On croyait la Ve République championne du verbe ; elle excelle surtout dans l’ellipse. Quant au Conseil d’État, il avalise au nom de l’urgence climatique, sans remarquer qu’un chauffage coupé pour cause d’impayé a un bilan carbone parfaitement neutre.
L’heure du disjoncteur
On peut discuter des mix, estimer la part optimale du solaire, ou rêver d’hydrogène à volonté. Mais lorsqu’un programme censé protéger l’environnement se traduit par un appauvrissement net des ménages, il s’éloigne de l’écologie et flirte avec la spoliation et mène à la déchéance. La nation a le droit — et le devoir — de refuser de financer son propre décrochage industriel. En clair, il est temps d’actionner le disjoncteur politique.
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