
L’élection de Donald Trump suscite un regain d’intérêt pour la politique économique américaine et selon une analyse sous un angle historique ce retour pourrait permettre au pays de renouer avec une prospérité comparable à celle de la fin du XIXᵉ siècle. Entre volonté de supprimer l’impôt sur le revenu pour les Américains gagnant moins de 150 000 dollars annuels et rétablissement de tarifs douaniers, le président mise sur un renouveau du modèle national. Son argument principal repose sur la période 1870-1913, durant laquelle les États-Unis n’avaient pas d’impôt fédéral sur le revenu et s’appuyaient sur les droits de douane pour financer le budget. D’après lui, ce dispositif avait alors positionné son pays comme l’un des plus riches de l’Histoire.
Rétablir un modèle du XIXᵉ siècle ?
Selon Donald Trump, les États-Unis d’aujourd’hui doivent s’inspirer de la période allant de 1870 à 1913. À l’époque, l’État fédéral ne prélevait pas d’impôt sur le revenu et se finançait en grande partie grâce aux tarifs douaniers, tout en affichant une richesse considérable. Pour l’actuel président, la fiscalité contemporaine nuit à la consommation et freine les entreprises, d’où l’idée d’abolir la taxation des foyers ayant des salaires modestes ou moyens.
Trump déclare vouloir alléger la pression fiscale afin de libérer le pouvoir d’achat et encourager les investissements sur le sol américain. Les familles disposeraient alors de plus de ressources pour soutenir la demande intérieure. En outre, le président et son administration estiment que le gouvernement fédéral doit réduire drastiquement ses dépenses, plutôt que d’augmenter sans cesse les prélèvements. C’est dans cet esprit qu’il a déjà annoncé la suppression de postes au sein de plusieurs agences fédérales, quitte à donner l’image d’une politique musclée et peu conventionnelle.
Le rôle des droits de douane et la stratégie d’endettement
Outre l’allègement massif de l’impôt sur le revenu, Donald Trump souhaite réactiver les droits de douane, autrement dit, taxer davantage les produits importés. Selon ses dires, ce mécanisme protégerait l’industrie nationale et limiterait la concurrence étrangère jugée abusive. Les entreprises locales bénéficieraient ainsi d’un marché intérieur moins inondé par des marchandises à bas coût venues d’Asie ou d’autres régions du globe.
Les motivations de cette politique se lient aussi à la situation de la dette américaine, estimée à plus de 34 000 milliards de dollars. Trump, qui a personnellement connu la faillite avant de se relever, applique la même méthode à l’échelle nationale : négocier avec les créanciers, prolonger les échéances et réorganiser en profondeur les dépenses publiques. Il cherche de nouveaux accords financiers, parfois au forceps, avec les banquiers centraux du monde occidental. Son credo est de faire comprendre que si les États-Unis tombent, l’ensemble de l’Occident basculerait. Les discussions portent par exemple sur la conversion de certains bons du Trésor en produits à long terme (100 ans), avec un intérêt nul, ce qui revient à demander à ses alliés et partenaires de financer l’État américain presque à perte.
Le pari est risqué car aucun État ne peut supporter éternellement un tel fardeau s’il ne maintient pas une forte crédibilité internationale. Le dollar, monnaie de référence dans la quasi-totalité des échanges mondiaux, reste encore un pilier. Cependant, chaque restriction imposée à des pays comme la Russie ou la Chine, que l’on empêche d’accéder pleinement au dollar, érode peu à peu l’hégémonie financière américaine. Trump tente donc de préserver cet ordre monétaire tout en réduisant les dépenses, notamment celles liées aux interventions militaires (Ukraine, Iran, OTAN), afin de stopper l’hémorragie budgétaire.
Un parallèle avec l’Europe et la France
Simultanément, la situation en Europe, et plus particulièrement en France, prend une orientation inverse.
Les gouvernements successifs ont souvent opté pour une hausse des prélèvements, que ce soit à travers les cotisations sociales ou les impôts directs. La France se distingue par un niveau de taxation très élevé, frôlant parfois 50% de la richesse nationale. Les contribuables y voient une entrave à leur pouvoir d’achat, tandis que l’État invoque la nécessité de financer un large spectre de dépenses publiques (santé, retraite, éducation, aides à l’étranger…). Rappelons que depuis plus de 12 ans maintenant, la France conserve un niveau de dépenses publiques hallucinant avoisinant 60% du PIB, un chiffre qui se rapproche des 63 % atteints par l’URSS au moment de son effondrement.
Dans un contexte international où les États-Unis, l’Argentine et d’autres nations tentent d’alléger la pression fiscale, le contraste avec l’Union européenne se fait de plus en plus visible. De nombreux Français déplorent que des milliards d’euros soient envoyés à l’étranger (par exemple en Ukraine ou Syrie) alors que le pays fait face à des difficultés de financement internes dans presque tous les domaines. Les comparaisons renforcent le sentiment qu’il existe deux voies distinctes : celle, plus libérale, des pays qui réduisent la fiscalité pour soutenir la croissance, et celle d’une Europe perçue par certains comme “rouge”, qualifiée de plus en plus souvent d’EURSS par ses détracteurs, à cause d’un interventionnisme jugé excessif.
Une révolution en marche dans le monde occidental ?
Derrière ces choix économiques, c’est un nouveau cycle qui s’amorce pour une partie du monde occidental. D’un côté, on assiste à une série de mesures visant à affaiblir la mainmise de l’État fédéral sur la vie économique américaine. Trump entend rendre leurs marges de manœuvre aux entreprises en combinant réduction d’impôts et protectionnisme ciblé. Il s’agit, selon lui, de redéployer l’argent public en priorité vers les infrastructures intérieures, la sécurité nationale et la modernisation de l’industrie, plutôt que de maintenir une présence militaire ou des dépenses considérées comme démesurées à l’étranger.
De l’autre côté, l’Europe reste contrainte par ses propres traités et dépend d’une gouvernance complexe, orchestrée depuis une poignée de technocrates à Bruxelles. Les politiques industrielles ou fiscales y sont plus lentes à se mettre en place, et chaque pays doit composer avec les règles de l’Union. Des critiques récurrentes évoquent la difficulté de construire un véritable projet européen sans aligner les intérêts divergents de chaque État membre, conduisant parfois à des compromis où personne n’est pleinement satisfait.
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait donner un coup de fouet aux débats sur la fiscalité, la dette souveraine et l’équilibre des puissances mondiales. Si les États-Unis parviennent à diminuer sensiblement l’impôt sur le revenu pour la majorité de la population, tout en trouvant des sources de financement viables grâce aux douanes ou à la rationalisation des dépenses, le fossé avec l’Europe ne fera que s’accentuer. Dans ce grand chamboulement, beaucoup considèrent que l’Union européenne s’enferme dans un modèle de taxation étouffante. Cette dernière, déjà fragilisée par une inflation persistante et l’obligation de couvrir des dépenses multiples, verra son attractivité économique se comparer défavorablement à celle d’une Amérique de plus en plus attractive.
Connexe : Economie de guerre : faut-il redouter la mainmise de l’état sur votre porte-monnaie ?