L’assurance-vie suscite un fort intérêt auprès des épargnants français en raison de ses nombreux avantages, dont une fiscalité généralement attractive et la possibilité de transmettre son capital dans de bonnes conditions. Cependant, il peut s’avérer difficile de s’y retrouver lorsqu’il s’agit de retirer des fonds. Voici un tour d’horizon des règles en vigueur afin de mieux comprendre comment retirer de l’argent de son assurance-vie sans supporter d’imposition.
Les bases de la fiscalité : intérêts imposables, capital exonéré
Lorsque vous effectuez un rachat – c’est-à-dire un retrait – sur votre assurance-vie, la somme que vous percevez est composée de deux parties :
- Le capital, qui correspond à une partie de vos versements d’origine.
- Les intérêts, issus des gains générés par vos placements (fonds en euros, unités de compte, etc.).
Le capital n’est jamais taxé lors du retrait, tandis que les intérêts peuvent être soumis à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux. À titre d’illustration, si vous avez versé 50 000 euros et que vous avez gagné 1 000 euros d’intérêts, seule cette part de 1 000 euros sera susceptible d’être imposée.
Pourquoi l’assurance-vie reste disponible à tout moment
Contrairement à une idée répandue, les sommes présentes sur une assurance-vie ne sont pas bloquées, en effet un retrait peut être demandé à tout moment. Toutefois, pour profiter pleinement de l’avantage fiscal, il est souvent recommandé d’attendre l’expiration d’un délai de huit ans. Durant cette période, vos gains issus d’un rachat sont imposés selon le barème prévu pour les contrats de moins de huit ans (avec possibilité d’opter pour le prélèvement forfaitaire unique ou l’intégration dans le barème progressif de l’impôt sur le revenu, selon la date des versements).
Les seuils d’exonération après huit ans
Au-delà de huit ans, l’assurance-vie bénéficie d’un abattement annuel, qui s’applique sur la part d’intérêts retirés :
- 4 600 euros pour une personne seule,
- 9 200 euros pour un couple marié ou pacsé.
Autrement dit, si vos retraits annuels génèrent moins d’intérêts que ces montants, vous ne paierez pas d’impôt sur le revenu. Cela signifie qu’il peut être particulièrement judicieux de choisir la date et le montant de vos retraits pour rester en dessous de ces seuils chaque année.
Exemple : vous êtes mariés ou pacsé et vous envisagez un rachat qui génère 9 000 euros d’intérêts. Grâce à l’abattement de 9 200 euros, vous n’aurez pas d’impôt sur le revenu à payer sur cette somme, même si les prélèvements sociaux resteront dus sur les intérêts.
Les exceptions en cas de difficultés
La loi prévoit des aménagements pour les personnes qui se trouvent dans une situation difficile. Les rachats effectués avant huit ans peuvent être exonérés d’impôt sur le revenu si l’adhérent (ou son conjoint) a été licencié, mis à la retraite d’office ou a dû stopper son activité à la suite d’une liquidation judiciaire. En outre, un rachat motivé par l’invalidité de l’adhérent ou de son conjoint est totalement exonéré. Dans tous les cas, les prélèvements sociaux restent applicables.
Stratégies pour optimiser ses retraits
- Fractionner ses rachats :
Plutôt que de retirer une somme importante en une seule fois, il peut être plus judicieux d’effectuer plusieurs rachats partiels répartis sur plusieurs années. Ainsi, chaque retrait profite au mieux de l’abattement annuel et réduit la base imposable.
Détenir plusieurs contrats permet parfois de mieux piloter ses retraits en choisissant le contrat le plus ancien ou celui qui a généré le plus de gains. Il est néanmoins conseillé de comparer les frais de gestion et le rendement avant toute décision.
- Privilégier une ouverture de contrat tôt :
Plus le contrat est ancien, plus vous profitez des avantages fiscaux. Certains épargnants n’hésitent pas à ouvrir un contrat dès qu’ils le peuvent, même avec une somme modeste, afin de faire “tourner le compteur” des huit ans.
La transmission de patrimoine : un atout souvent sous-estimé
Outre son potentiel de croissance, l’assurance-vie occupe une place essentielle dans la préparation de la succession. Le capital transmis aux bénéficiaires ne fait pas partie de la masse successorale au sens strict et bénéficie d’abattements spécifiques très avantageux (notamment pour les sommes versées avant 70 ans). Ainsi, l’assurance-vie devient un levier pour faire circuler son patrimoine dans les meilleures conditions, tout en réduisant la pression fiscale sur les héritiers.
Quelques conseils supplémentaires
- Anticiper les dates de versement :
Les règles fiscales peuvent différer pour les primes versées avant ou après certaines dates (par exemple, 27 septembre 2017). Renseignez-vous sur les taux applicables pour optimiser vos retraits.
- Vérifier régulièrement la clause bénéficiaire :
Prenez le temps de mettre à jour les noms des personnes que vous souhaitez favoriser. Les conséquences sont parfois importantes si la clause bénéficiaire est mal rédigée ou obsolète.
- Comparer les options de gestion :
Les fonds en euros assurent un rendement modéré mais stable, tandis que les unités de compte offrent un potentiel de gains plus élevé, avec un risque de perte de capital. Bien comprendre la composition de son contrat permet de mieux anticiper la performance et les éventuels retraits.
En résumé
Retirer de l’argent de son assurance-vie sans payer d’impôt demande principalement de la patience, car il est généralement préférable d’attendre huit ans pour bénéficier de l’abattement sur les gains. Cette enveloppe reste un placement flexible, même s’il est conseillé de l’envisager sur le long terme, vous conservez la liberté de retirer vos fonds à tout moment, et la fiscalité demeure allégée si vous agissez avec méthode. Enfin, en plus de constituer une épargne rémunératrice, l’assurance-vie facilite la transmission de votre patrimoine aux bénéficiaires désignés.
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