Contrôle fiscal : l’annuler faute d’irrégularité est possible !

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En matière fiscale, se faire contrôler par l’Urssaf n’est jamais une partie de plaisir, suscitant chez les entreprises une certaine appréhension. Cependant, la récente décision de la Cour de cassation, en date du 28 septembre 2023, éclaire d’un jour nouveau la nature de ces inspections en soulignant l’importance cruciale du respect des procédures. Une affaire révélatrice, survenue à la suite de la décision de la Cour d’appel de Pau en juin 2021, a captivé l’attention juridique en invalidant un redressement fiscal de l’Urssaf. Cette décision remarquable vient rappeler que même dans le monde complexe des procédures fiscales, les règles doivent être strictement suivies.

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Le redressement annulé : une irrégularité qui coûte cher à l’Urssaf

Recevoir la visite de l’Urssaf peut sembler anxiogène, mais cette démarche est encadrée par des règles strictes.

Avant tout contrôle, ce collectif doit notifier à l’entreprise la date, le lieu, le motif, ainsi que les informations et documents nécessaires, comme les contrats de travail, les fiches de paie, et les déclarations sociales. Une étape cruciale pour garantir la légalité et la transparence de l’inspection. Ces documents sont demandés directement à la personne contrôlée, évitant toute médiation par un tiers. À la fin du contrôle, une lettre d’observations, incluant la liste des documents consultés, est obligatoirement envoyée au cotisant.

La Cour d’appel de Pau, dans une décision du 24 juin 2021, et la Cour de cassation, dans un arrêt du 28 septembre 2023, ont invalidé un redressement portant sur la réduction générale des cotisations sociales patronales. La raison est, bien entendu, une série d’irrégularités lors des opérations de contrôle.

Le Conseil d’État tranche en faveur des contribuables

Dans cette affaire, certains documents utilisés pour justifier le redressement n’étaient pas inclus dans la liste fournie dans la lettre d’observations. De plus, l’Urssaf avait obtenu des informations auprès d’un salarié, sans l’autorisation de son responsable, ce qui constituait une double violation des règles établies. Ces manquements procéduraux ont eu des conséquences significatives, conduisant à l’annulation du redressement fiscal par la Cour de cassation.

Par ailleurs, la Cour a souligné la nécessité d’une stricte conformité aux procédures lors des contrôles de l’Urssaf. En particulier, le non-respect de la liste fournie dans la lettre d’observations, document clé détaillant les informations et les documents requis pendant le contrôle, a été catégorisé comme une irrégularité substantielle. De plus, le recueil d’informations directement auprès d’un salarié sans l’autorisation hiérarchique a été considéré comme une intrusion injustifiée et a renforcé l’injustice procédurale.

Cette décision de la Cour de cassation revêt une importance cruciale pour les contribuables, car elle étend le principe du débat oral et contradictoire, habituellement associé à la vérification de comptabilité, à l’ensemble du processus fiscal. Cette avancée jurisprudentielle offre aux contribuables une protection accrue, même dans des procédures moins intrusives telles que le contrôle sur pièces.

Quelles implications pour les contribuables ?

Cette affaire souligne l’importance pour l’Urssaf de respecter rigoureusement les procédures établies. Bien que l’organisme soit investi du devoir d’examiner tous les documents liés à la gestion des salariés et des cotisations sociales, il doit le faire tout en respectant les droits des cotisants. Les contribuables peuvent ainsi se prévaloir de cette jurisprudence pour contester des redressements fiscaux basés sur des procédures jugées irrégulières. Une nouvelle qui pourrait inciter les entreprises à être plus vigilantes quant à la conformité des opérations de l’Urssaf.

En outre, cette situation pourrait avoir des répercussions sur la manière dont l’Urssaf mène ses contrôles à l’avenir. Ces différentes anomalies ont amené les autorités à revoir et renforcer les protocoles de contrôle pour éviter toute irrégularité procédurale. L’optique est toujours de garantir une application équitable de la législation de la Sécurité sociale.

Toutefois, les contribuables sont toujours encouragés à rester vigilants et à connaître leurs droits pour faire valoir leurs arguments en cas de procédure jugée irrégulière. Une nouvelle jurisprudence qui pourrait bien influencer les futures pratiques de l’Urssaf et redéfinir la manière dont les entreprises abordent ces inévitables contrôles fiscaux.

Par Lucie

Lucie est rédactrice sur ComparateurBanque.com depuis le début. Elle aime tester les offres et partager son expérience. Elle a aussi d'autres casquettes dans l'équipe.

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