52,5 millions de clients dans le monde. 1,4 milliard de dollars de bénéfices. Une croissance de +72% de son chiffre d’affaires. Revolut n’a pas simplement publié son rapport annuel 2024, elle l’a dégainé comme une arme de domination massive. La licorne britannique clame haut et fort sa rentabilité et sa conquête des marchés. Mais derrière les chiffres spectaculaires, que peut-on réellement en conclure ? Et surtout : va-t-elle tenir ses promesses d’expansion ?
Des résultats financiers qui battent des records
| Indicateurs financiers clés | 2023 | 2024 | Évolution |
| Chiffre d’affaires | 2,1 Mds € | 3,7 Mds € | +72% |
| Bénéfice net | 395 M€ | 934 M€ | +137% |
| Bénéfice avant impôt | 521 M€ | 1,23 Md € | +149% |
| Marge nette | 19% | 26% | +7 pts |
Jamais Revolut n’avait atteint un tel niveau de profitabilité, avec une rentabilité nette de 26% et une quatrième année consécutive dans le vert. Selon Nik Storonsky, PDG de l’entreprise, cette performance s’explique par « l’adoption plus large de ses services par les utilisateurs », et une « stratégie technologique à fort effet de levier ».
La France, deuxième marché mondial
Plus d’un million de nouveaux clients en 2024. 5 millions d’utilisateurs français au total. Revolut n’est plus une simple actrice de la néobanque en France : elle devient centrale dans les usages bancaires, notamment auprès des jeunes et des indépendants.
Quelques chiffres marquants pour l’Hexagone :
- Dépôts clients : +103% pour atteindre 3,2 milliards €.
- Épargne : +276%, avec un encours de 868 millions €.
- Revolut <18 : +121% de croissance sur l’offre pour mineurs.
- Plans payants : +94% de clients premium en un an.
- Trading : 479 000 clients actifs (+147%).
En comparaison, Hello bank!, malgré une présence plus ancienne et le soutien de BNP Paribas, revendiquait environ 700 000 clients actifs en 2023 en France. Revolut fait donc jeu égal avec certaines banques traditionnelles, et dépasse la majorité des néobanques concurrentes (Nickel, N26, bunq…).
Des produits en expansion constante
Revolut n’est plus seulement une app pour les paiements ou le change. En 2024, l’offre s’est étoffée de manière impressionnante :
| Secteur | Revenus générés | Évolution annuelle |
| Paiements par carte | 820 M€ | +43% |
| Abonnements payants | 500 M€ | +74% |
| Trading & Wealth (Patrimoine) | 598 M€ | +298% |
| FX (change) | 499 M€ | +58% |
| Revenus d’intérêts | 934 M€ | +58% |
La fintech britannique a aussi lancé :
- Revolut X, pour trader des cryptos avec des frais réduits.
- Comptes Flexibles rémunérés.
- Obligations, fonds monétaires, plans d’investissement européens.
- eSIMs et services lifestyle.
On est désormais très loin de la carte gratuite du début.
Revolut Business, l’autre moteur de croissance
Avec 547 M€ de chiffre d’affaires B2B, Revolut Business représente 15% de l’activité totale. En France, ce segment croît de +61%, porté par :
- La refonte complète de l’interface (RB5),
- Le développement de solutions de paiement pour les pros (BillPay, Fonds monétaires flexibles),
- Une triplication des volumes de paiement côté commerçants.
En comparaison, Hello bank! Pro a été lancé en 2020, mais reste encore limité en fonctionnalités, avec peu de solutions de gestion comptable ou de facturation automatisée. Sur ce terrain, Revolut a un net avantage technologique.
Une ambition mondiale assumée
Revolut ne s’en cache pas : 100 millions d’utilisateurs actifs dans 100 pays est son cap. En 2024 :
- L’app est n°1 Finance dans 19 pays, top 3 dans 26.
- Le volume total de transactions atteint 1 200 milliards €, en hausse de 52%.
- 65% des nouveaux clients sont venus via bouche-à-oreille, signe d’un produit viral.
Les projets 2025 visent :
- Le lancement de la banque au Royaume-Uni et au Mexique,
- L’expansion en Inde, Brésil, Asie et Amérique du Nord,
- Le déploiement du crédit immobilier (déjà en test),
- Le renforcement de la sécurité (750 M€ de fraudes évitées en 2024).
Des limites malgré tout ?
Même si les chiffres sont excellents, plusieurs points de vigilance demeurent :
- Aucune licence bancaire complète en France, contrairement à Hello bank.
- Support client encore critiqué, bien que les délais de résolution aient baissé de 80%.
- Forte dépendance aux marchés financiers pour ses revenus Wealth.
- Absence de prêt immobilier ou à la consommation à grande échelle (en cours de test).
Enfin, les ambitions mondiales pourraient être freinées par des régulations locales, comme ce fut le cas aux États-Unis, où Revolut a dû revoir sa stratégie.
En conclusion : un géant en marche, mais encore perfectible
Revolut a clairement changé d’échelle. En 2024, elle a montré qu’elle pouvait être rentable, innovante et offensive. Sa capacité à s’imposer en France, pays bancaire très réglementé, est un signe fort. Son positionnement hybride entre néobanque, fintech d’investissement et solution lifestyle est unique en Europe.
Mais son avenir dépendra de sa capacité à :
- Obtenir des licences bancaires nationales,
- Maintenir une qualité de service élevée malgré l’expansion,
- Ne pas diluer son ADN tech dans la lourdeur des process bancaires.
Revolut n’est plus une startup. C’est un mastodonte financier. Et ses ambitions, à défaut d’être modestes, sont clairement assumées.
