
Depuis plusieurs mois, la plateforme X, anciennement connue sous le nom de Twitter, s’agite autour du projet X Money. Sous l’impulsion d’Elon Musk, l’entreprise cherche à se transformer en application multifonction, couvrant un vaste éventail de services allant des réseaux sociaux aux paiements en ligne, un WeChat international en quelques sortes.
Un dernier élément en date dans cette stratégie vient d’être dévoilé, un partenariat avec Visa pour lancer le compte X Money, un service qui permettra aux utilisateurs de réaliser des transactions financières directement via l’application sur le model des néo banques. Cette annonce, associée à l’obtention de licences de « money transmitter » dans un grand nombre d’États américains, peut s’envisager comme l’une des étapes les plus importantes de la feuille de route établie par la direction de X.
X signe un partenariat stratégique avec Visa
La signature de l’accord entre X et Visa permettra donc de proposer à aux abonnés du réseau social une fonctionnalité de portefeuille virtuel ou e-wallet.
Baptisée « X Money », cette solution devrait intégrer plusieurs possibilités : chargement d’argent en temps réel grâce à Visa Direct, connexion à une carte de débit pour des paiements entre particuliers, et transfert instantané vers un compte bancaire. Selon les informations communiquées par X, il s’agit de permettre aux utilisateurs d’effectuer en quelques secondes des transactions de personne à personne, tout en leur donnant la possibilité de gérer plus largement leurs fonds au sein d’une seule et même interface.
Pour Visa, cette collaboration est l’occasion de renforcer ses positions dans le domaine des paiements numériques afin de contrer la concurrence d’autres acteurs technologiques, comme PayPal, Block (via Cash App), Apple Pay ou encore Google Pay. L’intégration de Visa Direct dans l’environnement X Money ouvre une nouvelle porte vers des millions de comptes potentiels. Par ce biais, Visa espère toucher un public habitué à la rapidité et à la simplicité, deux critères devenus essentiels à l’ère du commerce en ligne et des applications mobiles.
Le paysage concurrentiel des paiements numériques
Aux États-Unis, le secteur des paiements digitaux connaît une forte expansion depuis 2020. La gestion de la crise COVID a, en effet, accéléré la transition vers les achats en ligne, tout en mettant la pression sur la nécessité de solutions sécurisées et efficaces pour envoyer ou recevoir de l’argent. Ce phénomène a attiré de nouveaux entrants, principalement des géants technologiques déjà bien implantés sur d’autres segments. PayPal, Apple Pay et Google Pay figurent parmi les plateformes les plus utilisées, tandis que des services tels que Block (ex-Square) rencontrent aussi un succès grandissant.
Mais la démarche de X et Visa ne se limite pas à simplifier les transactions. Elle reflète également une volonté de séduire un public qui n’était pas forcément habitué à gérer son argent à travers un réseau social. Les grands noms du paiement misent sur le fait que les utilisateurs d’applications de messagerie ou de microblogging sont ouverts à l’idée de centraliser plusieurs fonctions dans un même espace numérique. Cela inclut la communication, le divertissement et, désormais, la gestion de fonds.
Des ambitions inspirées du modèle asiatique
Elon Musk n’a jamais caché son souhait de faire de X une plate-forme intégrant de multiples services, parfois comparée à l’application chinoise WeChat ou à l’application indonésienne GoJek.
Dans de nombreux pays d’Asie, les « super apps » sont déjà largement adoptées. Ces applications tout-en-un autorisent, entre autres, la commande de repas, le paiement de factures, la réservation de taxis ou encore le transfert d’argent, le tout sans avoir besoin de multiplier les comptes et les identifiants.
Le concept fait rêver bien au-delà de la Chine, diverses entreprises internationales ont tenté, avec plus ou moins de succès, de bâtir des écosystèmes similaires. De son côté, Musk a régulièrement déclaré vouloir inscrire X dans cette tendance.
L’accord avec Visa va dans ce sens : faire converger réseau social et services financiers. Depuis le rachat de Twitter en 2022 pour 44 milliards de dollars, la société a mené plusieurs transformations importantes, dont la reconfiguration de la marque en X, dans le but de marquer une transition vers une nouvelle identité.
Les licences de transmetteur de fonds
Pour rendre ce projet possible, X s’est attaché à obtenir de nombreuses licences de « money transmitter » sur le territoire américain. À en croire la base de données fédérale, la société en posséderait 49 à l’heure actuelle, couvrant la quasi-totalité du pays. Sans elles, X ne pourrait légalement proposer ses services de porte-monnaie électronique et de transfert d’argent, ni travailler en partenariat avec de grands réseaux de cartes comme Visa.
L’obtention de ces agréments facilite grandement le déploiement de X Money. Elle offre à la plateforme un cadre légal lui permettant de traiter en toute conformité les flux financiers de ses utilisateurs. Par ailleurs, disposer de tels permis dans un maximum d’États ouvre la voie à une expansion rapide, sans avoir à négocier séparément avec chaque juridiction. Ce socle réglementaire apparaît essentiel pour X afin de favoriser la confiance, tant du côté des utilisateurs que des investisseurs potentiels.
Quand le réseau social élargit ses horizons
Du côté des créateurs de contenu sur X, la possibilité de recevoir des paiements directement au sein de la plateforme pourrait les encourager à proposer directement leurs créations sur le réseau. Musk avait déjà laissé entendre que la monétisation des publications faisait partie de ses projets, avec, notamment, la perspective de pourboires (« tips ») ou d’accès payants à certains contenus exclusifs. En intégrant un système de paiement interne, X rendrait ces transactions plus fluides et éliminerait le recours à des tiers. Cela pourrait inciter davantage de créateurs à développer leur communauté sur l’application, tout en renforçant la dépendance des utilisateurs à l’écosystème de X.
Les observateurs s’accordent donc à dire que la démarche initiée par X est un pas supplémentaire vers un modèle centralisant divers services, de la messagerie aux paiements. Si les premiers retours d’expérience sont positifs, la plateforme pourrait décider d’étendre l’offre X Money à l’international, ou encore d’ajouter des options comme le commerce en ligne intégré. La mise en place d’une marketplace, par exemple, offrirait la possibilité d’acheter et de vendre des produits directement via l’application, sans quitter l’interface principale. Le trading et la conservation de crypto-monnaies sont également très attendus et pourraient bien faire leur apparition dans la continuité de l’évolution de X Money.
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