
Depuis le début de 2025, l’enseigne Cash Services se déploie à grande vitesse dans le paysage bancaire français, près de 7 000 sites sont annoncés d’ici fin 2026, après une montée en cadence de plusieurs centaines de migrations par mois en 2025. On entend ici que le projet change d’échelle cette année-là, au lieu de quelques pilotes ou de petites séries, ce sont désormais des centaines d’automates ou d’agences qui passent, chaque mois, de l’enseigne d’origine (BNP Paribas, SG, Crédit Mutuel/CIC…) à la marque commune Cash Services.
Cash Services, de quoi parle-t-on
Cash Services est une société commune créée par plusieurs groupes bancaires pour mutualiser les automates bancaires. Elle regroupe aujourd’hui quatre réseaux partenaires, BNP Paribas, Crédit Mutuel, CIC et SG. Les clients de ces banques (et de leurs filiales comme Hello bank!, Monabanq, Beobank, Targobank…) peuvent utiliser gratuitement les automates estampillés Cash Services.
Lancé fin 2023, rodé en 2024 et qui accélère en 2025
Le projet a été annoncé fin 2023, avec un remplacement progressif des automates existants. Les premières installations et tests se sont déroulés en 2024, avant un passage à l’échelle cette année.
Depuis janvier 2025, Cash Services « accélère », la marque s’installe rapidement dans les agences des partenaires et hors agences, avec un objectif de près de 7 000 sites fin 2026. Plusieurs centaines de points sont convertis chaque mois et environ 3 000 sites doivent porter le logo Cash Services d’ici fin 2025.
Pourquoi mutualiser les automates
Entre la baisse continue du nombre de DAB (-3,5% en 2024) et la nécessité de maintenir un accès simple aux espèces (plus de 98% à 99% des Français sont à moins de 15 minutes d’un point d’accès), les banques cherchent à réduire leurs coûts d’exploitation tout en conservant une couverture dense. Mutualiser les infrastructures permet de partager maintenance, logistique de transport de fonds, supervision et investissements technologiques (sécurité, recyclage des billets, dépôts intelligents).
Impact pour les clients : retraits, dépôts et chèques
Côté utilisateur, les opérations essentielles restent possibles : retraits, dépôts d’espèces et dépôts de chèques selon les fonctionnalités de l’automate visité. Certaines agences SG, par exemple, n’ont plus d’automate en propre ; les clients sont redirigés vers un automate Cash Services à proximité. Les retraits restent gratuits pour les clients des banques partenaires.
La communication change
Les communications officielles parlent désormais « d’automates Cash Services » plutôt que d’automates BNP Paribas ou SG. BNP Paribas l’écrit dans ses communiqués et documents investisseurs ; SG relaie la même information sur son site et par courriel à ses clients. Cette bascule sémantique installe la marque Cash Services comme point de repère unique pour les opérations de base.
Le cash recule, mais reste indispensable
Même si la part des paiements en espèces diminue, l’accessibilité reste élevée : 42 578 DAB fin 2024 (contre 44 123 un an plus tôt) et 28 479 « points privatifs » (cashback chez les commerçants, par exemple). La Banque de France insiste : chacun doit pouvoir choisir son moyen de paiement. Cash Services s’inscrit dans cette logique d’accès, tout en adaptant le réseau à la baisse des volumes.
Cependant, l’argent liquide reste un pilier de la vie économique… et démocratique. Il garantit une liberté financière concrète, payer sans laisser de trace, épargner sans intermédiaire, aider un proche sans dossier à remplir. Cette autonomie va de pair avec les droits individuels. Or, cette liberté est fragilisée par l’arrivée annoncée de l’euro numérique (e‑euro) : un instrument digital très encadré, traçable par conception, qui sera présenté comme une alternative commode aux espèces alors qu’il n’en possède ni l’anonymat ni l’indépendance. Dans ce contexte, maintenir un accès simple et proche au cash via des automates mutualisés comme Cash Services n’est pas seulement une question de logistique bancaire ; c’est aussi la garantie qu’un moyen de paiement libre, universel et non conditionnel reste disponible pour tous.
Gouvernance et propriété : qui pilote Cash Services
La structure est détenue par les groupes bancaires partenaires. Ce montage évite de recourir à un opérateur externe et garde le contrôle des flux et de la sécurité. Les banques parlent d’un « modèle de partenariat industriel », mentionné dans les présentations financières de BNP Paribas.
Quels effets pour les territoires
Le maillage pourrait évoluer : fermeture d’automates redondants dans les grandes villes, maintien ou installation dans les zones rurales où un seul point mutualisé suffit. Les études de la Banque de France montrent que le nombre de communes équipées d’un DAB reste autour de 6 500 et progresse même légèrement. La mutualisation peut donc limiter la « désertification bancaire » tout en rationalisant l’offre.
Tarification et avenir des services
Pour l’instant, les retraits sont gratuits pour les clients des banques partenaires. La question des dépôts d’espèces, plus coûteux à gérer, pourrait évoluer selon les politiques tarifaires futures. Les banques pourraient aussi enrichir les automates (changement de code PIN, impression d’IBAN, services pour professionnels) ou, à l’inverse, concentrer l’offre sur l’essentiel.
Ce qu’il faut surveiller en 2025-2026
- Le rythme réel des conversions d’agences et d’automates (objectif 3 000 sites fin 2025, 7 000 en 2026).
- L’évolution des fonctionnalités offertes (dépôt de chèques et d’espèces, services entreprises).
- L’accessibilité dans les zones moins denses, au regard des données Banque de France/CNMP.
- La communication tarifaire : gratuité maintenue ou apparition de frais spécifiques ?
- L’impact sur le nombre d’agences bancaires : cela va t-il entraîner une baisse des agences avec des conseillers ouvertes au public ?
Références : comparateurbanque.com, cash-services.fr, group.bnpparibas, ledauphine.com, dna.fr, sg.fr, banque-france.fr, fbf.fr, bfmtv.com, tf1info.fr, journaldeleconomie.fr