Virage électrique et ZFE : un appauvrissement économique programmé

Publié le - Auteur Par Tony L. -
Virage électrique et ZFE : un appauvrissement économique programmé

Le gouvernement français, avec le zèle appuyé de l’Union européenne, semble avoir trouvé la recette miracle pour affaiblir délibérément l’économie nationale. Cette recette tient en trois sigles : ZFE, VE et UE. En imposant des Zones à Faibles Émissions (ZFE) drastiques dans nos villes et un virage forcé vers le véhicule électrique (VE), nos dirigeants orchestrent une saignée industrielle et financière d’une ampleur remarquable. Sous couvert de “transition écologique”, ils appauvrissent la France en transférant richesse et emplois vers l’étranger – le tout avec la bénédiction de Bruxelles. Un exemple de stratégie suicidaire qui ferait presque sourire si les conséquences n’étaient pas aussi tragiquement réelles.

Au cours des deux prochaines années, des millions de Français propriétaires de véhicules jugés “polluants” devront changer de voiture s’ils veulent encore entrer en ville. En soi, réduire la pollution urbaine est louable. Mais la manière brutale dont ces ZFE sont déployées – 43 agglomérations concernées d’ici 2025, interdisant successivement les vignettes Crit’Air 5, 4 puis 3 représentant 38% du parc automobile – force à la casse un capital automobile gigantesque. Les ménages modestes doivent se saigner pour acheter des véhicules récents ou électriques hors de prix (le prix moyen d’une voiture neuve atteint 32 600€). Cette politique, censée être sociale et verte, se traduit surtout par un transfert massif de valeur vers les constructeurs et fournisseurs étrangers, laissant l’économie française exsangue.

Automobile : Valeur ajoutée locale en chute libre

Jusqu’ici, fabriquer une voiture en France faisait vivre tout un tissu industriel : environ 80% de la valeur ajoutée restait dans le pays, entre usines d’assemblage, motoristes, équipementiers et sous-traitants locaux. Or, avec la voiture électrique, ce chiffre s’effondre aux alentours de 40% seulement. La raison principale ? La batterie, le cœur du véhicule électrique, qui représente à elle seule environ 40% du coût total d’un VE. Et devinez quoi : la France ne fabrique quasiment pas ces batteries. Certes, on assemble des packs dans quelques usines hexagonales, mais les cellules lithium-ion qui les composent sont quasiment toutes importées d’Asie. En clair, près de la moitié de la valeur d’une voiture électrique française file directement à l’étranger, notamment vers la Chine.

Les chiffres confirment cette débâcle de la chaîne de valeur locale. Depuis 2016, les importations de batteries en France ont été multipliées par 7, atteignant 2,8 milliards d’euros en 2023. La Chine est le premier fournisseur (40% des importations), suivie par la Pologne (30%) et le Japon (8%). Autrement dit, nos politiques offrent sur un plateau la manne de la transition électrique à des producteurs étrangers, pendant que les usines françaises de moteurs et boîtes de vitesses tournent au ralenti ou ferment. Le résultat ? Une chute vertigineuse de la production automobile française, passée de 3,3 millions de véhicules en l’an 2000 à seulement 1,4 million en 2022. Le solde commercial automobile, autrefois excédentaire, est maintenant déficitaire de 15 milliards d’euros. Cherchez l’erreur : en l’espace de deux décennies, et accéléré par ce virage électrique mal préparé, la France est passée du rang de puissant exportateur à celui d’importateur net de véhicules et de composants.

Batteries importées : dépendance et coût écologique

Non contente d’appauvrir l’économie, cette stratégie crée une dépendance stratégique inquiétante. En misant tout sur des batteries lithium-ion majoritairement made in Asia, la France échange sa dépendance au pétrole contre une dépendance aux métaux et technologies chinoises. On nous promet la “souveraineté technologique” avec l’électrique ; on obtient la servilité économique vis-à-vis de Pékin. D’ici 2030, l’Europe pourrait voir un quart de ses voitures électriques vendues provenir de Chiner, et même des modèles “français” comme la nouvelle Peugeot e-3008 se sont équipés de batteries chinoises BYD, faute de solution locale jusqu’à présent. Une véritable volte-face stratégique : nos élites ont banni les moteurs diesel où nous étions maîtres, pour embrasser des batteries où nous ne sommes que clients.

Le plus ironique dans cette fuite en avant, c’est le bilan écologique discutable de ces batteries importées. Fabriquer une batterie de 500 kg en Chine, avec une électricité largement charbonnée, émet une quantité colossale de CO₂ et consomme des ressources rares. Plusieurs études montrent que dans les pays très dépendants au charbon comme la Chine ou l’Inde, le véhicule électrique peut avoir un impact climatique supérieur au thermique. Autrement dit, la batterie “propre” de nos VE est produite avec de l’énergie sale, et traverse la moitié du globe en cargo polluant avant d’arriver chez nous. Sans parler des conditions d’extraction du lithium et du cobalt (enfants dans les mines du Congo, nappes phréatiques asséchées en Amérique latine) qu’on préfère ignorer pour ne pas gâcher la fête “verte”. On marche sur la tête : au nom de l’écologie, la France saborde son industrie et ferme les yeux sur la pollution délocalisée.

Constructeurs automobiles et sous-traitants français sacrifiés

Cette politique à marche forcée étrangle aussi les constructeurs automobiles français et leur myriade de sous-traitants. L’industrie auto tricolore, qui représentait encore 350 000 emplois directs il y a peu, est en train de fondre comme neige au soleil. En sept ans, 50 000 emplois ont déjà disparu, dont 37 000 rien qu’après la crise Covid. Et le pire est à venir : selon la Plateforme automobile (PFA), le passage accéléré à l’électrique pourrait encore supprimer 65 000 emplois supplémentaires dans les cinq ans à venir. Pourquoi un tel massacre ? Parce qu’une voiture électrique est bien plus simple à fabriquer : elle contient moins de pièces et nécessite environ 40 % de main-d’œuvre en moins qu’un véhicule thermique. Moins de moteurs, de boîtes, de filtres, d’injecteurs… c’est moins de travail pour nos usines et nos ouvriers. Les équipementiers spécialisés dans le diesel ou l’embrayage, jadis fleuron de notre industrie, n’ont d’autre choix que de mettre la clé sous la porte à moins de se reconvertir miraculeusement en fabricants de batteries ou de câbles.

Les constructeurs comme Stellantis ou Renault, eux, subissent une double peine. D’un côté, Bruxelles les sanctionne s’ils ne vendent pas assez de VE (fameux objectifs CO₂ impossibles à atteindre sans forcer la main du client). De l’autre, Paris les matraque de malus sur leurs voitures thermiques restantes, tout en réduisant les bonus qui inciteraient les clients à passer à l’électrique. En 2025, un véhicule thermique neuf sur deux sera frappé d’un malus écologique en France, et ce sera le cas de 80% des modèles d’ici trois ans. Le tout alors que le marché automobile est déprimé, 23% en dessous de son niveau de 2019. Comme le résume Luc Chatel, président de la PFA, “on marche sur la tête” : les pouvoirs publics demandent aux constructeurs de vendre plus de voitures électriques, tout en taxant celles qu’ils vendent encore et qui financent la transition. Résultat, nos champions nationaux voient leurs marges fondre et leur compétitivité s’éroder face à des concurrents chinois, moins chers et massivement soutenus par Pékin.

Transport : l’État et l’UE persistent dans l’absurde

Comment en est-on arrivé là ? Par une série de décisions idéologiques et précipitées de nos gouvernants, sans stratégie industrielle sérieuse en accompagnement. L’Union européenne, championne des grands discours, a décrété la fin du moteur thermique pour 2035 d’un trait de plume : en juin 2022, 339 eurodéputés (contre 249) ont voté l’interdiction de vente des voitures essence/diesel neuves à cette date. Aucune autre grande économie mondiale n’a osé une mesure aussi radicale – même la Chine s’est gardée d’annoncer une échéance aussi ferme. Qu’importe, Bruxelles fonce tête baissée, et Paris surenchérit avec ses ZFE tous azimuts et ses contraintes dès 2025. Le tout sans avoir préparé le terrain pour protéger notre tissu industriel. Pas de “vraie stratégie industrielle” pour succéder à notre excellence en diesel, comme le regrette un expert du secteur. On a mis “la charrue avant les bœufs”, abandonnant un savoir-faire où la France était souveraine avant d’avoir bâti la nouvelle filière électrique. En somme, nos dirigeants ont joué les premiers de la classe écologique, pendant que la chaîne d’approvisionnement, elle, restait aux mains d’autres pays.

Au niveau national, l’aveuglement est tout aussi prononcé. L’État français impose des normes et calendriers intenables, en misant aveuglément sur des « gigafactories » de batteries qui, pour utiles qu’elles soient, arriveront trop tard pour sauver les milliers d’emplois en péril aujourd’hui. Certes, quelques usines de batteries sont en construction dans les Hauts-de-France – on nous promet 3 ou 4 gigafactories et des milliers d’emplois à la clé. Mais en attendant 2027 ou 2030 que ces sites tournent à plein régime, nous dépendons à près de 100% de l’Asie pour équiper nos véhicules électriques. Belle anticipation stratégique ! C’est un peu comme si, au nom de la souveraineté alimentaire, on arrachait toutes nos vignes avant de replanter du blé : entre-temps, il ne reste que l’importation pour survivre.

Cynisme des élites et désastre annoncé pour notre industrie

Le plus cynique, c’est que tout cela était prévisible – et d’ailleurs prévu par beaucoup de spécialistes, d’observateurs et de lanceurs d’alertes – mais nos élites ont choisi de l’ignorer. Aveuglées par un dogmatisme vert et peut-être par un brin de cynisme, elles sacrifient des pans entiers de l’économie française tout en se targuant de “sauver la planète”. On croirait à une mauvaise farce : appauvrir la France pour le bien de la France, il fallait oser. Chaque ZFE instaurée et chaque usine de moteurs qui ferme sont célébrées comme des victoires du progrès, alors qu’elles creusent le déclin industriel. Un humour noir transparaît presque dans cette situation : on atteindra peut-être le zéro émission… en émission de valeur ajoutée sur le territoire national.

En somme, la politique actuelle des ZFE et du tout-électrique est un coup de poignard froidement assené à l’économie française, avec la complicité bruxelloise. Loin d’être un modèle de transition “juste”, elle tient de l’exemple à ne pas suivre : dépendance stratégique aggravée, absurdité économique, inégalités sociales renforcées, et bénéfices climatiques imaginaires. Il serait temps que nos dirigeants descendent de leur tour d’ivoire et rebranchent enfin le contact avec la réalité. Car à force de rouler à contresens des intérêts du pays, ils risquent de conduire la France droit dans le mur – un mur made in China, cela va de soi.

Connexe : Politique énergétique française : chronique d’un sabotage organisé

Sources : lvsl.fr, beev.co, entreprises.gouv.fr, bonpote.com, vipress.net, carbone4.com, liguedesconducteurs.org

Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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