
En France, près de 25 millions de logements disposent d’un balcon, d’une terrasse ou d’une loggia, selon les estimations de l’Insee. En 2025, une part croissante de ces aménagements va être soumise à une revalorisation de la base de calcul de la taxe foncière. Après les piscines, vérandas et abris de jardin, c’est au tour des espaces extérieurs de type terrasses non couvertes, balcons filants, ou loggias fermées d’entrer dans le champ d’attention de l’administration fiscale.
Pourquoi ce durcissement ? L’État cherche à élargir ses recettes pour financer une dette publique dépassant les 3 100 milliards d’euros (chiffres Banque de France, mars 2025). Dans ce contexte, chaque mètre carré non déclaré représente un manque à gagner que les collectivités locales veulent désormais combler.
Comment les balcons et terrasses sont-ils taxés ?
Selon la Direction générale des finances publiques (DGFiP), toute surface extérieure aménagée et directement accessible depuis une pièce de vie peut modifier la « valeur locative cadastrale » du bien, base sur laquelle est calculée la taxe foncière. La pondération appliquée varie selon la nature de l’élément :
Type d’aménagement | Pondération appliquée | Impact sur la taxe foncière |
Terrasse non couverte | 0,2 à 0,3 | Faible mais croissant |
Balcon simple | 0,2 | Modéré |
Loggia couverte ou fermée | 0,3 à 0,5 | Plus important |
« Ce sont souvent quelques dizaines d’euros en plus par an, mais multipliés par plusieurs millions de foyers, cela représente plusieurs centaines de millions d’euros pour l’État », explique un inspecteur des finances anonymement cité dans Capital.
Quand et comment déclarer ces surfaces ?
Ces surfaces doivent être déclarées dans le service en ligne « Gérer mes biens immobiliers » (GMBI) accessible sur impots.gouv.fr. Tout changement affectant la consistance du bien, y compris une rénovation d’un balcon ou l’ajout d’un dallage, doit être mis à jour dans les 90 jours suivant les travaux. L’omission ou la mauvaise déclaration peut entraîner une régularisation rétroactive avec pénalités.
Une mesure qui ne passe pas chez certains contribuables
Sur les réseaux sociaux, les réactions sont vives. « Bientôt, ils vont taxer l’air qu’on respire sur notre terrasse », ironise une utilisatrice sur X (anciennement Twitter), citant directement un ras-le-bol fiscal partagé par de nombreux propriétaires.
Ce durcissement intervient dans un contexte où la taxe foncière a déjà augmenté de 7,1% en moyenne en 2024 selon l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI). Et en 2025, la tendance se poursuit, alimentée par une révision plus fine des bases cadastrales appuyée sur l’intelligence artificielle, les images satellites et les données cadastrales croisées avec l’IA fiscale développée par la DGFiP.
Après les abris de jardin, les piscines, les vérandas, les terrasses et les balcons, l’État élargit son spectre de biens imposables. À ce rythme, on peut s’attendre à ce que bientôt, même les niches pour chiens, les cabanes dans les arbres des enfants, voire les nains de jardin soient soumis à la taxe foncière. Après tout, chaque centimètre carré compte dans la quête de nouvelles recettes fiscales !
Vers une fiscalité au centimètre près ?
Cette évolution laisse présager une ère où chaque mètre carré habitable ou utilisable sera scruté. Ce contrôle s’inscrit dans une politique de « justice fiscale », selon Bercy, mais nombreux y voient une pression fiscale rampante sur le patrimoine immobilier, déjà fortement mis à contribution depuis la suppression partielle de la taxe d’habitation.
À suivre : une généralisation de cette logique à d’autres éléments comme les carports, pergolas ou terrasses en toiture ? Le chantier fiscal de la valorisation des biens est en pleine expansion, au grand dam de certains propriétaires qui peinent déjà à suivre les multiples obligations déclaratives et les hausses d’impôts locaux.