Courbe de Laffer : pourquoi la surtaxation menace l’avenir de la France

Publié le - Auteur Par Tony L. -
Courbe de Laffer : pourquoi la surtaxation menace l’avenir de la France

La France, réputée pour sa gastronomie et sa culture, l’est aussi pour sa pression fiscale exceptionnellement élevée. Depuis plusieurs années, le pays se distingue par un cumul d’impôts et de taxes dont l’État espère tirer des recettes suffisantes pour assurer le fonctionnement des services publics. Or, l’observation de la théorie de la courbe de Laffer nous conduit à un constat amer : lorsque la fiscalité devient trop lourde, le rendement des prélèvements obligatoires peut stagner, voire diminuer, faute d’activité économique dynamique. Le paradoxe est saisissant, en effet, malgré une fiscalité record et des recettes théoriquement importantes, la France n’a jamais été aussi endettée et peine à maintenir son niveau de dépenses. Les contribuables, de leur côté, s’appauvrissent, tandis que la collectivité n’en retire pas les bénéfices escomptés. Voici les raisons pour lesquelles la politique menée jusqu’à présent apparaît comme un échec de grande ampleur.

France : un pays sous pression fiscale record

Pour comprendre l’ampleur de la situation, il suffit de regarder le ratio entre les prélèvements obligatoires et le produit intérieur brut en France, celui-ci avoisine régulièrement les 45-47%, parfois davantage si l’on tient compte de la globalité des cotisations sociales et diverses taxes indirectes. Sur la scène internationale, la France se trouve très souvent sur le podium des pays les plus chargés en impôts et cotisations.

En pratique, cette pression se manifeste sous plusieurs formes : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, taxes locales (même si la taxe d’habitation sur les résidences principales a officiellement été supprimée, elle a été compensée par l’État, donc par la dette), redevances et contributions sectorielles, sans oublier les taxes sur l’énergie ou le carburant. Chaque gouvernement ajoute sa strate, parfois en modifiant l’impôt sur un point particulier, parfois en créant de nouvelles contributions. À l’arrivée, les Français ont du mal à croire à une quelconque baisse d’impôts, tant les factures successives s’accumulent et font grimper la note globale.

Un endettement qui ne faiblit pas

Cette charge fiscale croissante n’a pourtant pas empêché la France de se retrouver avec une dette publique qui dépasse 3 300 milliards d’euros fin 2024, soit environ 113% de la richesse nationale produite. Le pays consacre déjà près de 49 milliards d’euros annuels au service de sa dette (versement des intérêts), un montant qui pourrait bientôt franchir les 55 milliards si les taux directeurs continuent leur ascension. Chaque crise, qu’elle soit sociale ou sanitaire, a donné lieu à des dépenses parfois non compensées, gonflant toujours davantage l’ardoise.

Les chiffres illustrent clairement ce paradoxe : un niveau fiscal historiquement élevé, censé remplir les caisses de l’État, coexiste avec un déficit chronique et une dette qui a augmenté de plus de 1 000 milliards d’euros depuis 2017. Les agences de notation ont réagi en dégradant la note de la France, témoignant de la fébrilité grandissante des marchés face à l’incapacité du pays à stabiliser ses comptes. Dégradation historique des comptes de la nation, sous le choc de la rapidité de l’effondrement, le Sénat panique : «La situation est calamiteuse. On est au bord du précipice», résumait il y a quelques jours à peine le rapporteur général de la commission des Finances, Jean-François Husson.

Le contraste avec la stratégie de l’administration Trump

Sur le continent américain, une démarche très différente a été annoncée par l’administration Trump. Elle suggérait de supprimer l’impôt sur le revenu pour les Américains gagnant moins de 150 000 dollars annuels et de remettre au goût du jour des droits de douane destinés à protéger l’industrie nationale. Son objectif déclaré : réduire la pression fiscale sur les ménages moyens afin de stimuler la consommation intérieure, tout en levant des ressources via des taxes à l’importation. Dans une logique où les dépenses fédérales seraient revues à la baisse, cette politique entendait soulager les petits et moyens revenus, libérer de la marge d’investissement et ramener la production sur le sol américain.

L’idée sous-jacente repose sur un constat inverse de celui appliqué en France, trop taxer décourage l’initiative et ne résout pas forcément les problèmes budgétaires. Le président Trump compte diminuer le rôle de l’État en réduisant ses interventions, tout en assurant le financement de fonctions jugées essentielles (infrastructures, sécurité, etc.) par un recours limité à l’emprunt et une hausse des droits de douane. Certes, ce pari comporte des aléas (risque de représailles commerciales, endettement structurel déjà gigantesque), mais il laisse entendre qu’une fiscalité plus légère pour la majorité des contribuables peut redonner de la vitalité à l’économie et redonner une certaine joie de vivre aux citoyens américains.

La courbe de Laffer : une piste négligée par la France

La courbe de Laffer, conceptualisée notamment par l’économiste Arthur Laffer, explique que si la hausse du taux d’imposition peut accroître les rentrées fiscales jusqu’à un certain seuil, aller au-delà revient à détruire l’assiette de l’impôt. Les agents économiques surtaxés ont alors tendance à réduire leur activité, à opter pour des montages d’optimisation, voire à délocaliser s’ils en ont la possibilité. Le résultat est que même un taux très élevé ne rapporte plus autant qu’espéré, alors que l’économie dans son ensemble manque de souffle.

La France est engluée dans le socialisme, avec ses multiples prélèvements elle semble avoir dépassé le point où la pression fiscale reste rentable. En témoigne l’évasion croissante de certaines fortunes, l’attrait relatif d’autres pays européens ou le recours massif à l’optimisation chez les entreprises les plus soumises à l’impôt sur les sociétés. On assiste souvent à un sentiment de saturation où trop de taxes tue l’envie de travailler plus ou d’investir, et les plus motivés se tournent vers un environnement fiscal jugé plus favorable.

Des dépenses publiques hors de contrôle

Au-delà de l’aspect fiscal, la question des dépenses publiques reste au cœur de la problématique : alors que la France consacre environ 58 % du PIB aux dépenses publiques, l’État n’a pas cherché à élaguer son train de vie. Même des mesures de restructuration annoncées – comme la suppression de postes de fonctionnaires dans certaines administrations – se sont révélées limitées ou avortées. Les dépenses se sont multipliées lors de chaque crise : mesures pour calmer la grogne sociale (Gilets jaunes), soutien économique durant la pandémie, aides face à la crise énergétique, etc.

Dans le même temps, des baisses d’impôts ponctuelles (taxe d’habitation, impôt sur les sociétés, transformation de l’ISF en IFI) ont été octroyées sans être compensées par une réduction équivalente d’autres postes. La facilité a consisté à emprunter davantage, repoussant la question du remboursement à plus tard. Or, plus la dette s’alourdit, plus les intérêts augmentent, et plus le poids sur les générations futures devient préoccupant.

La fuite des talents et du capital

Lorsque le gouvernement évoque une “mobilisation de l’épargne” pour financer les dépenses, un climat d’inquiétude naît parmi ceux qui ont la possibilité de déplacer leurs capitaux. Les leçons tirées d’épisodes internationaux (Grèce, Chypre) ont montré que l’urgence financière peut conduire l’État à bloquer ou taxer de manière exceptionnelle les avoirs privés. Cette éventualité, même officieusement, nourrit une méfiance chez les ménages et surtout chez les détenteurs de patrimoines importants, qui disposent souvent de moyens pour placer leur argent à l’étranger.

Ce phénomène s’inscrit dans la logique de la courbe de Laffer, plus on veut faire contribuer les uns et les autres, plus on les incite à fuir. L’économie perd ainsi son attractivité, subit une diminution de l’assiette fiscale et se retrouve dans un cercle vicieux, et pour compenser le manque à gagner les politiques publiques envisagent d’augmenter encore la pression fiscale, accroissant ainsi davantage l’hémorragie. Le départ des français brillants et “bankable” pour l’étranger s’accentue d’année en année, vidant ainsi le pays de sa substance vitale.

Un cap politique difficile à infléchir

Les gouvernements successifs ont souvent promis de rationaliser les dépenses. Pourtant, on a constaté peu de coupes budgétaires, tandis que les impôts, eux, n’ont pas franchement reculé. Malgré une fiscalité record, la dette publique continue de progresser à un rythme inquiétant, laissant penser que le modèle actuel n’est plus tenable sur le long terme. Le contraste avec l’option américaine de diminuer l’impôt sur le revenu pour une large partie de la population illustre deux chemins radicalement divergents : l’un tente de libérer la consommation et la compétitivité en réduisant la charge fiscale, l’autre mise sur un impôt tous azimuts pour tenir un État omniprésent.

Au final, la France pourrait bien y perdre à la fois sa stabilité budgétaire et son attractivité économique. En persistant dans la voie d’une surimposition, la richesse créée se déplace lentement là où la contrainte fiscale se montre moins pesante. Dans ces conditions, la courbe de Laffer n’est pas un concept théorique éloigné mais un miroir tendu vers une réalité nationale, celle d’une société qui se trouve asphyxiée par l’impôt sans pour autant résoudre ses problèmes de déficit.

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Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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