Il n’y a pas longtemps, je préparais l’été en m’achetant une paire de chaussures sur Sarenza, le tout sans me ruiner en profitant du cashback avec eBuyClub et d’une promo sur le site. Tout avait bien commencé, c’était une affaire rondement menée, je venais de payer 107€ contre 157€ en boutique, puis une fois le panier validé, l’achat réalisé, une page Sarenza s’ouvre avec une offre de remboursements/promotions qui me parait louche. Ce n’est pas la première fois que je la vois, cette fois-ci je décide d’y prêter attention et de mener l’enquête. Enquête dont le résultat a été retravaillé suite à de nouvelles pièces apportées au dossier, nous avions cité une enseigne en particulier, or il existe plusieurs acteurs dans ce domaine. Cependant nous tenons à maintenir l’alerte sur ce type de pratiques. Cela peut pourtant sembler évident mais bien lire les mentions légales et le texte écrit en plus petit évite cette mauvaise sensation d’être tombé dans une arnaque.
Le cashback payant : vrai ou faux bon plan ?
Avant toute chose, il faut bien rappeler qu’il y a deux sortes de cashback, dont la principale différence est importante, il ne faut donc pas faire d’amalgame.
Différence entre cashback gratuit et cashback payant
- Le cashback gratuit : se base les programmes d’affiliation auxquels le site de cashback décide d’adhérer. Lorsqu’un internaute achète un produit sur le site partenaire, celui-ci reverse une commission au site de cashback qui, lui, reverse une partie de cette commission à l’acheteur initial.
- Le cashback payant : il faut payer un abonnement mensuel au site de cashback. Si le taux de remboursement est plus élevé, il faut bien prendre connaissance des conditions pour que l’offre soit rentable. En effet pour que ce soit réellement intéressant il faut commander très souvent sur internet, dans le cas contraire c’est une perte d’argent.
Un procédé discutable : une souscription pas toujours « volontaire »
Selon les sites lorsque l’on fait un achat, une fois la commande payée, on nous propose de gagner une réduction de X€ sur notre prochaine commande. De prime abord l’offre semble alléchante. Pensant bénéficier d’un remboursement de quelques euros, l’internaute va cliquer sur « j’en profite », mais ce qu’il ne sait pas s’il ne prend pas le temps de tout lire, c’est qu’en fait il va s’abonner sans le savoir, en indiquant ses coordonnées bancaires, à un site de cashback payant, à hauteur de 19€ en moyenne. Ce que certains vont découvrir plutôt amèrement lorsque la somme sera prélevée sur leur compte.
Mode opératoire de l’offre
L’offre de cashback payant intervient après avoir réalisé un achat sur internet, généralement sur un site réputé sûr comme Saranza, Cdiscount, Oui.sncf, Digitck, Rakuten, Showroomprivé, Fnac.com, Rueducommerce.fr, ou encore LaRedoute.fr… Un pop-up au couleur de la charte graphique du site s’ouvre, incitant l’internaute à bénéficier d’une remise de X euros (cf image). L’offre émanant d’un site sérieux l’internaute est tenté de cliquer pour profiter d’une remise intéressante. Il est invité à continuer le processus en s’inscrivant afin de bénéficier :
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- D’une réduction immédiate sur l’achat ou sur le prochain,
- De réductions sur ses futurs achats sur des dizaines de sites de e-commerce.
Contre toute attente ce n’est pas une arnaque, pas phishing ou vol de données personnelles. Si la pratique est limite et l’impression de se faire arnaquer bien réelle, les informations sont pourtant bien indiquées. Même si la pratique est limite, notamment pour nos anciens qui ne maitrisent pas bien internet, le sentiment d’arnaque incomberait plus à l’internaute qui n’a pas pris le temps de lire les Conditions Générales de Vente (CGV).
Ce système plutôt méconnu en France impose à l’internaute de bons réflexes, d’une part de prendre le temps de tout lire, ce que peu d’entre nous font, et d’autre part de se renseigner en amont avant de souscrire. Associée au cashback, cette méthode est mise en place par un prestataire externe des grandes enseignes où l’on peut la retrouver. Il existe plusieurs sociétés proposant ce type d’offre, toutes n’ont pas le même sérieux…
Comment sont perçues ces offres ?
De nombreux internautes se sentent piégés, et ne savent pas vers qui se retourner. En effet les acteurs bien connus du cashback gratuit, tels que eBuyClub, iGraal, Poulpeo, Radins et CapitalKoala reçoivent des réclamations tous les ans de la part d’internautes qui veulent se désabonner et font l’amalgame avec leurs services de cashback.
Un large sentiment d’arnaque…
Beaucoup considèrent s’être fait arnaquer, on peut lire sur différents forums, ou site d’avis (signal-arnaques.com, test-achats.be, trustpilot.com…) des plaintes d’internautes mécontents après une commande sur la Poste, un drive Carrefour… Assimiler cette méthode à une arnaque est considéré comme dénigrant par ceux qui la proposent, pour eux ces offres sont totalement transparentes. À contrario voici comment l’internaute, le premier visé, les perçoit :
jerem le 06/06/2021 : « ma mère aussi s’est faite débiter deux fois par cette compagnie… Elle a clique sur ce site suite à un pop-up du site de la poste après avoir acheté des timbres. Comment la poste peut-elle laisser faire cela ? A quel organisme peut-on signaler ce genre d’arnaque? »
jlc le 23/04/2022 : « Soyons clair, ces abonnements souvent signalés n’ont d’autre but que de nous soutirer de l’argent. Après un achat chez rakuten, que je remercie au passage de se faire complice, en gros s’affiche une offre de remboursement sans qu’il soit fait clairement mention d’un quelconque abonnement en contrepartie. Direction le site RP, là encore l’offre de réduction est en très gros et très visible, les conditions en bas de page bien plus discrètes et peu lisibles, sur le blanc il y a des couleurs qui ressortent mieux que le gris pale! Une si grande discrétion sur les conditions de cette offre révèle une intension évidente. Bien sûr je ne tombe jamais dans des pièges aussi grossiers, mais des internautes moins vigilant se laissent avoir trop souvent. Je doute que ces offres seraient aussi souvent souscrites sans ces pratiques plus que limites »
anonymious le 25/04/2022 : « J’ai eu le même après une commande sur Castorama .
Vu comment le bandeau se présente on a l’impression que c’est une étape pour terminer la commande alors que ce n’est pas le cas elle est bien validée, on joue sur le doute ! »
Mouette le 05/08/2021 : « Je me suis rendu compte de mon abonnement à ce site en voyant apparaître un débit inconnu sur mon relevé de compte de 18 € par mois. Impossibilité de joindre le service client pour demander une explication ou résilier l’abonnement « frauduleux ». J’ai demandé la résiliation et le remboursement (sans espoir pour ce dernier). Cet abonnement a été déclenché à mon insu sans validation de ma part d’une demande de prélèvement automatique. »
…Pourtant certains en sont satisfaits
Amande 03 mai 2022 : « Je suis inscrite sur ce site depuis fevrier. Et je suis ravie et j’ai gagné 200 €. Effectivement il faut bien lire les CGV et etre rigoureux pour envoyer les factures. J’ai retiré une étoile car les remboursements sont un peu long. »
Alexis le 9 juil. 2021 : « Il suffit de bien lire les CGV et sinon le service est rapide et très efficace, je suis adepte »
Le point commun de ceux qui laissent une bonne note : ils ont bien lu les CGV, et font beaucoup d’achats sur internet. Même si certains déplorent des longueurs dans les remboursements ou des tickets non remboursés, cela est un problème qui est plus commun avec le cashback gratuit.
Que faire pour ne pas se faire avoir ?
Il faut toujours être vigilant, éviter d’enregistrer sa carte sur les sites, et opter pour des cartes prépayées, ou des solutions comme PayPal. Comme pour toute offre commerciale, il faut se méfier des offres trop alléchantes.
Lire les petites lignes
Le problème c’est que lors de cette démarche l’internaute ne se rend pas compte qu’il change de site étant donné que le pop-up est au couleur de l’enseigne et que l’URL est anonymisée. Pourtant le nom de la société proposant le service apparait bien à un moment ou à un autre, même si c’est discret. C’est là que l’internaute rentre sa carte bancaire sans avoir conscience de ne plus être sur le site marchand, après tout sur les sites comme Showroom Privé ou Cdiscount la plupart des internautes ayant l’habitude de commander ont leurs coordonnées déjà enregistrées. Rentrer sa carte bancaire n’est pas un geste anodin. Le souci c’est qu’il se passe en général un mois entre le moment où l’internaute s’abonne et celui où il est débité, difficile à ce moment-là de savoir à quoi correspond le prélèvement. Pour les actions sur des sites commerciaux, il faut bien prendre le temps de lire les conditions générales d’utilisation (CGU) et surtout les mentions écrites en petits caractères.
Se renseigner
Que la mention « offre partenaire » apparaisse, ou que le nom soit inconnu, le premier réflexe à avoir, pour plus de sécurité est d’effectuer une recherche internet. Taper le nom du site inconnu ou le nom du partenaire, en associant des mots-clés comme « avis » ou « arnaque », afin de voir si d’autres internautes ont signalé quelque chose.
Lire les CGV
Si le site est sérieux, on y trouve toutes les informations nécessaires :
- Conditions d’abonnement,
- Conditions de résiliation,
- Les différents moyens de contacter la société (qui peuvent être à part dans la rubrique « Contact »),
- Rétractation et durée du contrat
- Obligations des Parties
- Description du programme,
- Modalités pour les cotisations (renouvellement tacite ?),
- …
Nos conseils
Il est primordial de consulter fréquemment son relevé de compte pour éviter de perdre de l’argent que ce soit avec des abonnements récurrents de ce type ou à cause d’utilisation frauduleuse de ses moyens de paiements.
Dès que vous avez conscience d’être tombé dans le piège ou si celui-ci ne vous intéresse pas (subtilité à prendre en considération, car une personne qui réalise beaucoup d’achats en ligne pourrait y trouver un intérêt. Rappelons que les remboursements sont véritablement reversés par l’enseigne) demandez à résilier votre abonnement. Ainsi, les prélèvements seront stoppés. Pour ce faire, il faudra envoyer un email au service client ou contacter leur service résiliation. Par chance, il est possible d’entamer cette démarche à tout moment. Il n’y a pas de date anniversaire du contrat à respecter.
Méthode de résiliation
Voici les différentes méthodes pour contacter le service client et résilier un abonnement :
- Par téléphone,
- Par email,
- Par courrier,
- Par « chatbot »,
- Directement sur son compte selon l’entreprise.