Lors du sommet Choose France, Emmanuel Macron a plaidé pour une plus grande consolidation du secteur bancaire européen. Durant son entretien accordé à Bloomberg, le président n’a pas exclu l’idée d’un rachat des banques françaises telles que Société Générale par des rivales européennes. Explications.
Un appel au renforcement du secteur bancaire européen
En Europe, la consolidation bancaire pourrait connaître un nouvel essor.
Moins d’une semaine après que l’Espagnole BBVA lance une OPA hostile sur sa compatriote Banco Sabadell, le président Macron révèle à son tour son souhait d’un rapprochement des grandes banques européennes. Dans une interview télévisée accordée lundi 13 mai à Bloomberg, la présidence française a plaidé pour un renforcement de l’intégration financière du Vieux Continent. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le chef de l’État français milite pour une Union européenne des marchés de capitaux. D’après ses estimations, la croissance européenne globale est actuellement freinée par la fragmentation du secteur bancaire de la région.
Les médias s’accordent à dire que cet appel à la consolidation du secteur bancaire européen ne passe pas inaperçu. Il a été lancé par le sommet de l’État en personne lors de la septième édition du salon Choose France réunissant plus de 180 patrons et investisseurs du monde entier. Les commentaires d’Emmanuel Macron ont été révélés le même jour où ces derniers se sont engagés à investir une somme record de 15 milliards d’euros dans l’économie française. Ces investissements concerneraient une cinquantaine de projets d’entreprises et pourraient entrainer la création de 10 000 emplois.
Une idée de vendre une banque française à un concurrent européen
Conformément à son souhait d’une plus grande intégration financière de l’Europe, le président français annonce qu’il n’est pas contre l’idée d’un rachat d’une grande banque française telle que la Société Générale par une rivale européenne comme Santander.
Selon ses arguments :
- Il n’est pas possible de se cantonner à un simple échange d’informations lorsque l’on traite en tant qu’Européens. En revanche, cela signifie qu’une consolidation en tant qu’européens est nécessaire.
- Il est temps d’instaurer une approche de marché unique et plus efficace.
- L’idée est de libérer la puissance financière de l’Union pour financer la défense, la transition énergétique et les technologies de demain.
- L’objectif est de stopper le déclassement de l’Europe face à la concurrence de la Chine et des États-Unis.
D’après les médias, ces mariages entre banques européennes pourraient débloquer 1 000 milliards d’euros dans l’Union.
Société Générale est la cible de choix
Pour les médias, Société Générale est la grande banque française qui se présente comme une cible naturelle :
- Sa valorisation est la plus faible en Europe. Avec ses 21 milliards d’euros de capitalisation, elle se positionne à la 21e place du classement de l’UE. À titre de référence, BNP Paribas est actuellement la plus grosse banque française dans la zone euro avec ses 81 milliards d’euros de capitalisation.
- Les actions de la banque rouge et noire, qui a ses quartiers à la Défense, enregistrent la meilleure performance du Cac 40.
- En comparaison avec son actif net tangible de 62,80 euros par action fin mars 2024, l’établissement accuse une décote de 60%.
- Ce sont les établissements qui sont les mieux valorisés en Bourse qui sont les plus rentables. À titre d’illustration, le quotidien d’information Les Echos cite les actions de la banque italienne Unicredit qui se négocient avec une prime d’environ 3%. Sur les fonds propres tangibles, sa rentabilité s’élève à 19,5%, contre seulement 4,1% pour la Société Générale.
Certes, le chef d’État français dit vouloir viser grand. Mais la question est de savoir si ces initiatives ne vont pas se faire encore au détriment de la France.