
Près de 30% des impôts de production en France sont aujourd’hui considérés comme un frein direct à l’attractivité des entreprises, selon l’Institut Montaigne. Dans ce contexte déjà contraint, une nouvelle mesure fiscale vient durcir davantage les conditions pour les employeurs et les salariés : l’alourdissement de la fiscalité sur les voitures de fonction.
Alors que l’État affiche une volonté de réduire les déficits publics et de verdir la fiscalité, cette mesure soulève des interrogations. Avantage en nature dévalorisé, pression accrue sur les charges des entreprises, complexification des déclarations fiscales : l’outil autrefois pratique et attractif devient un fardeau.
Une fiscalité de plus en plus pénalisante pour les voitures de fonction
Depuis le 1er février 2025, les nouvelles règles fiscales appliquées aux voitures de fonction modifient profondément l’équilibre des charges liées à ces véhicules. Le gouvernement a acté une révision à la hausse des montants imposables sur ces avantages en nature, affectant à la fois les entreprises et les salariés bénéficiaires.
🔎 Les principaux changements apportés en 2025
1️⃣ Augmentation de la base imposable de l’avantage en nature
- Pour les voitures thermiques, la valorisation forfaitaire annuelle est désormais majorée de 15% (contre 9% auparavant).
- Pour les véhicules électriques, la réduction de 50% sur l’avantage en nature est désormais plafonnée à 900€ par an, contre un abattement sans plafond auparavant.
- L’utilisation de bornes de recharge à domicile, lorsqu’elle est financée par l’entreprise, devient également partiellement imposable.
2️⃣ Renforcement de la taxe sur les véhicules de société (TVS)
- La réforme de la TVS engagée depuis 2022 se poursuit. En 2025, le barème a été revu à la hausse, notamment pour les véhicules émettant plus de 120 g de CO₂/km.
Exemple : un SUV diesel de 135 g/km, auparavant taxé à hauteur de 300€ par an, est désormais soumis à plus de 430€.
3️⃣ Fin du régime de faveur pour les véhicules hybrides rechargeables
- Ces véhicules, autrefois considérés comme un bon compromis fiscal, sont désormais rattachés au régime des véhicules thermiques, sauf si leur autonomie en mode électrique dépasse 80 km (norme WLTP).
Pourquoi cette réforme ? Objectifs affichés et conséquences réelles
Le ministère de l’Économie justifie cette évolution par un double objectif :
- Réduire les niches fiscales considérées comme coûteuses pour les finances publiques.
- Encourager une transition écologique en pénalisant les véhicules thermiques et en limitant les aides sur les véhicules d’entreprise.
Bruno Le Maire déclarait ainsi en février 2025 : « Les voitures de fonction représentent un coût fiscal annuel de plus de 1,3 milliard d’euros. Il n’est plus justifié de les subventionner massivement. »
Mais cette approche suscite de fortes critiques. La mesure alourdit la fiscalité des entreprises, déjà confrontées à une pression accrue sur les cotisations sociales, les impôts sur les sociétés et les contraintes administratives. Elle diminue l’attractivité de ce levier de fidélisation, qui permettait jusqu’alors aux entreprises de retenir des profils qualifiés sans augmenter directement les salaires.
Un impact direct sur les salariés
Le salarié qui bénéficie d’un véhicule de fonction utilisé à titre personnel verra son imposition grimper. Le calcul de l’avantage en nature étant intégré au revenu imposable, cela peut faire basculer certains contribuables dans une tranche supérieure d’imposition.
Exemples concrets
Type de véhicule | Valeur neuve | Mode de calcul 2024 | Imposition 2024 | Imposition 2025 |
Berline essence | 28 000€ | 9% de la valeur | 2 520€/an | 15% → 4 200€/an |
Véhicule électrique | 35 000€ | 50% de réduction | 1 750€/an | Réduction plafonnée à 900€ |
Un autre exemple : une voiture dont les charges sociales étaient de 6 000€ par an en 2024, passeront à 10 000€ et le salarié perdra facilement plus de 200€ nets d’avantages par mois.
Il s’agit donc d’une bombe économique pour les salariés et les entrepreneurs.
➡️ Conséquence : augmentation de l’impôt sur le revenu, augmentation des charges sociales pour l’entreprise (car l’avantage en nature est aussi assujetti aux cotisations).
Une pression fiscale globale jugée dissuasive
Cette réforme s’inscrit dans une tendance plus large : réduction des avantages fiscaux en entreprise, taxation croissante des prestations extra-salariales, durcissement des contrôles URSSAF.
Selon un rapport de l’Ordre des experts-comptables publié en mars 2025, « Les charges indirectes sur les avantages salariés ont progressé de 18% en trois ans, rendant certains dispositifs contre-productifs. »
La fiscalité sur les véhicules de société, longtemps tolérante, devient un poste à surveiller de près dans les bilans comptables. Cela pousse certaines entreprises à renoncer aux flottes automobiles, ou à recourir à des alternatives comme l’indemnité kilométrique ou la location longue durée sans option d’achat.
Les entrepreneurs qui veulent se simplifier la tâche de la déclaration URSAAF, peuvent ouvrir un compte pro chez Blank, compte pro tout-en-un qui permet de gérer sa trésorerie, sa compta et son activité commerciale La Fintech est propulsée par Crédit Agricole, la banque des pro numéro un en France. Ses équipes ont développé des outils permettant d’automatiser sa déclaration URSAAF.
Une problématique plus large : trop d’impôts tue-t-il le travail ?
L’État continue d’ajuster la fiscalité des entreprises à la marge, mais chaque nouvelle mesure réduit les marges de manœuvre. La volonté affichée de réduire la dette publique – qui a franchi les 3 100 milliards d’euros en janvier 2025 – s’appuie une fois de plus sur les acteurs économiques, notamment les TPE et PME.
En touchant à un levier historique d’attractivité salariale, cette réforme fragilise la dynamique entrepreneuriale, déjà mise à mal par :
- La hausse des taux d’intérêt,
- La fin des aides post-Covid,
- Et la réindexation de certains impôts locaux sur l’inflation.
Une réforme qui change la donne
La nouvelle fiscalité des voitures de fonction en 2025 marque un tournant dans la gestion des avantages salariés. Si la transition écologique et la maîtrise des finances publiques sont des objectifs légitimes, la méthode interroge : alourdir la fiscalité plutôt que proposer une réelle stratégie d’accompagnement.
Entre augmentation de la base imposable, réduction des abattements, et hausse de la TVS, le véhicule de fonction perd en attrait, aussi bien pour les salariés que pour les entreprises.
À terme, cela pourrait rebattre les cartes du package salarial proposé dans les secteurs concurrentiels, où chaque avantage compte. Une nouvelle fois, la fiscalité devient un levier à double tranchant.