
En 2024, plus de 41 millions de véhicules étaient immatriculés en France, selon les données de la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC). Chaque année, près de 8 millions de certificats d’immatriculation (autrement appelés cartes grises) sont délivrés ou modifiés, à la suite d’un achat, d’un changement d’adresse ou d’une cession. Ce chiffre impressionnant illustre l’importance stratégique de la carte grise dans la gestion du parc automobile français.
Face à l’essor du numérique et à la volonté croissante de l’État de centraliser les documents officiels, une réforme majeure est en préparation : la dématérialisation complète de la carte grise, avec une version numérique qui devrait être disponible dès 2026, si tout se passe comme prévu.
Une carte grise numérique : vers une centralisation de l’identité numérique
Le gouvernement souhaite intégrer le certificat d’immatriculation à l’application France Identité, outil central du projet d’identité numérique sécurisée. Ce projet, annoncé officiellement en mars 2025, s’inscrit dans une tendance plus large de dématérialisation des titres officiels, à l’instar du permis de conduire, de la carte vitale ou encore de la carte nationale d’identité.
L’objectif ? Centraliser tous les documents personnels au sein d’une même application mobile, accessible avec ou sans mot de passe grâce à la technologie biométrique (empreinte digitale ou reconnaissance faciale).
Cependant, ce projet suscite des inquiétudes en matière de vie privée et de souveraineté numérique. Plusieurs associations pointent le risque de dépendance à un système unique, et la possibilité d’un contrôle étendu de l’État sur les données personnelles.
Comment fonctionnera la carte grise numérique ?
Dès sa mise en place (prévue pour 2026), la carte grise numérique sera disponible en complément du format papier, mais uniquement pour les usagers disposant de l’application France Identité et d’un smartphone compatible NFC.
Ce qui change :
- Le document sera stocké sur le téléphone de manière sécurisée.
- Il pourra être consulté à tout moment, notamment en cas de contrôle routier.
- Il ne sera pas obligatoire dans un premier temps, mais son usage pourrait se généraliser à l’avenir.
Selon l’Agence Nationale des Titres Sécurisés (ANTS), la version numérique aura la même valeur légale que la version physique. En cas de vol ou de perte du téléphone, la réactivation du certificat d’immatriculation sur un nouveau terminal pourra être réalisée via une authentification biométrique avec France Identité.
Démarches : est-ce que les procédures changent ?
Pour l’instant, les modalités de demande d’un certificat d’immatriculation restent inchangées. Il est toujours nécessaire de :
- Créer un compte sur immatriculation.ants.gouv.fr ou se connecter via FranceConnect.
- Remplir un formulaire en ligne.
- Fournir les documents requis : justificatif de domicile, pièce d’identité, preuve de vente, etc.
- Payer les frais d’immatriculation.
- Attendre la réception de la carte grise, envoyée par voie postale sous 3 à 7 jours ouvrés en moyenne.
👉 Une nouveauté à noter : depuis début 2025, il est possible de se connecter via l’application France Identité, sans identifiant ni mot de passe, en scannant sa pièce d’identité et en confirmant avec une empreinte digitale.
Démarches actuelles : un parcours encore complexe et chronophage
Malgré les efforts de simplification, la demande ou la modification d’une carte grise reste perçue comme longue, complexe et parfois frustrante. Selon une étude de l’Observatoire des Services Publics, près de 47% des usagers estiment que les démarches liées à la carte grise sont les plus fastidieuses du service public numérique.
Délai moyen :
- En ligne : 3 à 7 jours ouvrés.
- En cas de dossier incomplet : jusqu’à 3 semaines de traitement.
- Par courrier recommandé (en cas de justificatif manquant) : +7 à 10 jours supplémentaires.
Coût moyen :
Le tarif de la carte grise dépend de plusieurs facteurs : région, puissance fiscale, carburant, type de véhicule. Voici un tableau indicatif :
Type de véhicule | Puissance fiscale | Région (ex : Île-de-France) | Coût estimé |
Citadine essence | 5 CV | Île-de-France (46€/CV) | 230€ |
SUV hybride | 8 CV | Provence-Alpes-Côte d’Azur | 368€ |
Véhicule électrique | – | Toutes régions (exonération) | 0€ |
L’immatriculation d’une voiture électrique en France en 2025 coûte 13,76 €, couvrant uniquement les frais de gestion et d’acheminement. Cette mesure vise à encourager l’adoption de véhicules zéro émission. Cependant, il est important de noter que cette exonération ne s’applique pas aux véhicules hybrides, qui sont soumis aux taxes régionales et autres frais associés.
Des solutions pour simplifier les démarches : les prestataires habilités
Face à la complexité perçue du système, de nombreux conducteurs choisissent de passer par des prestataires agréés par l’État, qui prennent en charge l’intégralité des démarches, moyennant un surcoût.
Parmi les acteurs reconnus :
- Eplaque.fr
- Cartegrise.com
- Demarchescartegrise.fr
- Immatriculer.com
Un nouvel entrant arrive dans le secteur qu’il espère révolutionner servicecartegrise.com.
Ces sites permettent :
- De constituer le dossier en quelques minutes.
- D’obtenir un certificat provisoire d’immatriculation (CPI) instantané.
- D’être accompagné en cas de problème (dossier rejeté, justificatif manquant, etc.).
Le coût de ces services varie de 29€ à 60€, en plus du prix officiel de la carte grise.
Exemple concret : un changement de titulaire pour une voiture essence 6CV en Île-de-France peut être facturé 276€ en tout, dont 230€ de taxes et 46€ de frais de service sur Eplaque.
En résumé
Élément | Carte grise actuelle | Carte grise dématérialisée (2026) |
Support | Format papier | Application France Identité |
Obligation | Oui | Non (optionnelle au début) |
Modalités | ANTS / sites agréés | France Identité + ANTS |
Sécurité | Code de sécurité | Biométrie + NFC |
La carte grise numérique représente une avancée administrative en termes d’accessibilité et de centralisation, mais elle soulève aussi des questions sur la confidentialité des données personnelles et la dépendance technologique. Pour l’instant, le format papier reste obligatoire, et les démarches continuent de s’effectuer via les plateformes traditionnelles ou auprès de prestataires agréés. Le tournant se jouera en 2026, avec le déploiement réel de cette innovation attendue.