Pourquoi le mouvement #10septembre menace de faire tomber l’UE ?

Publié le - Auteur Par Tony L. -
Pourquoi le mouvement #10septembre menace de faire tomber l’UE ?

44 milliards d’euros de coupes budgétaires prévues en 2026, un déficit public qui atteignait déjà 5,8 % du PIB en 2024, et une dette qui frôle les 3 300 milliards d’euros. Ce cocktail explosif place la France au cœur d’une crise politique et économique d’une ampleur historique. Le mouvement #10septembre, porté par des acteurs politiques et sociaux déterminés à bloquer le budget et à contester l’autorité de Bruxelles, pourrait être l’élément déclencheur d’un effondrement non seulement de l’État français, mais aussi de l’Union européenne tout entière.

Un blocage politique aux conséquences inédites

L’équation est simple. Faire tomber Bayrou, son budget ou même Macron représenterait des victoires symboliques pour le mouvement contestataire. Mais derrière ces gestes politiques se cache une bombe à retardement. Car si la France ne parvient pas à voter un budget conforme aux exigences de Bruxelles, le pays s’expose à un blocage institutionnel qui enclencherait une réaction en chaîne.

Depuis juillet 2024, la France est officiellement placée sous le coup de la procédure de déficit excessif. Avec six autres pays, elle a franchi la limite fixée par le Pacte de stabilité européen, celle des 3% de déficit public. Cette procédure n’est pas qu’une formalité. Elle donne à la Commission européenne et au Conseil de l’UE un pouvoir direct de contrainte sur la politique budgétaire française. Et si Paris refuse de se plier aux injonctions, Bruxelles dispose d’un outil redoutable : la suspension des fonds européens.

Une sanction budgétaire immédiate

En 2025, la France doit verser environ 25 milliards d’euros au budget européen. En retour, elle perçoit une partie de ces contributions sous forme d’aides, qu’il s’agisse de fonds structurels, de programmes d’investissement ou de soutiens sectoriels. Mais dans le cadre de la procédure de déficit excessif, ces fonds peuvent être gelés. Le message est clair : pas de soumission à l’austérité, pas de retour sur investissement.

Hors Politique agricole commune, la France se verrait privée de toutes les aides communautaires. Un choc financier massif qui viendrait fragiliser encore davantage une économie déjà exsangue.

La réaction inévitable des marchés financiers

La sanction européenne n’est qu’un premier étage. Le second est bien plus violent. Si le blocage persiste et que Paris refuse de passer par la case austérité, les marchés financiers déclencheront une offensive contre la dette française. Les taux d’intérêt grimperont en flèche, rendant le refinancement impossible. Or, la France doit emprunter en permanence pour couvrir ses dépenses, notamment le paiement des fonctionnaires et des retraites.

La Banque centrale européenne pourrait intervenir. Mais ses règles sont strictes : elle ne sauve un État attaqué par les marchés qu’à condition qu’il accepte des mesures d’austérité drastiques. Autrement dit, la BCE devient le bras armé de la discipline budgétaire imposée par Bruxelles.

Le dilemme français : soumission ou rupture

Deux scénarios se dessinent.

Premier scénario : la France accepte l’austérité. La BCE agit, les marchés se calment, mais le prix est colossal. Privatisations massives, réduction de la protection sociale, coupes dans les services publics, ponction progressive de l’épargne nationale pendant une décennie entière. Les précédents grecs, espagnols et portugais montrent à quel point ce type de cure entraîne pauvreté, chômage et instabilité sociale.

Deuxième scénario : la France refuse de se plier. Les marchés continuent d’attaquer, les taux explosent et en quelques jours la dette devient insoutenable. L’État ne peut plus payer ses fonctionnaires. La crise de liquidité force alors une décision radicale : la sortie de l’euro.

Une sortie de l’euro brutale et risquée

La sortie de l’euro n’aurait rien d’un processus maîtrisé. Contrairement aux discours officiels qui ont longtemps balayé cette éventualité, aucune préparation sérieuse n’a été menée. Le retour au franc serait donc chaotique.

Des contrôles de change stricts seraient imposés pour éviter une fuite massive des capitaux. Les voyages à l’étranger deviendraient complexes, voire impossibles. Les fonctionnaires pourraient être payés en reconnaissances de dettes, comme ce fut le cas en Californie en 2009. Un défaut partiel de la dette serait presque inévitable. Les banques, fragilisées, devraient être nationalisées ou recapitalisées en urgence.

La logistique elle-même poserait un défi colossal : impression et distribution de nouvelles monnaies, adaptation des systèmes bancaires et informatiques, conversion des contrats et des salaires. Une véritable opération de guerre économique.

La reprise en main par l’État

Pour éviter un effondrement complet, l’État français devrait reprendre le contrôle total de l’économie. Cela passerait par des mesures exceptionnelles : prêts directs de la Banque de France à l’État, rétablissement d’un circuit du Trésor pour forcer les banques à prêter à l’administration, emprunts bilatéraux auprès de pays alliés.

En parallèle, un contrôle temporaire des prix, des capitaux et des crédits serait indispensable pour stabiliser la situation. Le modèle pourrait s’inspirer du gouvernement du Conseil national de la Résistance après 1945, qui avait posé les bases des Trente Glorieuses à travers un dirigisme assumé et une planification stratégique.

Un choix existentiel entre souveraineté et effondrement

Ce scénario extrême comporte une vérité brutale. La France redeviendrait souveraine, mais une souveraineté sous tension, capable autant de réussir que d’échouer. Tout dépendrait de la qualité du leadership et de la gestion du choc initial. Un mauvais pilotage, et le pays risquerait une décennie perdue, avec des pénuries, une inflation galopante et un appauvrissement généralisé.

Mais une gestion habile pourrait au contraire ouvrir une ère de reconstruction, de réindustrialisation et de réappropriation des leviers économiques.

Rester dans l’Union, un choix tout aussi périlleux

L’alternative à cette rupture est loin d’être rassurante. Rester dans l’Union européenne signifie accepter au moins sept années d’austérité pour ramener le déficit sous la barre des 3%. Durant ce temps, la Commission poursuivra ses politiques de libre-échange, ouvrant la voie à la ratification du traité Mercosur. La France restera enfermée dans le marché européen de l’énergie, avec des prix volatils et une dépendance accrue aux importations.

L’élargissement de l’UE aux Balkans et à l’Ukraine, pays où les salaires sont quatre à huit fois inférieurs à ceux des travailleurs français, amplifiera la concurrence sociale et industrielle. Les libertés fondamentales, déjà fragilisées par les règlements européens sur la désinformation et la surveillance numérique, risquent de reculer davantage. Ce chemin ressemble moins à une stabilité qu’à une lente agonie.

Le rôle central du mouvement #10septembre

Dans ce contexte explosif, le mouvement #10septembre apparaît comme un catalyseur. Sa capacité à bloquer le budget et à affaiblir le gouvernement Bayrou est réelle. Mais au-delà de la politique intérieure, ce mouvement met en lumière un dilemme bien plus vaste : celui de la survie ou de la dislocation de l’Union européenne.

Si la France choisit la rupture, l’effet domino sera inévitable. D’autres pays sous procédure de déficit excessif, comme la Belgique, la Slovaquie ou la Roumanie, pourraient suivre la même voie. L’édifice européen, déjà fragilisé par le Brexit et par les divisions internes, ne résisterait probablement pas à la sortie d’un pays fondateur de la zone euro.

Une Union européenne fragilisée de toutes parts

L’Union européenne repose sur une architecture institutionnelle qui n’a jamais été pensée pour affronter une révolte de grande ampleur de ses États membres. La crise française viendrait s’ajouter aux tensions déjà existantes : le conflit en Ukraine, la montée des nationalismes en Europe de l’Est, la contestation des politiques climatiques et agricoles, et l’élargissement précipité vers des pays fragiles économiquement.

Un départ français sonnerait comme un désaveu définitif du projet européen. Car si Paris sort de l’euro et reprend le contrôle de sa banque centrale, alors la logique même de l’Union monétaire s’effondre.

La souveraineté ou mort

Le choix auquel la France est confrontée est donc binaire. Rester dans l’Union européenne, c’est accepter sept années d’austérité, de libre-échange déséquilibré et de perte progressive de souveraineté et de libertés fondamentales. Sortir, c’est affronter un choc brutal, mais ouvrir la possibilité d’une renaissance nationale et la France le mérite.

Dans les deux cas, les risques sont immenses. Mais l’histoire montre que les grandes nations ne renaissent qu’à travers des crises profondes. L’heure est venue pour la France de choisir entre une mort lente et certaine dans le carcan européen, ou une opération de chirurgie à haut risque qui pourrait lui rendre son indépendance.


Sources : lemonde.fr, afp.com, atlantico.fr

Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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