Inquiétude sur l’eau en Bourse

Publié le - Auteur Par Danielle B -
Inquiétude sur l’eau en Bourse

Depuis décembre 2020, un nouveau marché financier a été créé aux États-Unis. Désormais, en Californie, les investisseurs peuvent parier sur le cours de l’eau et sur son évolution. Selon le quotidien France Soir, cette entrée en bourse ne peut que susciter la préoccupation des organisations.

 Pourquoi cette préoccupation ?

 En Californie, l’eau fait aujourd’hui l’objet de contrats à terme. Ces derniers sont échangés sur le marché à terme américain CME ou Chicago Mercantile Exchange. Ils sont adossés à l’indice Nasdaq Veles California Water. Dorénavant, les investisseurs peuvent ainsi spéculer sur l’évolution du cours de cette ressource naturelle.

 L’eau est désormais une valeur financière

 La création de ce nouveau marché financier terrifie plus d’un. Certes, l’attribution d’une valeur financière à la nature prend de plus en plus d’ampleur. Mais avec l’entrée en bourse de l’eau, le phénomène a atteint son paroxysme.

L’or bleu est considéré comme une ressource inestimable. D’ailleurs, il n’est autre qu’un élément essentiel à la vie et à l’humanité. Son entrée en bourse n’est pourtant pas sans conséquence :

  • Il est aussitôt devenu une marchandise comme le blé, le gaz naturel et l’or.
  • Il s’est transformé en une valeur financière,
  • Son statut de bien commun appartenant à l’humanité se retrouve compromis.

Les raisons de cette entrée en bourse 

D’après les précisions de France Soir, l’entrée en bourse de l’or bleu est liée à la situation qui sévit en Californie :

  • Depuis plusieurs années, cet État situé au Sud-ouest des États-Unis souffre de sécheresse intense entraînant des incendies destructeurs,
  • Les fleuves se dessèchent et l’eau devient toujours plus rare,
  • Après des périodes de sécheresse, des pluies abondantes entrainent des variations du prix de l’eau.

Face à cette situation, les autorités américaines ont préféré s’en remettre au marché. Désormais, les agriculteurs peuvent acquérir des titres d’utilisation d’eau. Cependant, plutôt que de s’en servir pour la production de fruits et légumes, ils préfèrent les revendre au plus offrant.

Quelles sont les conséquences de cette entrée en bourse ?

Selon les résultats d’une enquête menée par Reporterre, l’or bleu pourrait devenir le nerf de la guerre face au réchauffement climatique qui risque de sévir dans les années qui suivent.

Une hausse des prix

L’eau est devenue une ressource collective rare et que l’on peut aliéner. La spéculation boursière ne fait qu’entraîner l’envolée de son prix :

  • Ce sont les marchés financiers qui encouragent cette pratique,
  • Le Nasdaq Veles California Water détermine le cours,
  • Le prix est fixé en fonction des achats réalisés la semaine d’avant,
  • Selon France Soir, 1,2 million de litres est en ce moment coté à 728 dollars. L’an dernier, à la même période et pour le même volume, le prix affiché était de 495 dollars,
  • Le système est inégalitaire. Les plus offrants et les gros consommateurs risquent de s’emparer de la ressource,
  • L’eau est devenue un placement financier intéressant compte tenu de sa rareté et de l’inexistence d’aucun substitut.

A terme, le marché peut s’étendre dans les autres États américains et même dans le reste du monde.

Le droit à l’eau est compromis

Pour vivre dignement, chaque personne doit accéder à 50 litres par jour. Cependant, avec cette nouvelle vision utilitariste et économique en ce qui la concerne, ce droit n’est plus une réalité pour tous :

  • Ce sont les plus riches, les industriels et les gros agriculteurs qui s’accaparent cette ressource naturelle,
  • Les populations précaires sont livrées à elles-mêmes,
  • Puisque les règles sont fixées par le marché, les politiques n’ont plus la possibilité de garantir ce droit à l’eau,
  • D’importantes injustices sociales risquent d’apparaître.

Pour mettre un terme à la marchandisation et à la privatisation de l’eau, les organisations préconisent une mobilisation citoyenne pour faire pression sur les États.

Par Danielle B

Rédactrice spécialisée sur les sujets : Argent, banque, budget.

Laisser un commentaire