Acheter des actions chinoises : est-ce le bon moment ?

Publié le - Auteur Par Emmanuelle Audibert -
Acheter des actions chinoises : est-ce le bon moment ?

Depuis quelques semaines, on assiste à une augmentation des flux de capitaux vers les marchés financiers chinois. Découvrez le cryptage de la situation et notre analyse pour savoir s’il faut retourner sur les actions chinoises.

Que penser des actions chinoises actuellement ?

Voyons tout d’abord pourquoi les investisseurs s’intéressent à nouveau aux actions chinoises et si la situation est pérenne.

La raison du retour en grâce : la politique monétaire chinoise

L’explication est simple : le gouvernement chinois vient de baisser son taux directeur, dans l’objectif de relancer l’économie chinoise.

Les investisseurs sont attirés par cette nouvelle donne et investissent donc à nouveau en Chine, d’autant plus qu’aux Etats-Unis et en Europe, c’est plutôt un durcissement des taux qui est prévu, voire en cours.

C’est donc la politique monétaire accommodante qui explique ce mouvement des capitaux actuel vers la Chine.

Mais cette embellie n’est pas forcément pérenne !

Dans une interview récente, Patrick Artus, chef économiste chez Natixis, a plusieurs inquiétudes quant au marché chinois :

  • Il s’agit d’un marché très volatil,
  • Les autorités ne sont ni claires, ni stables. Elles alternent entre des périodes de soutien à l’économie et d’autres où elles “lâchent” leurs entreprises,
  • Le marché et l’État fonctionnent de manière très opaque,
  • Et enfin, les investisseurs ont de vraies difficultés à trouver des entreprises chinoises dans lesquelles on peut investir facilement.

La Chine : une rupture de paradigme annoncée

Artus va plus loin et soutient qu’en réalité, la Chine entre dans une nouvelle phase de son développement économique, qui remet complètement en question les stratégies d’investissement qui prévalaient jusqu’à aujourd’hui.

La croissance folle de l’économie chinoise, c’est fini !

De la fin des années 1990 à 2017, la Chine a connu une très forte croissance de son PIB, qui rendait quasi-obligatoire pour les investisseurs d’investir en Chine. C’est en effet là que se trouvait la croissance !

Mais une véritable rupture est à l’œuvre, en particulier sur le plan démographique. La population est vieillissante et le nombre d’actifs diminue.

La croissance est également largement tirée par les exportations et très peu par la consommation intérieure, pour de nombreuses raisons. Par exemple, les entreprises travaillent à se désendetter et les ménages économisent en cas de coup dur.

Selon M. Artus, la croissance potentielle chinoise était – il y a quelques années – de 6% par an, et elle est plutôt de l’ordre de 2,5% par an à présent.

Un risque de conflit militaire très limité

La bonne nouvelle, c’est que la Chine est redevenue une économie mercantiliste, ce qui limite les tensions avec l’Europe et les USA. Le risque d’un conflit militaire est donc limité, d’autant plus que la culture chinoise est beaucoup plus réfléchie et à visée long-terme que celle de M. Poutine en Russie, par exemple.

Ce point est donc plutôt favorable à l’achat d’actions chinoises.

La Chine risque de devenir le nouveau Japon !

Fort de ce constat, on devrait considérer avec grande précaution l’investissement en Chine, qui pourrait connaître un avenir économique similaire à celui du Japon : une longue période de croissance faible ou nulle.

Concrètement, on n’a plus l’obligation d’investir dans l’économie chinoise pour trouver la croissance !

D’autant plus qu’on ne sait pas réellement tout ce qui se passe en Chine. Les informations sont distillées par le Parti Communiste et ne sont pas toujours fiables.

Et il y a aussi les nouveaux confinements liés à la pandémie Covid-19, qui peuvent impacter la croissance chinoise.

Tout ceci aura des implications fortes sur la valorisation des actifs.

Quel avenir pour l’économie chinoise ?

La Chine entre dans une nouvelle ère. Elle doit se doter d’une nouvelle stratégie de développement, axée sur la modernisation et la montée en gamme technologique de son économie.

Les industries routinières se déplaceront quant à elles vers l’Inde et d’autres pays moins développés.

Pour conclure : oui à court-terme, mais c’est tout !

Le monde des affaires ne croit pas à une rupture politique entre les Etats-Unis et la Chine, les liens commerciaux sont trop forts. Toutefois, le potentiel de croissance aux Etats-Unis est aujourd’hui plus fort qu’en Chine, il peut donc être logique à long terme de privilégier les Etats-Unis.

Toutefois, à horizon court-terme, à cause de l’effet temporaire de la politique monétaire chinoise, cela a du sens d’investir dans les actions chinoises.

Notons enfin que les pays producteurs de matières premières vont être gagnants de la situation ukrainienne et de la lutte contre le dérèglement climatique : on entre dans un monde de rareté, le Chili par exemple va en profiter, ainsi que l’Afrique subsaharienne…


Cet article est informationnel. Nous partageons, nos différentes recherches et connaissances.
Si vous avez besoin de conseils en termes d’investissements, contactez notre conseiller immatriculé auprès de l’Orias.

Par Emmanuelle Audibert

Rédactrice en école de journalisme à Aix-en-Provence

Laisser un commentaire