La BCE annonce l’arrivée de l’euro numérique (digital euro) dès octobre 2025 : Bitcoin peut-il être une alternative ?

Publié le - Auteur Par Tony L. -
La BCE annonce l’arrivée de l’euro numérique (digital euro) dès octobre 2025 : Bitcoin peut-il être une alternative ?

Un bouleversement se prépare dans le paysage monétaire européen, attisant les débats entre économistes et responsables politiques. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a récemment confirmé que l’euro numérique sera opérationnel dès octobre 2025. Cette annonce pourrait sonner la fin de l’argent liquide en Europe et avoir d’énormes conséquences sur la liberté des citoyens au sein de l’Union. Dans le même temps, certains estiment que Bitcoin pourrait s’imposer comme le nouveau cash, tant il semble offrir des caractéristiques de souveraineté individuelle que ne garantit pas un système centralisé.

L’annonce de Christine Lagarde

Le 7 mars dernier, Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, soulignait l’urgence d‘adopter l’euro numérique. Revenant sur les cinq années et demi de travail qu’elle a consacré à ce projet, elle souligne les efforts collaboratifs déployés pour concrétiser cette initiative d’ici octobre 2025. Christine Lagarde appelle avec passion toutes les parties prenantes – le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission européenne – à accélérer le processus législatif, soulignant l’importance cruciale de l’euro numérique dans le paysage financier en rapide évolution d’aujourd’hui.

Cette déclaration peut clairement être interprétée comme un tournant pour la politique monétaire européenne. De nombreux analystes y voient la volonté de la BCE de s’adapter aux évolutions technologiques, à l’essor des crypto-actifs et à la digitalisation générale de l’économie. Toutefois, des voix se lèvent pour alerter sur une possible centralisation extrême du pouvoir monétaire et financier, qui pourrait restreindre la marge de manœuvre des citoyens dans la gestion de leur propre argent.

Qu’est-ce que l’euro numérique ?

L’euro numérique est une version entièrement dématérialisée de la monnaie que nous utilisons au quotidien, émise et contrôlée par la BCE, c’est une MNBC ou monnaie numérique de banque centrale. Contrairement aux cryptomonnaies décentralisées comme le Bitcoin, il s’agit d’une monnaie programmable, d’un instrument dépendant d’une banque centrale, donc soumis aux règles de politique monétaire fixées à Francfort. Certains responsables européens présentent ce futur dispositif comme un moyen de moderniser les transactions, de réduire les coûts, voire de concurrencer les initiatives privées déjà en place. Cependant, la réalité est qu’un tel outil permettra de suivre l’historique des paiements de chaque individu et d’exercer des restrictions sur l’usage de la monnaie en cas de crise ou de volonté réglementaire plus stricte.

La fin programmée de l’argent liquide

Plusieurs personnalités politiques et économiques interprètent l’avènement de l’euro numérique comme une étape décisive dans la disparition progressive de l’argent liquide. Certains pays européens utilisent déjà massivement les cartes bancaires et les moyens de paiement électroniques, réduisant la part de la monnaie sous forme de pièces et de billets. Or, la perspective d’une suppression totale du cash inquiète une partie de la population, qui craint la mise en place d’un contrôle absolu sur les transactions. L’impossibilité de recourir à un moyen de paiement anonyme serait un bouleversement majeur pour les libertés individuelles.

Traçabilité et pouvoir démesuré

Un des points sensibles dans cette affaire est la traçabilité. Avec un euro numérique, la BCE disposerait de la capacité de surveiller tous les flux financiers et de connaître la destination de chaque paiement. Dans certaines circonstances, le détenteur du compte pourrait se retrouver confronté à des limitations décidées par l’autorité émettrice, on parle ici de blocage de fonds, de restrictions sur les dépenses pour certains secteurs d’activité, de ponctions sur les dépôts en cas de crise bancaire, etc. Cette faculté de contrôle pousse les plus sceptiques à qualifier l’euro numérique d’instrument dangereux pour la liberté. Plusieurs élus européens, qui s’opposent frontalement à ce projet, mettent en avant le risque d’arbitraire et d’abus.

Le précédent des crises bancaires

En 2013, la crise bancaire à Chypre avait révélé au grand jour la possibilité de ponctionner les comptes des épargnants pour renflouer les banques en difficulté. Un euro numérique pourrait faciliter ce genre d’opération, puisqu’il suffirait d’ordonner une retenue sur les soldes numériques dans l’ensemble de la zone concernée, sans possibilité de fuir vers le liquide. D’un point de vue strictement opérationnel, cette efficacité est un avantage pour la banque centrale, mais l’individu est dépourvu de tout recours rapide pour échapper à une telle mesure.

Le débat autour de Bitcoin comme nouveau cash

Face à cette réalité, de plus en plus de gens s’intéressent à Bitcoin et aux autres cryptomonnaies décentralisées. Leur logique de fonctionnement repose sur un réseau distribué, qui ne dépend pas d’une banque centrale ou d’un État. Dans l’esprit de nombreux partisans du Bitcoin, cette caractéristique s’apparente à une forme de cash numérique, car chaque utilisateur contrôle ses propres clés et, par conséquent, ses avoirs. Aucun organisme ne peut, en théorie, bloquer une transaction ou imposer une saisie sur un portefeuille. Les défenseurs de Bitcoin soulignent également la transparence des transactions sur la blockchain et la sécurité du système dans son ensemble.

Contrôle ou liberté ?

L’opposition entre euro numérique et Bitcoin ne se résume pas simplement à des considérations techniques. Elle reflète une divergence idéologique profonde sur la place de l’État et des institutions financières dans la gestion de la monnaie. Les partisans d’un euro numérique soulignent qu’une monnaie émise par la BCE peut apporter une stabilité et un cadre réglementaire sécurisant pour les consommateurs. À l’inverse, ceux qui se tournent vers Bitcoin mettent en avant la liberté que procure un système résistant à la censure, ainsi qu’une protection potentielle contre l’inflation.

De nombreux acteurs du secteur rappellent qu’il existe sans doute un espace de coexistence entre les deux modèles. Certains experts envisagent même la possibilité que des entreprises ou des particuliers utilisent les deux formules en parallèle, en fonction de leurs besoins. Toutefois, le risque d’un abandon total du liquide reste au cœur des débats et accentue le fossé entre soutiens et opposants à la monnaie centralisée.

Constitutionnaliser le liquide

En France comme ailleurs, quelques responsables politiques réclament l’inscription du droit à l’utilisation de l’argent liquide dans la Constitution, afin de garantir la pérennité de ce moyen de paiement. Ils estiment que les citoyens doivent conserver la possibilité de régler leurs transactions de manière anonyme et indépendante, sans dépendre uniquement des banques ou d’un système numérique centralisé. Pour ces élus, inscrire la protection du cash dans la loi fondamentale serait une ultime barrière contre les dérives potentielles d’une Banque centrale toute-puissante. Rappelons que la nouvelle administration Trump vient clairement d’interdire toute création de monnaie numérique de banque centrale aux Etats Unis (MNBC ou CBDC).

Développer des cryptos indépendantes

D’autres voix prônent l’idée d’encourager l’émergence de cryptomonnaies nationales ou d’adopter, en parallèle, des solutions décentralisées existantes pour préserver la souveraineté financière et la diversité des moyens de paiement. Plusieurs économistes rappellent par ailleurs que la France, disposant historiquement d’une monnaie nationale (le franc), pourrait envisager diverses approches, depuis la création d’un actif numérique national jusqu’à la valorisation de projets francophones dans le secteur des cryptomonnaies.
Le débat reste néanmoins complexe : la BCE possède un champ d’action considérable au sein de la zone euro, et l’adhésion à cette zone monétaire implique de respecter les directives qui en découlent. L’idée de réintroduire le franc ou une cryptomonnaie nationale se heurte donc à la volonté de l’UE de maintenir l’architecture institutionnelle actuelle.

Des propos alarmistes confirmés par des exemples récents

Lors de rencontres internationales, des représentants de forums économiques ont déjà évoqué la possibilité de programmer l’usage d’une monnaie numérique d’État, afin de définir ce qui peut ou non être acheté par les citoyens. Cette réalité soulève la question du rôle du pouvoir politique et des banques centrales : doivent-elles simplement fournir un service public de paiement, ou aller jusqu’à dicter la consommation des individus ?

À Davos, en 2024, un participant d’un grand organisme multilatéral a explicitement admis que l’adoption d’une MNBC (monnaie numérique de banque centrale) renforcerait le contrôle gouvernemental sur l’économie et la société. De tels propos font craindre l’apparition d’une forme de gouvernance financière totalitaire, où chaque geste monétaire serait scruté et potentiellement sanctionné.

Vers une conscientisation du grand public

Jusqu’à présent, le grand public n’a pas toujours porté une grande attention à ces sujets techniques, souvent perçus comme complexes. Mais avec l’annonce d’une date précise pour l’euro numérique (octobre 2025), la prise de conscience s’accélère. Les médias commencent à relayer la position de ceux qui se méfient d’un système centralisé, tandis que la popularité du Bitcoin et d’autres cryptos s’accroît chez les particuliers en quête de liberté financière. On assiste aussi à une intensification des débats parlementaires, tant sur la confidentialité des données que sur l’opportunité de légiférer rapidement pour encadrer ou au contraire freiner la disparition du cash. Une chose est sûre, l’échéance d’octobre 2025 approche, et il sera difficile d’ignorer ce sujet dans les discussions autour du futur de la monnaie en Europe, et ce n’est pas trop tôt.

Connexe : L’euro numérique se déploie tandis que Washington durcit sa position contre les MNBC

Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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