Chasseurs de trésor : le hasard peut-il nous faire gagner de l’argent ?

Modifié le - Auteur Par Nantcy L -
Chasseurs de trésor : le hasard peut-il nous faire gagner de l’argent ?

INTERVIEW.

Qui n’a jamais rêvé de trouver un trésor ? Durant la période estivale, nombreux sont ceux qui ratissent les plages avec leur détecteur de métaux. Qu’espèrent-ils trouver ? Peut-on vivre de cette pratique ? David Cuisinier, chasseur de trésors professionnel, nous révèle les secrets de cette activité mystérieuse.

 

Travail, épargne, placements… Il existe 1001 façons conventionnelles de gagner de l’argent. Certains préfèrent néanmoins s’en remettre au hasard, en cherchant des trésors. Selon David Cuisinier, créateur et gérant de la boutique du fouilleur et du magazine éponyme, ils seraient environ 250 000 en France à pratiquer ce mystérieux loisir. Ce rêve d’enfant gardé secrètement est devenu, au fil du temps, une véritable activité de masse et un mode de vie. L’expert en numismatique et artefacts ancien, qui est aussi président du Syndicat Detexpert promouvant le loisir de la détection de métaux, a l’histoire pour passion. Par le biais de contrats privés, ce chasseur d’objets anciens écume avec l’équipe du site Chasseur-de-tresor.fr les maisons et terrains privés partout en France, pour révéler à leurs propriétaires des biens familiaux (bijoux perdus, argent des aïeuls, etc.).

Chasse aux trésors : pourquoi cet univers fascine autant ?

Indiana Jones, Tomb Raider, Uncharted, Tintin… Les histoires de chasses aux trésors inspirent autant l’art qu’elles émerveillent le public. Quelles en sont les raisons ?

La chasse aux trésors, une machine à remonter le temps

Lorsqu’on pratique la chasse aux trésors, le monde qui nous entoure devient un terrain de jeu géant. L’espoir de trouver des objets de valeur (financière ou culturelle) est le moteur de chaque pratiquant. Cette passion permet de profiter de l’instant présent, tout en réalisant un véritable voyage dans le temps. Une quête personnelle et collective qui nous ramène à l’histoire, « pour ne pas oublier d’où on vient et qui on est, tout en s’amusant », nous indique David Cuisinier. Et d’ajouter : « Ce loisir que je pratique depuis 2005 permet de cultiver son corps, son esprit tout en étant en contact avec la nature. Il permet aussi de dépolluer nos terres et de faire avancer la recherche archéologique. »

« Il y a 20 ans, ceux qui partaient à la chasse aux trésors avaient comme ambition de devenir riche, en trouvant de l’or, par exemple. Certains y parvenaient. Il y a désormais moins de belles trouvailles, mais l’on tombe souvent sur des pièces qui ont plus d’une centaine d’années, ou du temps de l’occupation. La motivation première n’est pas d’ordre pécunier, elle est de passer un bon moment en famille en extérieur à la découverte de notre histoire commune. Le détecteur de métaux est la seule machine à remonter le temps qui fonctionne », nous assure l’expert en chasse aux trésors, reconnu internationalement.

La chasse aux trésors, un enrichissement avant tout culturel

« En Angleterre, aux États-Unis, en Australie (ou encore en Afrique), nombreux sont ceux qui parviennent à en vivre et même à s’enrichir, en cherchant des pépites d’or ou des pierres précieuses. Car, la loi leur est favorable. Une fois leurs objets déclarés, ils peuvent les revendre à leur guise. On se bat actuellement pour bénéficier de la même législation en France, deux lois sont en préparation. Car, dans notre pays, c’est bien plus compliqué » se désole David Cuisinier. « Dans l’Hexagone, on s’enrichit culturellement, mais beaucoup moins financièrement. Chaque objet ou monnaie a une histoire. C’est fascinant, car replonger dans le passé nous permet aussi de comprendre le présent. »

Chasse aux trésors : ce que dit la loi en France

« Avant 2016, la déclaration d’un butin ou d’un trésor ayant un intérêt archéologique ou culturel permettait au propriétaire de bénéficier de 50% de ce dernier. L’autre moitié revenait à l’État. Or, depuis la mise en place de la nouvelle loi patrimoine du 9 juillet 2016 (art 541), l’État peut s’approprier n’importe quelle découverte historique ; sans contrepartie et quelle que soit la circonstance de la découverte. Résultat, plus personne ne déclare ses trésors. Cela revient en quelque sorte à une forme de légalisation de la spoliation. Voici précisément ce que dit la loi : « Nul ne serait utiliser un détecteur de métaux, à des fins de recherche pouvant intéresser l’art, l’archéologie ou l’histoire ». Soit, tous les objets datant d’avant 1875 et tout ce qui concerne les deux premiers conflits mondiaux. Si des fouilleurs trouvent de tels articles, il faut les déclarer sur le site mesdemarches.culture.gouv.fr », détaille le chasseur de trésors professionnel. « Dans ce cas, pour éviter les ennuis, il conseille d’indiquer qu’ils n’ont pas été découverts grâce à un détecteur de métaux. Des millions de pièces n’ayant aucun intérêt archéologique n’ont pas besoin d’être déclarés », préconise-t-il.

Où a-t-on par ailleurs le plus de chance de déterrer des trésors ?

Chasse aux trésors : les conseils de l’expert

Mer, plage, forêt, campagne… Quels sont les lieux qui regorgent de trésors ?

De la qualité en forêt, de la quantité dans les champs

Durant la période estivale, nombreux sont ceux à venir sur la plage tôt le matin avec des détecteurs de métaux : bonne ou mauvaise idée ?

« N’importe quel lieu renferme des trésors. Que ce soit à la mer, dans un champ ou dans la forêt, on trouve toujours quelque chose nous ramenant à l’histoire. Dans les champs, du fait de l’activité intense, les fouilleurs font beaucoup de trouvailles, mais elles sont souvent abîmées par les pesticides et autres charges. En forêt, c’est plutôt l’inverse, car elles étaient à l’époque fréquentées par les nobles. Il y a donc moins de trésors, mais ils sont de meilleure qualité et ont donc plus de valeur », analyse David Cuisinier. Selon l’époque et leur état, certaines pièces peuvent coûter jusqu’à plusieurs milliers d’euros.

« Le secret est d’aller là où il y a de la vie. Les chances de trouver des trésors se multiplient donc dans les centres urbains, sur les hauteurs, près de l’eau… Il faut y aller au hasard », conseille l’expert.

Trésors : que retrouve-t-on près de la mer ?

« Sur le sable sec, on peut utiliser un détecteur classique pour déterrer le plus souvent des clés, des smartphones, des bijoux perdus… mais aussi des seringues et autres pollutions (capsules métalliques, canettes…). En revanche, pour pratiquer du beachcombing (fouille à la plage), une machine spéciale est nécessaire. Les pièces, ainsi que la plupart des beaux bijoux se situent dans la bande mouillée du sable noir. La détection y est plus difficile, mais peut s’avérer fort rentable, une fois la marée haute passée. Environ une cinquantaine de personnes en France parviennent à vivre de cette activité. La recherche sur certaines plages est en revanche interdite la journée, durant les vacances d’été », prévient le directeur de publication du magazine spécialisé. Mieux vaut donc y aller le matin tôt ou le soir, avant le passage de la dameuse. Les trouvailles sur la plage ne nécessitent par ailleurs pas de déclaration.

« Il faut beaucoup de patience, et ne pas se décourager. Balayer doucement la zone choisie plusieurs fois. Puis, acheter le matériel nécessaire (à partir de 200 €) dans l’une des 10 boutiques de détecteurs de métaux présentes en France, afin de profiter des conseils et bonnes pratiques des vendeurs spécialisés. Enfin, il ne faut surtout pas s’aventurer dans les ruines, sur les sites historiques ou archéologiques, car ce genre de recherche est réservé aux seuls archéologues », conclut le chasseur de trésors.

Une question se pose néanmoins : le véritable trésor, inestimable, ne se cacherait-il pas tout simplement dans la quête et le voyage où la chasse nous transporte ?

Par Nantcy L

Journaliste plurimedia depuis 15 ans, je m'intéresse à différents univers : économie, lifestyle, société, culture, psycho & développement personnel... Pour Comparateurbanque.com je vous livre, à l'aide d'experts, des conseils pour mieux gérer votre argent.

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