Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, a fait une intervention remarquée face aux organisations patronales. Il a en effet incité les entreprises qui le peuvent à augmenter la rémunération de leurs salariés pour faire face à la forte inflation. Retrouvez ici tout ce qu’il faut savoir sur l’inflation, mais aussi le retour des économistes sur la proposition de Bruno Le Maire. Est-ce une bonne idée ? Cette mesure peut-elle au contraire aggraver la situation économique actuelle ? Éléments de réponse.
Inflation record : une première depuis près de 40 ans
Le point sur l’inflation en France et dans le monde
C’est du jamais vu depuis près de 40 ans, l’inflation sur une année est de quasiment 5 % en France. Mais notre pays est loin d’être un cas isolé. En effet, l’inflation atteint 7,4 % sur l’ensemble de la Zone euro et 8,5 % aux États-Unis. Cette situation s’explique par le contexte économique mondial rendu difficile par différents factures : la pandémie de la COVID-19, la création à outrance de masse monétaire et encore accentué par la guerre en Ukraine.
En effet, les différents confinements ont eu pour conséquence de diminuer drastiquement la productivité des entreprises, entraînant automatiquement une diminution de l’offre et une augmentation des prix. Le conflit aux portes de l’Europe a eu le même effet à cause de la forte dépendance mondiale aux exportations de matières premières en provenance de Russie notamment pour le gaz, le pétrole, le charbon, le blé, etc.
Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie, et sa demande aux entreprises
Pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat, le Ministre de l’Économie s’est adressé aux entreprises, demandant à celles qui le peuvent d’envisager d’augmenter la rémunération de leurs salariés.
En effet, si l’inflation flambe, les salaires quant à eux ont du mal à suivre, les augmentations dépassant rarement les 3 % et ne touchant pas l’ensemble de la population. Selon Bruno Le Maire, les entreprises devraient utiliser massivement la prime « Macron ». Il s’agit d’un dispositif qui permet aux patrons de verser une prime (dont le montant plafond ne cesse d’augmenter pour atteindre à priori 6 000 € courant 2022) exonérée à la fois de cotisations sociales et d’impôts. Dans les faits, la prime moyenne versée par les entreprises dans le cadre de ce dispositif était de 506 €.
Est-ce réellement suffisant pour faire face à la diminution du pouvoir d’achat ?
Est-ce une bonne idée de demander aux entreprises d’augmenter les salaires ?
Les dangers d’une telle mesure
L’augmentation des salaires prise en charge par les entreprises peut présenter un certain nombre d’inconvénients :
- Tout d’abord, il est important de rappeler que les entreprises doivent également faire face à l’augmentation du prix des matières premières. Elles n’ont donc pas forcément la trésorerie nécessaire pour assumer seules une augmentation des revenus de leurs salariés.
- De plus, de nombreuses structures ont déjà été contraintes de mettre en place une augmentation des salaires pour faire face au manque de main-d’œuvre qui touche de nombreux secteurs.
- Cela peut également avoir pour effet de raviver les conflits sociaux. Les salariés dont les entreprises ne proposent pas d’augmentation de salaire peuvent se sentir lésés par rapport à ceux qui en bénéficient.
- Enfin, cette mesure peut avoir pour effet de créer une boucle inflation-salaire. Explications. Les entreprises augmentent les salaires de leurs employés. Pour faire face au coût de cette mesure, elles augmentent leurs tarifs. Face à cette hausse des prix et pour ne pas perdre encore de pouvoir d’achat, les salariés vont solliciter leur employeur pour obtenir une nouvelle augmentation, etc.
Les alternatives
Les économistes envisagent des alternatives qui permettraient de ne pas faire peser sur les entreprises les mesures permettant de conserver le pouvoir d’achat des ménages :
- une augmentation significative du SMIC ;
- la baisse des charges sur les salaires permettant de fait une augmentation du salaire net sans pour autant grever le budget des entreprises ;
- la réduction de la CSG ;
- la diminution des dépenses de fonctionnement de l’État afin de financer des mesures en faveur des salaires et du pouvoir d’achat ;
- la mise en place de mesures pour la modernisation de l’économie et l’augmentation de la productivité des entreprises ;
- etc.