Enquête sur les Stress Tests effectués sur les banques

Modifié le - Auteur Par Olivier B. -
Enquête sur les Stress Tests effectués sur les banques

L’idée de départ de ce billet était d’évoquer l’actualité du Crédit Mutuel. Quand tout à coup, nous sommes tombés sur l’argument béton de la banque : « n°1 aux tests de résistance de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour les grandes banques françaises à réseau ». Intrigués, nous voici embarqués sur le chemin des stress tests. Et le pire, c’est qu’on vous y entraine !

 

Un stress test, c’est quoi ?

Le test de résistance appliqué aux banques consiste à évaluer leur capacité à ne pas défaillir en cas de retournements extrêmes du contexte économique et financier. Tiens, ça nous rappelle quelque chose…

Mieux saisir l’impact des facteurs macro-économiques

Anticiper, tel est le maitre mot des autorités de contrôle et de supervision des banques afin d’éviter qu’une catastrophe ne mette à terre tout le système par effet domino. C’est à la fin des années 90 que sont mis en place ces tests de résistance. Il faut dire que la décennie est marquée par une succession de crises bancaires et financières. Or, les experts relèvent à l’époque que l’analyse des facteurs macro-économiques est insuffisante ou sous-estimée. Pour rappel, ces facteurs sont le taux de chômage, la consommation, l’inflation, la récession…tiens, ça nous rappelle quelque chose.

Déceler d’éventuels risques systémiques

Le stress test, c’est l’application de différents scénarios basés sur l’évolution de nombreux critères. Et la question centrale est la suivante : quel est l’impact sur les portefeuilles des établissements bancaires de ces scénarios, à horizon d’un ou deux ans ? Les analystes observent donc les conséquences d’un scénario dégradé ou extrême par rapport au scénario de base reprenant le consensus des économistes et voient comment les banques s’en sortent. Notez que les tests de résistance concernent les établissements mais aussi l’ensemble du système. Autrement dit : si un établissement ne résiste pas au scénario, qu’est-ce que cela entraine sur les autres établissements ? On parle alors de risque systémique.

 

 

La fiabilité des stress tests mis à mal

Depuis la fin des années 2000, le risque est donc maitrisé. Non, pas vraiment. En tout cas, la crise des subprimes de 2009 a nécessité une évolution des tests de résistance bancaire.

L’échec de 2009

Malgré la mise sur le grill des facteurs macro-économiques, la crise des subprimes a révélé que certaines évolutions étaient passées sous les radars (en l’occurrence la baisse des prix du marché immobilier américain). Une crise qui a causé la faillite de la banque Lehman Brothers, le soldat que n’ont pas voulu sauver le gouvernement et la Banque Centrale des Etats-Unis (FED). Ni une ni deux, les autorités ont mené en 2009 un stress test de grande envergure, la BCE emboitant le pas l’année suivante. L’opération a été réitérée en 2011 et en 2013, avec des résultats plutôt probants si on excepte les banques grecques et espagnoles.

Le sacro-saint ratio de solvabilité

En 2014, avec l’instauration d’une Union bancaire européenne, un nouveau test de résistance est lancé. Il concerne 128 établissements dont notre Crédit Mutuel qui se classe 1e dans l’hexagone. Le groupe mutualiste continue d’ailleurs d’occuper ce rang avec, en 2018, un ratio de solvabilité de 17,42%. Dans son dernier communiqué pré-confinement, publié le 04 mars 2020, le Crédit Mutuel explique : « La mise en réserve de ces résultats au service de l’investissement et du développement conforte à nouveau la solidité financière du groupe avec un ratio de solvabilité CET1 de 18,2 %, parmi les plus élevés des banques françaises. ».

Donc solides les banques ? Attention car des résultats costauds aux tests de résistance ne se traduisent pas automatiquement par une absence de risque. Pourquoi ? D’une part, une crise d’ampleur exceptionnelle comme celle que nous traversons n’entrait sans doute pas dans les scénarios testés. D’autre part, apprécier exactement le niveau d’exposition des banques reste un exercice délicat.

Mieux vaut donc mettre son argent en sécurité en diversifiant ses produits et ses établissements, d’autant que les tests de résistance prévus en 2020 viennent d’être décalés à l’an prochain par l’Autorité bancaire européenne (ABE). Un délai sans doute bienvenu pour les banques.

Par Olivier B.

Olivier est un rédacteur disposant d'une forte expérience dans l'univers banque et fintech.

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