Faisons un peu de prospective : quels sont les différents avenirs possibles pour le réseau Bitcoin ?
L’excellent ouvrage de vulgarisation sur le sujet, « Bitcoin et autres crypto-monnaies », édité par l’équipe de Cryptoast nous invite à découvrir le monde du Bitcoin dans son ensemble. Et il conclut sur cette question, centrale pour les investisseurs intéressés par une vision long-terme, de l’avenir du Bitcoin.
Les 4 avenirs possibles pour Bitcoin
L’équipe de Cryptoast analyse 4 directions que pourrait prendre Bitcoin à l’avenir.
Premier scénario : les cryptomonnaies sont interdites
Nous ne sommes pas actuellement sur le chemin de ce scénario.
Par exemple, en France, pays ayant une forte tradition bancaire, les autorités encadrent Bitcoin et les crypto-actifs, mais ne semblent pas contre le développement de ces nouvelles technologies.
Toutefois, la possibilité existe que les États décident, à l’échelle internationale, d’interdire l’utilisation du Bitcoin. Ils pourraient mettre en avant les travers habituellement attribués au Bitcoin :
- fuite des capitaux et blanchiment d’argent,
- énorme quantité d’énergie nécessaire au minage et pollution associée, (cet argument a pourtant été réfuté à de nombreuses reprises par Sébastien Gouspillou par exemple)
- financement du terrorisme…
Comme le démontre le livre, ces inconvénients des crypto-monnaies s’avèrent, lorsqu’ils sont confrontés à une analyse rigoureuse, peu convaincants.
Ce scénario pourrait donc plutôt advenir dans le cas d’un mouvement coordonné des états pour maintenir leur souveraineté monétaire, et le pouvoir politique qui lui est associé.
Mais est-il vraiment possible d’interdire le Bitcoin ? Certains états, tels la Chine, l’ont déjà fait via le mining. ll n’est cependant pas aisé d’interdire l’utilisation d’une technologie qui est – par définition – décentralisée. Ce serait toutefois possible, indirectement, en s’attaquant à l’infrastructure nécessaire au développement de Bitcoin :
- les mineurs,
- les entreprises de stockage des crypto-actifs,
- les plateformes d’échange…
Deuxième scénario : les cryptomonnaies sont adoptées partout dans le monde
Le dollar américain (USD) est la monnaie d’échange internationale, par excellence.
Cette situation n’arrange pas tous les États, dont certains pourraient décider d’instituer Bitcoin comme devise officielle. C’est d’ailleurs ce qu’a déjà fait le Salvador récemment !
44 pays en développement étudient actuellement cette possibilité de manière très active.
Le problème de l’utilisation du dollar américain dans les échanges commerciaux et financiers est la dépendance au système financier américain, et aux frais bancaires associés. Le président du Salvador a estimé que son pays pourrait économiser 400 millions de dollars par an en utilisant exclusivement Bitcoin.
Un autre problème : l’extraterritorialité du droit américain. Concrètement, le droit américain stipule que les Etats-Unis peuvent poursuivre en justice toute personne ou entreprise, à l’échelle internationale, si le dollar a été utilisé dans un échange frauduleux (aux yeux de la justice américaine). La banque BNP Paribas en a fait les frais en 2015, avec une amende record de près de 9 milliards de dollars.
Décider d’utiliser une crypto-monnaie telle que Bitcoin comme devise officielle n’apporte cependant pas que des avantages !
En effet, l’État ne peut alors plus avoir de politique monétaire en tant que telle. Impossible de dévaluer la devise pour stimuler les exportations, par exemple.
Par ailleurs, Bitcoin étant par définition déflationniste, cela se traduirait par une baisse des revenus (des entreprises et des salaires des citoyens), ce qui nécessiterait une très bonne pédagogie de la part des dirigeants politiques !
Troisième scénario : Bitcoin devient centralisé
L’un des piliers philosophiques de Bitcoin est la décentralisation.
La condition pour que ce scénario d’un Bitcoin qui se centralise advienne est qu’au moins 50% des coins se retrouvent aux mains d’un groupe d’intérêt particulier. Cela pourrait être, par exemple, un groupe de milliardaires ayant pris la décision coordonnée de racheter tous les bitcoins disponibles, quel qu’en soit le prix, afin de prendre contrôle du réseau Bitcoin.
Le risque est toutefois faible. Les auteurs du livre indiquent que, selon BitInfoCharts, les 100 adresses possédant le plus de bitcoins n’en possèdent que 20% du total en circulation. Nous sommes donc très loin d’une situation monopolistique dans la détention des bitcoins !
Mais… il ne faut jamais dire jamais. Les fantaisies des milliardaires, tel que l’achat probable par Elon Musk (fondateur de Tesla et SpaceX) du réseau social Twitter, pour le montant de 44 milliards de dollars, sont la preuve que des investissements de très grande envergure sont possibles.
Notons, pour finir concernant ce scénario, que dans l’hypothèse d’un accaparement de Bitcoin par un acteur privé, sa valeur risque de chuter fortement. Ses millions d’utilisateurs seraient en effet révoltés de la situation et s’en détourneraient immédiatement.
Quatrième scénario : un piratage ou une panne de Bitcoin
Dernier des scénarios imaginés par les auteurs du livre de Cryptoast : un piratage de Bitcoin.
Trois risques principaux sont évoqués :
- l’attaque des 51% : comme nous l’avons vu dans le troisième scénario, il suffirait qu’un acteur (entreprise, milliardaire ou état) prenne possession de plus de 50% des capacités de calcul du réseau pour s’en emparer et ensuite en faire ce que bon lui semble. Une solution : forker le réseau et en créer un nouveau.
- l’ordinateur quantique : la cryptographie asymétrique, qui régit le réseau Bitcoin, est actuellement inviolable en pratique avec des ordinateurs classiques, quel qu’en soit le nombre. Par contre, l’ordinateur quantique, à l’avenir, pourrait permettre de découvrir les clés privées des utilisateurs du réseau en quelques minutes, rendant la sécurité inhérente à Bitcoin un vœu pieux. La solution serait alors de renforcer la technologie de Bitcoin pour la rendre résistante à la puissance de l’ordinateur quantique.
- la panne géante : dans le cas d’une panne géante du réseau Internet, Bitcoin resterait utilisable, en mode dégradé. Les informations pourraient être transmises par réseau satellitaire, ou même par ondes radios si besoin ! Toutefois, ses performances en seraient fortement affectées (tout comme le reste de l’économie par ailleurs).
Pour conclure sur l’avenir de Bitcoin
Dans le scénario 1, visant à interdire Bitcoin, pensons également aux monnaies numériques d’Etat qui sont en cours de préparation. Dans le scénario 3 et sa centralisation, pensons également à des fonds comme Black Rock, qui s’immiscent d’une manière invisible partout dans l’économie. Dans le scénario 4 , pensons au World Economic Forum qui a fait une simulation d’un internet shutdown et rappelons qu’ils avaient anticipé la pandémie du Covid-19 avant son arrivée.
Comme nous l’avons vu en analysant ces 4 scénarios principaux, Bitcoin a davantage de chances d’être progressivement adopté partout dans le monde, que d’être piraté, centralisé ou encore interdit à grande échelle. Pourtant ces 4 pistes sont possibles.
Ces risques, bien que faibles, existent toutefois, et doivent donc inciter à la prudence lorsqu’on investit dans les crypto-monnaies.
Notre équipe compte un conseiller financier spécialisé et enregistré auprès de l’Orias. Il est à votre disposition pour répondre à vos questions liées à l’investissement. N’hésitez pas à le contacter.