Quand miner du Bitcoin devient un acte écoresponsable

Publié le - Auteur Par Antonin C. -
Quand miner du Bitcoin devient un acte écoresponsable

Deux poids, deux mesures, deux discours diamétralement opposés. Pour les uns : hautement énergivore, le minage du bitcoin est considéré comme une aberration écologique. Pourtant, est-ce réellement le cas ? Pour les autres,  miner des actifs numériques est un acte militant, ambitieux, visionnaire, qui peut sauver la politique énergétique d’un pays compte tenu de l’augmentation du prix des hydrocarbures. Une entreprise française dont on parle peu dans l’hexagone s’est lancée sur ce marché. Elle rivalise avec de très gros acteurs internationaux. Regardons ce qu’il en est.

Le minage de bitcoin : pollue trop pour certains

Les transactions Bitcoin reposent sur un protocole appelé Proof-of-Work. Pour faire simple, chaque transaction nécessite la résolution de problèmes mathématiques complexes par un mineur afin de pouvoir être validée. Cette activité nécessite une capacité de calcul toujours plus grande.

Une activité énergivore

Le minage sur sa blockchain Bitcoin nécessite énormément de ressources informatiques. La confirmation de chaque transaction est prise en charge par plusieurs mineurs. Cependant, un seul pourra la valider et recevoir la récompense associée à la résolution du problème mathématique. En d’autres termes, plusieurs mineurs font la course pour une transaction que seul l’un d’entre eux remportera.

Ce travail exploite une quantité d’énergie importante. À l’heure actuelle, il est difficile de déterminer la facture énergétique d’une transaction Bitcoin selon le pays, le moment, la techno certains parlent d’environ 2 200 kWh, d’autres 300kWh. Certains sites qui comparent les fournisseurs d’énergie parlent de 77kWh.

Pour se représenter ces valeurs annoncées, la consommation moyenne mensuelle d’un foyer français, selon Total Energies, est de 390 kWh.

Le constat est le suivant

  • On fait dire ce que l’on veut aux chiffres,
  • Les chiffres sont très variables et dépendent d’un trop grand nombre de paramètres.
  • La consommation pour miner un BTC en kilowatt-heure est importante. Mais qu’en est-il de celle pour émettre nos billets papiers en euros, nos pièces, gérer nos transactions financières … ? Certains se sont risqués à la comparaison et les résultats convergent vers la difficulté à comparer les deux. Les données sont insuffisantes.
  • Au final, il semble que la question de la consommation énergétique du bitcoin se pose car il dérange : les Etats, les banques… qui ne peuvent pas le contrôler.

Une aberration écologique ?

Aujourd’hui, les médias, poussés par le gouvernements, mettent en avant certains comportements à modifier. Les conséquences liées au changement climatique sont pointées du doigt.

Si un élément n’est pas dans les petits papiers de la stratégie de l’Etat, alors il sera jugé coupable du pire et c’est ce qu’il s’est passé avec Bitcoin.

Ainsi, des médias considèrent le minage de bitcoin comme une activité néfaste du point de vue écologique. En effet, ils estiment que cette activité émet beaucoup de gaz à effet de serre à cause de sa forte consommation d’énergie. De plus, elle est surtout assurée par des fermes spécialisées dans le minage de crypto-monnaies à cause de la complexité croissante du minage. Cependant, ces fermes ne sont pas toutes aussi néfastes pour l’environnement que certains médias pourraient prétendre.

Un « maillon manquant à la transition énergétique » pour d’autres

Contrairement à la croyance populaire, la majorité des fermes de minage, soit 58 à 65%, selon Sébastien Gouspillou,  utilise le surplus d’énergie. Ce dernier provient des installations, habituellement hydrauliques, situées en Asie centrale ou en Afrique pour la plupart. Mais pas que. Parfois cela peut venir de l’activité pétrolière, d’une centrale nucléaire, de panneaux solaires … de n’importe quel type de production d’énergie.

BigBlock Datacenter, un groupe français aux ambitions dévorantes

BigBlock Datacenter (BBDC) est une entreprise nantaise co-fondée par l’entrepreneur Sébastien Gouspillou en 2017. L’entité est spécialisée dans le minage de bitcoin et elle voit grand et loin. 

En outre, elle se charge de commander les machines nécessaires à cette activité à la place de ses clients. Ceux-ci peuvent-être de riches particuliers, de grosses entreprises ou parfois des Etats comme le Salvador qui souhaitent posséder leurs propres appareils. La technique est rodée après avoir étudié le projet, l’équipe de BBDC livre sa stratégie avec un budget d’investissements nécessaires mais aussi et surtout le retour sur investissement. Non seulement cette énergie non exploitée sera utilisée mais en plus , elle va générer de nouveaux revenus  et si nécessaire elle sera dépolluée par exemple dans le cadre d’activité pétrolière. Un moyen pour l’industrie pétro-chimique de ne plus payer d’amende.

Lors du BBGS Roadshow Lutetia, qui s’est déroulé le 3 février 2022, Sébastien Gouspillou explique que souvent en Afrique sa mission première est souvent d’amener l’électricité aux populations. Il cite le CEO Norvegien de Aker Energy, M. Rokke, qui a expliqué deux choses à propos du Bitcoin l’an dernier :

  • Le bitcoin est une batterie économique pour les électricien
  • Le Bitcoin est le maillon manquant à la transition énergétique.

Deux exemples forts de sens.

BBDC veut développer son activité dans 15 nouveaux pays

Par ailleurs, Sébastien a bouclé un appel de fonds de 25 à 40 millions de dollars le 9 février dernier. Son activité fonctionne bien et elle fait face à une concurrence féroce qui dispose de gros moyens. Actuellement, il y a deux gros acteurs sur les USA. BBDC est sur l’Europe, l’Afrique, l’Europe de l’Est et l’Asie Centrale donc il y a un très fort potentiel.

Il faut donc se maintenir au niveau. Son but est de mettre en place des fermes de minages « vertes » disséminées dans le monde. Grâce à ce fond, l’entrepreneur compte se procurer le matériel de minage. En effet, il s’est imposé comme étant le défenseur de l’image des cryptomonnaies dans son activité de plus en plus écologique.

A plusieurs reprises, Sébastien Gouspillou a contacté le gouvernement français pour mettre en place son système en France. Mais le gouvernement est resté sourd.

Un minage de crypto-monnaies plus respectueux de l’environnement

La rentabilité du minage du bitcoin dépend surtout du prix de l’électricité qui alimente les machines. De ce fait, les principales fermes de minage de BBDC se trouvent au Kazakhstan et au Congo. Mais comme expliqué plus haut, au final, il peut y en avoir partout où il y a un excédent énergétique et actuellement nos installations n’arrivent pas à le gérer.

Là-bas (Congo par exemple), le kWh coûte 0,05 euro, un prix cinq fois moins cher qu’en France selon Sébastien. De plus, le prochain objectif de l’entreprise est de proposer des sources d’énergie moins chères à ses clients.

Actuellement, elle a localisé un « gisement » total de 900 mégawatts dans une quinzaine de pays. Cette énergie provient du surplus géothermique et hydroélectrique qui serait perdu s’il n’est pas exploité.

Le minage de bitcoin en ce sens n’est pas néfaste pour l’environnement.

Notre regret, BBDC est un acteur de l’univers crypto basé à Nantes mais pas assez exploité et appuyé en France. Il arrive souvent que notre pays passe à côté de pépites.

Par Antonin C.

Rédacteur budget, investissement, GreenFin et crypto.

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