Les néobanques ne dégagent toujours pas de bénéfices. Le constat était déjà le même en 2018, dans une première étude de l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) sur les établissements en ligne. L’étude, renouvelée en 2019, confirme la tendance, même s’il la situation s’améliore. Voici une synthèse et analyse de l’étude rendue durant l’été 2020 par l’ACPR.
Les néobanques ne sont toujours pas rentables
Le coût d’acquisition des clients demeure élevé
La plupart des néobanques interrogées affichent des bénéfices négatifs. Seulement une poignée d’entre elles commençant à dégager des profits. Par rapport à 2018, l’ACPR conclut à une amélioration des résultats, bien que toujours négatifs.
Pourquoi ? Pour un ensemble de paramètres liés au business model des néobanques. Mais principalement en raison du coût d’acquisition des clients.
Pour accroître leur base client, les néobanques n’hésitent pas à exonérer les nouveaux arrivants sur les services bancaires de base.
Ensuite, il se trouve que l’ACPR mélange néobanque et banque en ligne qui offre des primes de bienvenue, allant de 30 à 120 € (versées en une fois ou étalées sur les premiers mois, comme pour Monabanq).
Aussi élevé qu’il soit, le coût d’acquisition des clients semble justifié. L’ACPR estime que le nombre de comptes courants ouverts dans des néobanques a été multiplié par 2,5 en l’espace de deux ans : en 2019, il est passé à 3,5 millions de clients actifs !
Un Produit Net Bancaire en stagnation, voire en diminution
Mais qui dit compte courant actif ne dit pas forcément client actif, semble souligner l’étude. Pour les besoins de son étude, l’ACPR a de nouveau examiné le Produit Net Bancaire (PNB), indicateur clé des revenus générés par un établissement.
L’étude note d’emblée que « le produit net bancaire (PNB), qui augmente dans l’absolu, stagne, voire diminue lorsqu’il est rapporté au nombre de clients ». En 2018, le PNB par client (moyen) est de 99 €, contre 101 € en 2017 et 106 € en 2016.
C’est là tout l’enjeu des néobanques : transformer les nouveaux souscripteurs en clients véritablement actifs. Ayant fait le pari de la gratuité sur les services de base, les néobanques tirent en effet l’essentiel de leurs revenus des commissions sur les transactions. Plus le client réalise de transactions avec son compte et sa carte, plus il génère des revenus pour l’établissement.
Il faut bien cela pour amortir les importants investissements réalisés dans les infrastructures informatiques, au début de l’activité et au fil des mois.
La rentabilité est largement liée au modèle économique
Les banques mobiles plus rentables que les banques en ligne ?
L’étude de l’ACPR confirme ce constat : plus l’offre est diversifiée, plus l’établissement mettra du temps à atteindre la rentabilité.
Car il y a de grandes différences entre les acteurs. D’un côté, on trouve les banques en ligne traditionnelles et « historiques ». Ces établissement en lignes sont apparus dans les années 2000. Elles offrent un panel de services plus complet et plus de stabilité que les néobanques.
De l’autre côté, on trouve d’autres établissements à l’instar des banques mobiles. Celles-ci ont une offre plus « spécialisée », généralement centrée autour de services de paiement.
L’ACPR constate que ces dernières atteignent plus vite la rentabilité. En effet, leurs investissements initiaux semblent moins importants. Pour autant, leur modèle économique n’est pas forcément plus résistant que celui des banques en ligne traditionnelles.
Les néobanques à la conquête des professionnels
Face à des perspectives limitées sur le segment des particuliers, les néobanques s’invitent sur le segment des professionnels.
À la stratégie du tout-compris s’opposent désormais des stratégies de niche. Des néobanques sont apparues pour les PME-TPE, pour les indépendants, pour les freelances… pourtant chasses gardées des banques traditionnelles. C’est finalement très logique : le client professionnel étant de loin plus rentable que le client particulier. Les offres se sont donc multipliées avec Qonto, Shine, ManagerOne en tête des néobanques françaises pour les professionnels.
Les néobanques pour mineurs
Il y a aussi les jeunes qui sont une niche recherchées en ce moment. Ici on trouve des stastup qui permettent d’ouvrir un compte pour les mineurs dès 10 ans parfois. Elles proposent souvent un angle éducatif et une interface parent pour surveiller la gestion de l’argent de poche. C’est le cas de Xaalys, Vybe, PixPay …
Notre avis:
Néobanques et banques en ligne : la rentabilité semble un combat commun. Le défi est grand : les clients changent de banque avec de plus en plus de facilité, n’hésitant pas à délaisser un service dès lors qu’il devient payant.
Pour atteindre une taille critique rapidement, elles n’ont pas d’autre choix que de jouer la différentiation. Proposer des services différents, avec une qualité accrue… Mais cela signifie aussi investir et aller vite car une bonne idée est souvent vite copiée. Et en effet, à bien y regarder les offres se ressemblent de plus en plus.
Dure bataille dans laquelle se sont lancés les acteurs de la banque en ligne et de la Fintech. Au final qui seront les gagnants ? Ceux qui se feront ou se font racheter par les géants, comme Shine par la Société Générale il y a quelques semaines, ou Nickel le compte sans banque qui a intégré BNP Paribas. Ou bien ceux qui gardent plus ou moins leur indépendance tout en misant sur des levées de fonds … ?