Souveraineté numérique européenne et censure : Vers une riposte maladroite

Publié le - Auteur Par Danielle B -
Souveraineté numérique européenne et censure : Vers une riposte maladroite

Vers une Europe numérique indépendante et résiliente

Tel est la volonté affichée par l’UE.

Face aux pressions politiques étrangères dans le domaine technologique, l’Europe prend position. Le président Emmanuel Macron a souligné l’urgence d’une réponse européenne coordonnée face aux politiques numériques coercitives, notamment celles menées par le président américain Donald Trump. Lors d’une conférence à Toulon avec le chancelier allemand Olaf Scholz, il a insisté sur le besoin impérieux de défendre la souveraineté numérique européenne.

Alors que 90% des données personnelles européennes sont hébergées hors de l’UE selon la Commission européenne, l’indépendance numérique devient un impératif stratégique. L’Europe veut reprendre le contrôle de ses infrastructures, plateformes et données.

Ceci est juste, nous devons défendre notre souveraineté sur nos données. Mais le principal problème n’est pas là. Car rappelons que récemment, ces mêmes dirigeants ont accepté que nos données liées à notre santé soient toutes transmises aux USA.

Les actions récentes de l’UE en matière de réglementation numérique

Pour renforcer son autonomie, l’Union européenne a lancé deux textes législatifs majeurs :

  • Digital Services Act (DSA) : impose des obligations accrues aux grandes plateformes dans la gestion des contenus et la transparence algorithmique.
  • Digital Markets Act (DMA) : vise les grandes entreprises technologiques, désignées comme gatekeepers, pour garantir un marché numérique plus équitable.

Sur le papier et dans ce que les médias véhiculent, ces lois constituent une réponse directe à la domination des géants de la tech américains comme Google, Amazon, Meta ou Apple, qui concentrent une part importante de l’économie numérique mondiale.

Mais dans les faits, le DSA est là pour contrôler le discours sur internet. On parle donc de censure et de « fact checking« .

Pourquoi une réponse unie des Européens est cruciale selon eux ?

L’union des pays européens est fondamentale pour peser à l’échelle mondiale. Agir individuellement rend les États vulnérables face à des géants technologiques disposant de budgets supérieurs au PIB de certains pays.

Une posture commune permet de :

  • Définir des normes numériques éthiques adaptées aux valeurs européennes.
  • Diminuer la dépendance aux technologies extra-européennes.
  • Protéger les entreprises européennes des politiques commerciales agressives.

Selon une étude du Centre for European Reform (CER), une approche réglementaire unifiée augmenterait de 5% la compétitivité des entreprises européennes à l’horizon 2030.

Les velléités de coercition : menace réelle pour l’autonomie numérique

Le terme « coercition » utilisé par Macron fait référence à des politiques comme :

  • Les restrictions commerciales imposées sous l’administration Trump (ex. : embargos technologiques contre Huawei).
  • Les pressions sur les pays européens pour exclure certaines entreprises chinoises des marchés du numérique.
  • Les tentatives de rapatriement des données personnelles vers les États-Unis (Cloud Act).

Ces actions illustrent une instrumentalisation de l’économie numérique à des fins géopolitiques. Elles justifient une mobilisation immédiate autour d’un agenda souverain européen.

Renforcer les capacités numériques européennes

La souveraineté ne se limite pas à la réglementation. Il faut également investir dans :

  1. Des centres de données européens pour stocker les informations sensibles.
  2. Des systèmes d’exploitation open source, indépendants des solutions américaines.
  3. Des capacités de cybersécurité mutualisées entre pays membres.

Le plan d’action de l’UE pour la décennie numérique 2030 prévoit 20% d’augmentation des capacités cloud et 75% d’utilisation d’IA made in Europe d’ici cette date.

Exemples concrets d’initiatives en cours

Plusieurs projets structurants incarnent cette ambition :

  • GAIA-X : une infrastructure cloud européenne souveraine, pilotée par la France et l’Allemagne.
  • EDIH – European Digital Innovation Hubs : centres régionaux pour accélérer la transformation numérique des PME.
  • Cybersecurity Competence Centre : situé à Bucarest, chargé de coordonner la recherche en cybersécurité.

Ces projets sont soutenus par les fonds européens, dont le programme Horizon Europe et le plan Next Generation EU.

Une souveraineté numérique pour préserver les libertés

Outre les aspects économiques et sécuritaires, la souveraineté numérique garantit aussi :

  • Le respect des données personnelles à travers le RGPD.
  • La lutte contre la désinformation en ligne.
  • Un accès équitable aux services numériques pour tous les citoyens.

Comme l’a souligné Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne : « Le numérique doit rester un espace de confiance, pas de prédation ».

Comme souvent, en politique et dans les médias classiques les mots sont galvaudés. Et ici on parle de préserver sa liberté avec la censure du DSA. 

Vers une diplomatie numérique européenne renforcée

L’Europe ne peut se contenter d’une position défensive. Elle doit aussi porter une voix active dans les débats mondiaux. Par exemple :

  • Proposer une régulation éthique de l’intelligence artificielle (AI Act).
  • Participer à l’Organisation mondiale du commerce sur les règles du e-commerce.
  • Initier un dialogue transatlantique sur la gouvernance numérique équilibrée.

Une Europe forte numériquement peut inspirer d’autres régions et poser les bases d’un modèle alternatif aux hégémonies technologiques.

Un défi collectif pour une nouvelle souveraineté

La promesse de Macron d’une « réponse européenne » face aux tactiques de coercition numérique souligne une stratégie ambitieuse. Elle exige la mobilisation coordonnée des États, des entreprises et des citoyens. Entre initiatives réglementaires, investissements technologiques et alliances stratégiques, l’Union européenne joue sa place dans le nouvel ordre numérique mondial.

Il est donc nécessaire d’apprendre à lire entre lignes. 

Et si c’était le moment d’imaginer une Europe maîtresse de son avenir numérique ? Quelles autres priorités devraient être mises en œuvre selon vous ? Laissez un commentaire pour partager votre avis !

 

Par Danielle B

Rédactrice spécialisée sur les sujets : Argent, banque, budget.

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