La dépendance de nos économies au pétrole : un talon d’achille méconnu !

Publié le - Auteur Par Emmanuelle Audibert -
La dépendance de nos économies au pétrole : un talon d’achille méconnu !

La presse parle beaucoup des matières premières et des difficultés d’approvisionnement ces derniers temps. Mais on traite moins souvent du sujet spécifique du pétrole. Focus sur notre dépendance extrême à l’or noir, qui irrigue l’ensemble de notre économie !

Pourquoi a-t-on tant besoin de pétrole ?

Voyons tout d’abord pourquoi on a besoin de pétrole pour faire fonctionner l’économie.

3% du PIB, mais un asservissement quasi-total

Selon l’expert en transition énergétique, Jean-Marc Jancovici, le pétrole pèse environ 3% du PIB en France. Il est assez aisé d’en déduire que le pétrole n’est qu’anecdotique dans la richesse de notre pays. Mais le problème, c’est que sans ce pétrole, tout le reste de l’économie serait à l’arrêt.

On pense spontanément aux transports routiers, mais il faut savoir que le pétrole est absolument partout : des revêtements routiers à votre brosse à dents en passant par votre stylo, votre smartphone ou encore l’arrosoir sur votre terrasse !

Il devient rare de trouver un produit de consommation quotidienne qui ne contienne pas de dérivés du pétrole (en général sous forme de plastiques).

Les services ne sont pas épargnés…

Nous sommes dans une économie des services et de la connaissance, certes.

Mais en réalité, le passage d’une économie agricole, puis industrielle, aux 80% de services qu’on connaît aujourd’hui, s’est accompagné d’une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre, et à la consommation de pétrole.

La France est un pays un peu particulier, dans le sens où son électricité est largement décarbonée (grâce au parc nucléaire français). Mais les transports sont encore en grande majorité dépendants du pétrole.

Or, pour aller au cinéma, chez le coiffeur ou encore en vacances, on utilise le bon vieux moteur thermique.

…et l’agriculture non plus !

Un autre domaine qui peut sembler relativement indifférent à la quantité de pétrole disponible est l’agriculture.

Or il se trouve que la grande majorité de la production agricole française est intensive et productiviste, avec une grande quantité de pétrole et de gaz naturel utilisés pour les intrants, les engrais, les produits chimiques, etc.

Et bien entendu, les machines agricoles consomment du gasoil en grandes quantités et les transporteurs qui acheminent la production vers les entreprises de l’agro-industrie utilisent également du pétrole.

Même dans nos champs, rien n’est possible sans pétrole !

Comment faire pour utiliser moins de pétrole ?

Comme nous l’avons vu, si le pétrole n’existait plus demain, notre économie s’arrêterait. Alors quelles sont nos options ?

Solution n°1 : continuer à chercher davantage de pétrole

Si on a besoin de pétrole, il suffit de continuer à trouver de nouveaux puits à exploiter !

Malheureusement, c’est plus simple à dire qu’à faire. M. Jancovici donne une analogie intéressante. Les puits de pétrole, c’est comme les pommes qui pendent des branches d’un pommier. Les pommes les plus faciles d’accès sont les premières à être trouvées et mangées, et au bout d’un moment, il ne reste plus que les pommes inaccessibles !

De la même manière, les puits de pétrole dans le monde sont de plus en plus coûteux à trouver mais également à exploiter. Il faut creuser toujours plus profond et aller dans des zones toujours plus difficiles d’accès (l’Arctique par exemple).

Par ailleurs, le stock mondial de pétrole (qui ne peut, mathématiquement, que baisser au fil du temps, n’étant pas renouvelable) baisse rapidement. De nombreux pays ont déjà dépassé leur pic de production : c’est-à-dire qu’il est certain qu’ils produiront moins demain qu’aujourd’hui.

Il vaut donc mieux trouver d’autres solutions !

Solution n°2 : passer aux agro-carburants

Les agro-carburants sont une autre alternative. Mais il y a un problème ici également : le rendement énergétique de la production d’agro-carburants, si on compte la chaîne de production complète, est seulement très légèrement supérieur à 1.

Dit autrement, cela coûte autant d’énergie de produire une joule d’agro-carburant que ce qu’elle donnera une fois dans la voiture. Tout cela en entrant en concurrence avec les terres agricoles produisant notre nourriture…

Il faut donc trouver autre chose !

Solution n°3 : électrifier l’ensemble de l’économie

Pourrait-on convertir l’ensemble de nos transports, voire de l’économie, à l’électricité, si possible produite avec des énergies renouvelables ?

Si on se concentre sur le solaire et l’éolien, il apparaît rapidement qu’il sera impossible de faire fonctionner notre économie sur base de ces deux sources d’énergie uniquement.

Il faudrait couvrir la France entière de panneaux solaires, d’éoliennes et de batteries de stockage. Ceci serait impossible : nous n’aurions pas les matières premières pour construire toute cette infrastructure.

Solution n°4 : la sobriété énergétique !

Ce qui semble clair, c’est que si on ne se penche pas sérieusement sur cette question de notre dépendance au pétrole et de notre mix énergétique, avec les bons ordres de grandeur en tête, notre PIB va se contracter mécaniquement et de manière abrupte, dans les années à venir… Les prix à la pompe en sont un signe avant-coureur.

Pour Jean-Marc Jancovici, il faut accepter que nous entrons dans une ère de la contraction de l’économie, qu’il s’agit de gérer de manière juste et équitable, plutôt que subie.

Concernant notre mix énergétique, il convient de :

  • renforcer le nucléaire,
  • développer les énergies renouvelables,
  • limiter fortement nos dépenses énergétiques superflues,
  • pratiquer la sobriété énergétique à tous les niveaux.

Nous incitons nos lecteurs à prendre conscience de cette nouvelle donne dans leurs choix d’investissements !

Par Emmanuelle Audibert

Rédactrice en école de journalisme à Aix-en-Provence

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