Face au potentiel énorme de la cité phocéenne, l’idée d’une place financière en séduit plus d’un. Serait-ce possible ? Comment faire ? Des spécialistes en parlent.
Nicolas Mérindol croit en la potentialité des Phocéens
Nicolas Mérindol, un grand nom de la finance mise sur Marseille. Tombé sous le charme de la ville, cet entrepreneur dans le conseil financier et stratégique compte en effet y étendre les activités de son groupe Carmin. Mais si ce diplômé de l’ISG, expert-comptable et ex-dirigeant de la Caisse d’Épargne installe son établissement financier à des centaines de kilomètres de son siège parisien, c’est surtout pour l’énorme potentiel de la ville.
Qu’est-ce que ce banquier propose ?
En s’exprimant dans le magazine Entreprendre, Nicolas Mérindol explique qu’il compte se rapprocher de plus en plus des PME et ETI pour leur donner accès aux mêmes conseils et outils financiers de transformation que ceux utilisés par les grands groupes. Il intervient particulièrement dans les fusions acquisitions, les financements, les restructurations et les stratégies de transformation des groupes.
Le banquier souhaite également participer à la création d’une plateforme financière aux côtés des patrons marseillais. Cette place professionnaliserait tous les outils nécessaires aux entreprises pour se développer.
Pourquoi Marseille ?
Selon le banquier, différentes raisons expliquent pourquoi son groupe a préféré un ancrage sur les bords de la Méditerranée pour développer ses activités :
- Il s’agit de la deuxième ville de France avec plus de 800 000 habitants, un port, des universités, des centres de recherche,
- L’économie dynamique ne demande qu’à se transformer,
- L’existence de grands groupes,
- La présence massive de jeunes pousses et de PME qui pourront devenir des ETI,
- Des patrons de PME qui ont un potentiel intact, mais qui croient que les moyens financiers sont réservés aux grands groupes.
Où en est Marseille aujourd’hui ?
Comme Nicolas Mérindol, d’autres spécialistes y croient. Pour eux, Marseille dispose de plusieurs arguments de poids qui pourront l’emmener à évoluer en place financière d’ici quelques années.
Septième place au monde en termes de hub Internet
La cité est actuellement une place forte de l’Internet. D’ailleurs, parmi les hubs mondiaux, elle se classe en septième position et convoite même le top 5. D’autre part, elle est idéalement localisée à la limite des 2 hémisphères. De plus, elle est câblée directement avec les marchés financiers émergents que sont la Chine, l’Amérique du Sud, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Si l’on s’en tient aux théories de Thomas Renault, spécialiste de la finance, relayées par 20minutes.fr, les Marseillais pourront utiliser ces arguments de taille pour un jour contrôler la Bourse. En effet, ce maître de conférences à Panthéon-Sorbonne précise que des liaisons étroites existent entre les places boursières et les infrastructures réseaux. En fait, la tendance est à la course à la vitesse. Cette dimension s’avère essentielle au trading à haute fréquence qui se résume à l’exploitation des anomalies des marchés. Or, puisque ces dernières sont de courte durée, ce sont les plus rapides qui en sortent gagnants. En clair, si les Marseillais disposent d’un trajet câblé plus court, ils ont intérêt à être présents.
Des routes spécifiques
Pour croire à ce même avenir de la cité phocéenne, Sami Slim, celui qui dirige le prestataire de data centers Telehouse France avance un autre argument. Selon ses dires, Marseille a l’avantage de disposer de routes spécifiques qui pourront l’emmener à viser une place particulière dans la finance. Pour soutenir ses propos, il prend l’exemple du câble EllaLink qui permet de transférer directement les données en à peine 150 millisecondes vers São Paulo depuis Marseille. Or, depuis Londres ou Francfort, 300 à 400 millisecondes sont nécessaires. Selon les précisions de Sami Slim, ce trajet 2 fois plus court suffit amplement pour faire la différence lors des transactions à haute fréquence.
D’après les conclusions de ces spécialistes, malgré l’évidence de l’avantage compétitif, l’histoire a déjà démontré que pour faire émerger une place financière, il faut commencer par créer l’écosystème adéquat.