
Lors des Rencontres des Entrepreneurs de France 2024 organisées par le Medef, 78% des dirigeants estiment que la classe politique actuelle ne répond pas aux enjeux économiques du pays. Cette frustration croissante fait émerger un souhait inattendu : celui de voir un profil technocratique à la tête du gouvernement. Inspirés par l’expérience italienne avec Mario Draghi, les chefs d’entreprise rêvent d’un Premier ministre compétent, indépendant et axé sur les résultats économiques à long terme.
Un climat politique jugé contre-productif
Les discussions au forum du Medef reflètent un sentiment partagé : la politique s’éloigne des préoccupations concrètes des entreprises. Les responsables politiques, prisonniers de leurs ambitions présidentielles, peinent à proposer des réformes structurelles nécessaires. Cette focalisation sur le court terme limite l’efficacité du pilotage économique.
Les préoccupations exprimées tournent autour de :
- L’inefficacité des politiques publiques,
- Le manque de visibilité à moyen et long terme,
- L’instabilité réglementaire et fiscale,
- La complexité administrative persistante.
Mario Draghi : un modèle cité en exemple
À plusieurs reprises, le nom de Mario Draghi, ancien président de la BCE et ancien Premier ministre italien, a été cité comme un modèle inspirant. Son gouvernement de coalition technocratique, mis en place en 2021, a su rassurer les marchés et relancer des réformes clés. Son profil jugé apolitique et sa légitimité économique ont permis une plus grande efficacité dans la mise en œuvre des décisions gouvernementales.
Pour de nombreux chefs d’entreprise français, un « Mario Draghi français » pourrait :
- Réinstaurer la confiance des investisseurs,
- Accélérer la modernisation de l’économie,
- Stabiliser la fiscalité et le cadre réglementaire,
- Dépolluer les débats économiques des clivages idéologiques.
Un besoin urgent de réformes économiques
Malgré des efforts politiques récents (réforme des retraites, investissements dans la transition numérique), de nombreuses réformes stratégiques restent inabouties. Selon un rapport de l’Institut Montaigne publié en 2023, le rythme des réformes structurelles a ralenti de 23% depuis la pandémie. Les chefs d’entreprise pointent cet essoufflement et exigent des décisions courageuses.
Les axes prioritaires cités lors du forum :
- Simplification du Code du travail et fiscalité allégée pour les PME,
- Réforme de l’éducation et de la formation professionnelle,
- Renforcement de la compétitivité industrielle,
- Transition énergétique et innovation durable.
Vers un gouvernement technocratique en France ?
Historiquement, la France n’a jamais eu de gouvernement entièrement technocratique comme en Italie. Toutefois, la montée de l’abstention, la fragmentation parlementaire et l’essoufflement du clivage gauche-droite ouvrent la voie à des scénarios politiques alternatifs.
Un Premier ministre non affilié à un parti mais choisi pour son profil technique pourrait fédérer des forces politiques autour d’objectifs communs. Cette proposition trouve un écho croissant chez les patrons, mais aussi chez certains économistes et anciens hauts fonctionnaires favorables à une gouvernance fondée sur la compétence.
Les freins à une telle gouvernance
Malgré l’attrait du modèle Draghi, sa transposition en France pose plusieurs défis :
- Le système constitutionnel français limite une telle nomination sans majorité claire.
- Le rejet populiste des élites pourrait alimenter des tensions sociales.
- Un gouvernement non élu serait vu comme un recul démocratique par une partie de l’opinion.
Ces limites obligeraient à repenser l’organisation politique et à créer de nouvelles alliances transpartisanes.
Entreprise et politique : une coopération constructive possible
Plutôt que de réclamer un sauveur technocratique, certains patrons appellent à un dialogue renouvelé entre le monde politique et économique. Cela passerait par :
- La co-construction de politiques publiques centrées sur l’efficience.
- La création de conseils stratégiques multipartites.
- Plus d’autonomie laissée aux territoires et acteurs privés pour innover.
Dans ce contexte, le Medef pourrait jouer un rôle de courroie d’entraînement entre les aspirations du terrain et l’élaboration législative, dans un esprit de co-responsabilité.
Conclusion : une attente forte de résultats
Le message des dirigeants est clair : il ne s’agit plus de débattre idéologiquement, mais de passer à l’action avec des solutions pragmatiques. Le modèle Draghi inspire car il prône une gouvernance responsable, tournée vers l’intérêt général et capable de faire face à l’urgence économique et environnementale.
À défaut d’un Mario Draghi à Matignon, la France devra trouver son propre équilibre entre légitimité démocratique et efficacité économique.
Et toi, que penses-tu de cette idée d’un Premier ministre technocrate ? Partage ton avis en commentaire !
Article connexe : Grèce 2009, France 2025 : Paris nous rejoue la tragédie grecque