Inflation, hausse des taux d’intérêt, pénurie d’énergie… Comment les Européens réagissent-ils face aux crises actuelles ? Pour y voir plus clair, le Baromètre Observatoire Cetelem a analysé leur moral en interrogeant 10 389 personnes issues de 10 pays d’Europe en novembre 2023. Le point sur les résultats de cette étude européenne conduite par Harris Interactive.
France : Un moral toujours en berne
Après une démoralisation générale des Européens l’an dernier, la situation ne s’est guère améliorée cette année. À en croire les notes sur 10 attribuées par les personnes interrogées pour décrire leur situation personnelle et celle de leur pays, le moral demeure quasiment stable :
- Tous pays confondus, les Européens attribuent une note de 5,1 (soit +0,1 point par rapport à l’année d’avant) pour décrire la situation de leur pays et une note de 6 pour leur situation personnelle (soit +0,1 point),
- La Belgique et la Suède sont les moins impactées par la baisse de moral. Leurs notes respectives sont de 5,8 et de 5,5 sur la perception de la situation du pays, de 6,4 et de 6,1 sur la perception du moral personnel,
- En France et en Allemagne, les notes reculent sur les deux indicateurs. Les Français notent leur confiance en la situation de leur pays à 4,9 (-0,1 point) et celle en leur situation personnelle à 5,9 (-0,1 point). Du côté des Allemands, la note est de 5,2 (-0,5 point) pour la situation du pays et de 5,9 (-0,3 point) pour la situation personnelle.
Le Covid19, l’inflation et le contexte politico-économique difficile continuent d’impacter le moral des Européens.
L’inflation contraint le pouvoir d’achat
En Europe, l’inflation est omniprésente dans l’esprit des ménages. Malgré son ralentissement, elle continue d’avoir un impact sur leur pouvoir d’achat :
- L’inflation est une préoccupation importante pour 87% des Européens,
- 88% d’entre eux ressentent une augmentation des prix en 2023. 59% estiment qu’ils ont fortement augmenté,
- La hausse des prix est particulièrement ressentie en Europe du Sud. 81% des Portugais, 65% des Italiens et 65% des Espagnols jugent que les prix ont fortement augmenté,
- Les perceptions sont similaires en France et en Allemagne. 89% des personnes enquêtées pensent que les prix ont augmenté,
- Alors qu’ils sont 48% à penser que leur pouvoir d’achat est en baisse, ils sont 19% à juger qu’il est en hausse et 33% à dire qu’il est resté stable.
Épargner et maîtriser la consommation face à l’incertitude
Face au contexte inflationniste et à la contraction du pouvoir d’achat, les Européens s’adaptent et s’organisent. Pour cela, ils actionnent les leviers disponibles, à savoir l’épargne de précaution et le contrôle de leur consommation :
- Dans quasiment tous les pays, les intentions d’épargne sont en hausse. La remontée des taux et la baisse de l’inflation poussent les Européens à mettre plus d’argent de côté. Ils sont 53% (contre 51% l’année précédente) à vouloir épargner. Seuls les Allemands et les Suédois laissent paraître des intentions d’épargne en recul.
- Les intentions d’achat des Européens affichent une bonne résistance. Comme l’an passé, ils sont 53% à vouloir consommer cette année. 59% des personnes consultées veulent dépenser dans les voyages et dans les loisirs (+5%), 41% dans les plateformes de streaming vidéo et 40% dans l’électroménager.
Des arbitrages et des renoncements pour résister
Face aux salaires qui n’augmentent pas proportionnellement à l’inflation, l’heure est aux renoncements et à la consommation intelligente pour les Européens :
- Ils sont 62% (65% en France) à renoncer aux dépenses liées aux loisirs et 58% (59% en France) aux dépenses liées aux vacances. 54% (60% en France) ont réduit leurs achats de vêtements et de chaussures, 52% (53% en France) leurs équipements de la maison et 37% (44% en France) leurs dépenses alimentaires.
- Ce sont 83% des Européens (87% en France) qui se sont mis à réduire le gaspillage alimentaire et 81% (79% en France) qui se tournent vers les prix bas et les promotions. 35% des Européens (41% en France) estiment manger moins que par le passé.
Alors que le bilan européen est uniforme, il aurait été intéressant d’élargir l’enquête en dehors de l’Europe où la situation semble perçue différemment.