En gestation depuis un an, le rapprochement entre Société Générale et sa filiale Crédit du Nord tend à se concrétiser petit à petit. Pour les syndicats, cette situation va bouleverser les salariés. La direction au sein du groupe a, pour sa part, proposé des mesures compensatoires. Zoom sur l’évolution de ce projet.
Où en est l’évolution de la fusion Crédit du Nord et Société Générale ?
Le projet de fusion entre Crédit du Nord et Société Générale avance à petits pas.
Rapprochement, enjeux financiers, on fait le point
C’était à l’automne 2020 que l’on apprenait l’annonce du rapprochement entre la Société Générale et le Crédit du Nord. Fusion, sous le nom de code de Ganesh, devant permettre à la Société Générale, maison mère du Crédit du Nord d’économiser 350 millions d’euros en 2024 et 450 millions d’euros par an à partir de l’année suivante. Des économies possibles à condition que les coûts de restructuration et d’investissement soient estimés entre 700 et 800 millions d’euros, dont 70% comptabilisés en 2021. Un an plus tard, la sentence est tombée pour la fusion prévue le 1er janvier 2023 ! Société Générale annonce que la fusion complète des deux banques aboutira à : « une seule banque, avec un seul réseau, un seul siège, et un seul système informatique, au service de près de 10 millions de clients et forte de plus 25 000 collaborateurs ».
Les conséquences sociales de la fusion
Tout d’abord il y aura une baisse des effectifs, 3700 suppressions de postes sont prévues entre 2023 et 2025, pour qu’en résulte un réseau unifié de 25 000 collaborateurs. Le groupe tient cependant à rappeler, dans un communiqué, son engagement pris l’an passé, pour que la fusion se réalise « sans aucun départ contraint ». « Ces suppressions de postes s’appuieront sur les départs naturels (retraites, démissions…), estimés à 1500 par an d’ici à 2025, et la priorité donnée aux reclassements et mobilités internes ». La CGT, elle, déplore ce résultat en ces termes : « Soit environ 15 % des effectifs actuels en moins », « un projet stratégique risqué et socialement coûteux ».
En plus des départs naturels, les baisses d’effectifs seront également le fruit des fermetures de sites de back-office, qui passeront de 24 à 13. Il n’y aura plus qu’un siège et un seul système informatique.
Une réduction du nombre d’agences
Là aussi il est question de réduire avec la fermeture de 600 agences Société Générale ou Crédit du Nord pour arriver à un total de 1450 agences en 2025 contre 2100 établissements en 2020. La direction du groupe se veut rassurante : « le regroupement des agences sera réalisé sans quitter de villes, puisqu’il concernera des agences Société Générale et Crédit du Nord situées à proximité les unes des autres dans une même ville ».
Ce qui va changer pour les clients
D’après Sébastien Proto, patron de la Société Générale, la fusion devrait permettre aux clients du Crédit du Nord d’avoir accès à près de 3 fois plus de points de vente, contre 15% de plus pour les clients de la Société Générale.
Les horaires devraient changer pour offrir une plus grande amplitude d’accès aux agences : des ouvertures le lundi plus fréquentes et des journées en continu, avec accueil sur l’heure de midi.
Le projet n’a pas été bien accueilli par les salariés concernés
Cependant, les organisations syndicales n’ont pas été favorables à ce projet de rapprochement. Cela semble évident, un tel projet n’est jamais bien perçu de la part des salariés qui sentent leur carrière professionnelle menacée.
En effet, elles ont rendu un avis négatif unanime le 14 avril 2021. Cette fusion constitue un bouleversement selon les quelque 29 000 salariés qui en sont directement concernés. Ce mariage de deux établissements et deux cultures d’entreprises différentes va conduire à divers changements :
- Fermetures d’agences,
- Reconversions,
- Problèmes de mobilité,
- Suppressions de postes, etc.
Le 1er janvier 2023, le Crédit du Nord sera absorbé par la Société Générale qui n’est rien d’autre que sa maison mère. Cette situation aura pour conséquences le transfert de contrats de travail, mais également une décentralisation progressive du réseau de l’acteur rouge et noir dans sa globalité.
Bras de fer entre Société Générale et les syndicats
Même si des solutions sont avancées, l’aboutissement du projet n’est pas encore sûr.
Une entente trouvée pour encadrer les négociations
La direction et les syndicats au sein du réseau Société Générale ont réussi à s’entendre sur l’aspect social de ce projet de rapprochement. Cependant, cela a été de courte durée. En effet, même si le groupe a promis de maintenir la rémunération globale des salariés du Crédit du Nord, les statuts de ces derniers ne sont pas, pour autant, harmonisés. La raison, c’est que SoGé suit un raisonnement basé sur le budget global. Selon Cédric Pérennes, délégué syndical CFDT Crédit du Nord, cela « ne couvre pas toute la perte de pouvoir d’achat ».
La mesure compensatoire proposée par la Société Générale pourrait faire perdre entre 1,3% et 5,1% de rémunération annuelle à un salarié selon les calculs de l’organisation syndicale. Toutefois, ce manque à gagner est conditionné par la réalisation des prévisions pour le calcul de l’intéressement et de la participation avancées par le groupe. La perte pourrait alors grimper jusqu’à 12% dans le cas contraire. Les syndicats ont jusqu’à 20 septembre 2021 pour accepter ces propositions données par la direction.
Société Générale a amélioré l’intéressement
Il faut savoir que la Société Générale a quand même procédé à l’amélioration de l’intéressement. Cela s’est fait, avant l’été 2021, lors de la signature de son nouvel accord triennal 2022-2024. La nouvelle formule donnera lieu à 15% d’augmentation par rapport à 2017, 2018 et 2019 selon la CFDT.
Un passage de 2 000 à 2 200 euros d’abondement du plan d’épargne entreprise a également été effectué par le groupe. En 2022, la prochaine augmentation de capital réservée aux salariés devrait autoriser une participation d’environ 7% dans la mesure du possible. En ce qui concerne les statuts, passer de 13 à 12 sur les paiements des salaires est à l’ordre du jour. En effet, chez Société Générale, ils touchent 13 mensualités tandis que chez Crédit du Nord, seulement 12.