Pour les aixois, les néobanques sentent le soufre !

Modifié le - Auteur Par Stéphanie Thomas -
Pour les aixois, les néobanques sentent le soufre !

Comparateurbanque est allé interroger des passants pour leur demander ce qu’ils pensaient des banques en ligne et des néobanques… Voici leurs réponses.

S’il y a bien des territoires où l’économie et les nouvelles technologies sont au cœur des richesses créées, c’est bien des métropoles dont on parle sans hésiter. On pourrait donc penser que les néobanques n’ont aucun secret pour les « métropolitains ». On pourrait aussi formuler l’hypothèse selon laquelle, les banques en lignes prennent une place majeure dans leur quotidien. D’une part, la facilité d’utilisation et la gratuité des néobanques a des avantages évidents. Aussi, la qualité du signal internet dans le milieu urbain, l’omniprésence des téléphones mobiles dans nos mains, et la densité des flux monétaires des grandes villes… Tous ces phénomènes devraient aussi concourir à une généralisation, ou du moins une recrudescence, de l’ouverture de comptes auprès de banques dématérialisées.

Comparateurbanque a toutefois voulu vérifier cette hypothèse en se rendant dans la rue, et plus précisément à Aix-en-Provence. Cette ville phare dans l’économie, l’éducation et les nouvelles technologies dans les Bouches-du-Rhône (13), fait partie de la métropole d’Aix-Marseille Provence. Selon l’INSEE, le taux d’activité des 15-64 ans frôlait les 68% en 2015, et la part du commerce, des transports et des services divers était de 72,2%. Aix-en-Provence, forte de son patrimoine culturel et architectural, et d’un calme sans pareil, attire les ménages aisés. En 2015, le revenu médian par ménage était de plus de 23 000 euros, ce qui en fait une des villes les plus riches de France par ses habitants.

A ces habitants-là justement, nous avons posé la question suivante :

Dans quelle banque placez-vous actuellement votre argent, et que pensez-vous des banques en ligne ?

Et voici leur réponse :

Henri, 63 ans, retraité

Je suis au Crédit Agricole et j’en suis satisfait. En ce qui concerne la banque et les opérations commerciales, les retraits et mes débits ou crédits, je n’ai jamais eu de problème.
J’ai déjà essayé Boursorama, pour avoir les 80 euros offerts. J’ai aussi dit à mon fils d’ouvrir un compte. Mais ce n’est pas une banque qui me sert vraiment à déposer, retirer quotidiennement. J’estime qu’elle fonctionne très bien et qu’elle est très intéressante, mais je n’ai jamais songé à quitter complètement le Crédit Agricole parce que je me demande si Boursorama ne risque pas de disparaître aussi facilement qu’elle est arrivée. D’ailleurs, j’ai eu une fois un souci avec Boursorama. Je l’ai ai contacté parce que je n’avais pas eu les 80 euros promis à l’ouverture du compte. Mais dès que je les ai appelés, ils m’ont répondu et l’argent a été versé. Mais, pour moi, ça ne restera jamais comme une banque traditionnelle, comme le Crédit Agricole. J’ai peur de ce qui se crée et disparaît sur internet.

Manon, 22 ans, étudiante à la faculté d’Aix-en-Provence

Je suis à la Caisse d’Épargne. J’ai des problèmes avec ma banque concernant mon prêt étudiant. Ils ont démarré l’échéance de paiements au bout de trois ans seulement au lieu de cinq prévus, et convenus initialement. J’ai également un problème concernant l’assurance portable prise chez eux sur leurs conseils. Une fois mon portable cassé, ils ne m’ont pas aidé. La communication est difficile : c’est compliqué de les contacter, et en plus le numéro pour les appeler est facturé. J’ai déjà songé à changer de banque, mais je trouve ça compliqué, embêtant et chronophage.

Lucette, 74 ans, Sœur au sein d’une communauté chrétienne

Je possède un compte personnel ainsi qu’un compte en commun avec les autres membres de la paroisse. Moi, je suis toujours restée fidèle à la Banque Postale. J’ai parfois eu des problèmes de surfacturation, et des soucis au décès d’un proche. C’est vrai que la Banque Postale a commis quelques petites erreurs. Mais j’ai pu leur écrire et j’ai obtenu le remboursement de ces frais. Ça fait un an que je suis à Aix-en-Provence maintenant. J’ai eu affaire à une conseillère financière, elle est jeune, disponible et à l’écoute. Vraiment, je trouve ce rapport humain important, donc je ne pense pas à changer de banque pour une banque en ligne.

Christiane, 73 ans, retraitée

Je suis au Crédit Lyonnais, (NDLR : LCL)  et j’ai même déjà songé à changer de banque, mais pas vraiment pour une banque en ligne. Le relationnel humain est trop important et j’aime le rapport concret avec mon conseiller. Par contre, mon fils est client d’une banque en ligne, il a l’air satisfait. Moi, je ne me vois pas passer le cap.

Alexandre, 30 ans, commercial

Une fois, je me suis laissé tenter par une banque en ligne mais j’ai arrêté. J’avais testé Hello bank! pendant trois mois. J’ai eu rapidement des problèmes. Pendant un mois, je ne me suis pas connecté sur le site, et mon compte a été supprimé. Je trouve qu’il n’y a aucun service client. Heureusement, j’avais gardé un compte dans une banque traditionnelle, la Banque Postale. J’ai récupéré mon argent et je suis retourné à la Banque Postale, que je ne quitterai plus !

Jean-François, 48 ans, cadre

J’ai deux comptes bancaires, un à la Banque Courtois et un autre chez Boursorama.  L’avantage de Banque Courtois c’est que c’est plus facile pour déposer des chèques, pour avoir un conseiller. Boursorama a l’avantage d’être gratuite, donc aucun frais de compte même s’ils demandent pas mal de renseignements. J’aime donc avoir deux comptes, un professionnel, et un personnel. Les deux sont bien séparés.

Gaspard, 20 ans, étudiant à la faculté de droit d’Aix-en-Provence

J’ai un compte à la Banque Courtois, et un à la Société Générale. La Société Générale a de bien meilleures offres pour les jeunes. Je n’ai pas quitté la Banque Courtois car les démarches étaient pénibles. Il fallait se rendre à ma banque, qui n’est jamais ouverte, prendre rendez-vous avec un conseiller, informer les établissements qui utilisent mon RIB de mon changement de banque… Une quantité de démarches chronophages…  Mais, au fond, c’est vrai que ça m’arrangerait d’en avoir qu’une seule.

Valérie, 52 ans, secrétaire médicale

Je suis satisfaite de ma banque. Je suis à la banque postale depuis 30 ans. Je n’ai jamais pensé à opter pour une banque en ligne car j’ai déjà avec ma banque un service en ligne. Je ne suis pas prête à sacrifier le contact humain avec un conseiller dans une agence, quitte à payer un peu plus cher que si j’étais chez une banque en ligne. Je pense qu’il faut avoir un bon espace clients, simple, ergonomique, mais qu’il faut aussi toujours avoir la possibilité de se rendre dans une succursale.

L’heure du bilan

Les néobanques ne font pas l’unanimité dans le cœur des Aixois, et ce, pour trois raisons majeures. D’une part, l’habitude. Les clients des banques traditionnelles ne pensent pas à changer de banque si un événement particulier ne les y pousse. C’est le principe de routine. D’autre part, l’univers « parallèle » d’internet est souvent assimilé à la fraude, la volatilité et l’insécurité. Sans doute, les individus ont tendance à penser que ce qui n’est pas tangible… n’existe pas. De fait, leur argent est potentiellement susceptible de disparaître, sans qu’ils n’aient un moyen de le récupérer. La troisième raison pour laquelle les clients des banques traditionnelles ne changent pas pour une néobanque est la suivante : le facteur humain. Pour tous les passants interrogés, la possibilité de se rendre dans une « succursale » et de discuter avec un conseiller fait de chair et d’os est très important. Sans doute, ce conseiller financier permet aux individus de se représenter mentalement un protecteur, un garant, des avoirs déposés sur leur compte.

Par Stéphanie Thomas

Directrice de publication du site.