
Préparer sa retraite est une étape clé dans la vie d’un couple, surtout lorsqu’on est marié et que l’on partage des projets communs à long terme. Le Plan d’Épargne Retraite (PER) s’impose aujourd’hui comme un outil incontournable pour anticiper cette période de manière sereine… à condition de bien comprendre comment l’utiliser à deux.
Mais comment fonctionne un PER pour un couple marié ? Est-il plus avantageux d’ouvrir un PER chacun ou de privilégier les versements sur un seul contrat ? Quelles sont les conséquences fiscales et comment optimiser l’épargne du foyer tout en réduisant ses impôts ?
Dans cet article, nous vous expliquons tout ce que vous devez savoir sur le PER quand on est marié : fonctionnement, stratégie à deux, fiscalité, succession… Objectif : vous aider à faire les bons choix pour protéger votre avenir et celui de votre conjoint.
À retenir
- Le PER (Plan d’Épargne Retraite) est un contrat individuel, même pour les couples mariés.
- Un couple marié peut mutualiser ses plafonds fiscaux pour optimiser la déduction d’impôt.
- Il est généralement conseillé que chaque conjoint ouvre son propre PER pour plus de souplesse.
- Le PER est un outil efficace de transmission, avec une fiscalité allégée pour le conjoint survivant.
- En cas de divorce, les versements effectués pendant le mariage peuvent être considérés comme communs selon le régime matrimonial.
- Le choix d’ouvrir un ou deux PER doit se faire selon les revenus, objectifs de retraite et stratégie patrimoniale du couple.
Le fonctionnement du PER : ce qu’il faut savoir en couple marié
Le Plan d’Épargne Retraite ou encore le PER est un dispositif d’épargne long terme, destiné à se constituer une rente ou un capital pour la retraite. Depuis la loi Pacte de 2019, il a remplacé les anciens produits comme le PERP ou le contrat Madelin, en simplifiant leur fonctionnement. Mais lorsqu’on est marié, quelques précisions s’imposent.
➡️ Un PER reste un contrat individuel
Contrairement à certaines idées reçues, il n’existe pas de PER « commun » pour les couples. Chaque PER est strictement individuel, même dans le cadre d’un mariage sous le régime de la communauté. Cela signifie que :
- Chaque conjoint peut ouvrir un PER à son nom.
- Les versements, droits acquis, et modalités de sortie sont propres à chaque contrat.
- Il n’est pas possible de co-signer un PER à deux ou de le gérer de manière conjointe.
Cependant, cette individualité n’empêche pas une stratégie d’épargne coordonnée au sein du couple, bien au contraire.
Faut-il ouvrir un PER chacun ou seulement pour l’un des deux ?
Tout dépend de la situation du couple :
- Dans un foyer fiscal avec deux revenus, il est souvent intéressant que chaque conjoint ouvre un PER et effectue des versements en fonction de ses capacités, afin d’optimiser les plafonds de déduction fiscale.
- Dans un foyer à revenu unique, il est possible que l’un des deux conjoints alimente le PER de l’autre. Cela peut permettre de profiter du plafond de déduction du conjoint qui ne travaille pas, sous certaines conditions fiscales (nous y reviendrons).
Une épargne à deux, mais des contrats séparés
Le PER reste donc juridiquement personnel, mais financièrement stratégique en couple. En coordonnant les versements, les supports d’investissement et les objectifs de sortie (capital ou rente), un couple peut bâtir une stratégie de retraite optimisée, tout en tirant parti des avantages fiscaux propres à chaque conjoint.
Quels avantages à ouvrir un PER quand on est marié ?
Ouvrir un PER en couple marié ne se résume pas à une simple démarche d’épargne. C’est aussi un levier stratégique pour optimiser la fiscalité, préparer sereinement la retraite à deux, et protéger son conjoint. Voici les principaux avantages.
- Une optimisation fiscale sur-mesure pour le foyer
L’un des intérêts majeurs du PER réside dans la déduction fiscale des versements volontaires. En tant que couple marié imposé conjointement, vous avez la possibilité de :
- Choisir quel PER sera alimenté (celui de l’un ou des deux conjoints),
- Maximiser la déduction en fonction des tranches marginales d’imposition,
- Adapter la répartition des versements selon les revenus de chacun.
Exemple : si un conjoint est fortement imposé et l’autre peu ou pas, il peut être pertinent de concentrer les versements sur le PER du conjoint le plus imposé pour réduire l’impôt global du foyer.
- Une épargne retraite complémentaire et coordonnée
En disposant chacun d’un PER, les conjoints peuvent :
- Diversifier les choix d’investissement (fonds euros, unités de compte, gestion pilotée…),
- Synchroniser ou différencier la sortie des PER selon leurs âges et dates de départ à la retraite,
- Adapter leur stratégie patrimoniale à long terme, notamment si l’un prend sa retraite plus tôt.
Cette gestion parallèle permet une meilleure souplesse et personnalisation de la stratégie de retraite à deux.
- Un outil de protection du conjoint en cas de décès
Le PER permet de désigner un ou plusieurs bénéficiaires en cas de décès, y compris son conjoint. Cette clause peut être personnalisée pour assurer une transmission optimale, notamment :
- Si le décès du titulaire du PER survient avant ses 70 ans, les sommes versées sur le PER (issues des versements volontaires) sont soumises à l’article 990 I du Code général des impôts. La fiscalité est la suivante :
- Le conjoint marié (ou partenaire de PACS) est exonéré de droits de succession.
- Pour les autres bénéficiaires (ex. : enfants), un abattement de 152 500€ par bénéficiaire s’applique, puis un taux de taxation progressif de :
- 20% jusqu’à 700 000€,
- 31,25% au-delà.
- Si le décès intervient après 70 ans, le régime fiscal change. Les sommes issues des versements volontaires effectués après 70 ans entrent dans le champ de l’article 757 B du CGI :
- Le conjoint survivant est toujours exonéré de droits de succession.
- Pour les autres bénéficiaires, les sommes sont soumises aux droits de succession après un abattement global de 30 500€, tous bénéficiaires confondus.
- Attention : seuls les versements sont taxables, pas les intérêts générés.
À retenir : le conjoint marié bénéficie dans tous les cas d’une exonération totale de fiscalité sur les capitaux décès, quelle que soit la date du décès, tant que le couple est marié ou pacsé au moment du décès.
PER et fiscalité pour un couple marié
L’un des grands atouts du Plan d’Épargne Retraite est son avantage fiscal immédiat : les versements volontaires effectués sur un PER sont déductibles du revenu imposable. Lorsqu’on est marié et imposé conjointement, cela offre des leviers puissants d’optimisation, à condition d’en maîtriser les règles.
Déduction fiscale : un plafond individuel, utilisable à deux
Chaque contribuable dispose d’un plafond de déduction PER individuel. Ce plafond correspond à 10% des revenus professionnels nets de l’année précédente, avec un minimum et un maximum fixés chaque année (soit 10% du PASS si revenus faibles).
En couple marié (ou pacsé) soumis à une imposition commune, les plafonds des deux conjoints sont mutualisables. Cela signifie que :
- L’un des conjoints peut utiliser son propre plafond.
- Il peut aussi utiliser le plafond inutilisé de l’autre conjoint.
- Les versements peuvent donc être optimisés en fonction de la situation fiscale du foyer.
Exemple concret : si votre conjoint ne travaille pas ou ne verse pas sur un PER, vous pouvez utiliser son plafond de déduction pour déduire vos propres versements supplémentaires.
Répartition des versements : libre mais stratégique
En tant que couple, vous avez la possibilité :
- De verser chacun sur votre propre PER, selon vos revenus respectifs.
- Ou de concentrer les versements sur le PER du conjoint le plus imposé, afin de maximiser la déduction fiscale globale.
Cette stratégie est particulièrement efficace pour les couples aux revenus inégaux. Elle permet de réduire l’impôt du foyer en priorisant les déductions là où elles génèrent le plus d’économies.
Déclaration à l’impôt sur le revenu : attention aux cases à remplir
Lors de la déclaration d’impôts, il est essentiel de bien renseigner les versements effectués sur chaque PER :
- Les versements de Monsieur doivent être indiqués dans les cases 6NS, 6NT ou 6NU.
- Les versements de Madame vont dans les cases 6QS, 6QT ou 6QU.
- En cas d’utilisation du plafond de l’autre conjoint, la mutualisation doit être précisée dans la déclaration pour éviter les erreurs de calcul.
Le plafond utilisé et les montants déductibles sont recalculés automatiquement par l’administration fiscale, mais une erreur de case peut entraîner une perte de l’avantage fiscal.
Et si vous n’optez pas pour la déduction ?
Depuis la loi Pacte, les épargnants peuvent choisir de ne pas déduire leurs versements. Cette option peut être pertinente pour :
- Préparer une sortie en capital totalement exonérée d’impôt à la retraite (hors prélèvements sociaux).
- Les contribuables faiblement imposés, pour éviter de “bloquer” l’avantage fiscal dans une tranche peu rentable.
Cette option doit être choisie au moment de chaque versement : il est donc essentiel de bien planifier sa stratégie fiscale à deux.
Faut-il choisir un PER par personne ou mutualiser les versements ?
Situation du couple | Stratégie recommandée |
Deux conjoints actifs | Un PER chacun, avec versements coordonnés |
Un seul revenu dans le couple | PER au nom du conjoint inactif, alimenté par l’autre |
Revenus inégaux, tranche marginale élevée d’un côté | Concentrer les versements sur le plus imposé |
Couple proche de la retraite | Ouvrir deux PER et adapter la sortie à chacun |
Le choix n’est pas figé : il est possible d’ouvrir un deuxième PER plus tard, ou de faire évoluer les versements d’une année sur l’autre, selon vos besoins.
Cas particuliers à connaître
Divorce ou séparation : que devient le PER ?
Le PER est un contrat individuel, ce qui signifie qu’il n’est pas automatiquement partagé en cas de divorce. Cependant, les règles dépendent du régime matrimonial choisi par le couple.
- Mariage sous régime de la communauté légale (communauté réduite aux acquêts) : les versements réalisés pendant le mariage sont en principe des biens communs. Ils peuvent donc faire l’objet d’un partage en valeur lors de la liquidation du régime matrimonial, même si le PER reste la propriété d’un seul des deux conjoints.
- Mariage sous régime de séparation de biens : le PER reste propre à son titulaire, les versements ne donnent lieu à aucun partage (sauf clause de participation ou donation entre époux).
- Cas d’un PER alimenté par des fonds communs (comptes joints, revenus du ménage) : il est possible que l’autre conjoint puisse revendiquer une créance de participation si le contrat a été valorisé grâce à des efforts conjoints.
PER ouvert avant le mariage : est-il toujours « propre » ?
Un PER ouvert avant le mariage est en principe un bien propre, même si le régime est celui de la communauté. Toutefois :
- Si des versements ont été effectués après le mariage avec des fonds communs, la valorisation post-mariage peut être considérée comme commune.
- Une requalification partielle du contrat peut alors être demandée par le conjoint dans certaines situations.
Changement de régime matrimonial : quelles conséquences sur le PER ?
Si un couple choisit de changer de régime matrimonial (par exemple en passant de la communauté à la séparation de biens), cela peut modifier la nature patrimoniale du PER :
- Le PER reste juridiquement au nom du titulaire.
- Mais les droits de l’autre conjoint peuvent être revus selon les accords de modification du régime (liquidation préalable, clauses de partage…).
Cet article n’est pas un conseil en investissement, mais un partage d’informations.