En 2020, les plateformes de crowdfunding françaises inscrivent un record d’un milliard d’euros. Cependant, le financement participatif se heurte à différents obstacles. De l’échelle globale à l’échelle française, qu’est-ce qui justifie la fermeture de plusieurs plateformes comme Ekosea ?
Pourquoi le milieu du crowdfunding prend cette tournure ?
Les risques ne manquent pas et les freins se multiplient pour les plateformes de financement participatif. De la faillite aux retards de remboursement, de plus en plus d’industries de crowdfunding sont obligées de mettre la clé sous la porte.
La faillite gagne le terrain du crowdfunding
À l’international, l’histoire du crowdfunding est de plus en plus marquée par une série de banqueroutes. Le leader du financement participatif britannique Funding Circle a rebondi suite à une période difficile en 2019. Par contre, de nombreuses plateformes comme Lendy, Bolden ou Commeon n’ont pas survécu. Ces dispositifs de financement de projets disparaissent dans le silence ou sont acquis par d’autres entreprises par fusion. Pareillement, Lendix a absorbé Finsquare en avril 2016, après 2 ans d’existence.
En France, les procédures judiciaires remplacent les pitchs des porteurs de projets financés avec le crowdfunding. Une grande majorité de projets présentent des pertes. Ces déficits ne ravissent pas les investisseurs, qu’ils soient partiels ou totaux. Cependant, la confidentialité induit un manque de transparence de la situation financière réelle des startups.
Le crowdfunding immobilier représente plus de 50 % de la collecte de fonds en 2020, soit 561,17 millions d’euros. À la dérive du record de collecte de 2020, le taux de retard dans le financement participatif du secteur immobilier affiche un chiffre de 0,09 %. Les difficultés financières se concrétisent par la faillite et des taux de retards progressifs. Au cas concret, citons le promoteur et aménageur L’Art de Construire où les épargnants ont investi 3,5 millions d’euros hors intérêts. Avec 5 projets en retard depuis 2016 à 2018, le Tribunal de commerce de Lyon prononce la liquidation judiciaire octobre 2021.
Les taux de retards des projets financés par le crowdfunding augmentent
De nombreuses industries du crowdfunding affrontent les risques liés aux porteurs de projets. Les projets enregistrent des taux de retards lorsqu’ils n’arrivent pas à rembourser les investisseurs au-delà de l’échéance maximale contractuelle.
Depuis une étude réalisée en 2017, le taux de défauts s’affiche à plus de 120 %. Ainsi, près du dixième des entreprises financées n’arrivent pas à rembourser leurs échéances. En outre, les arnaques aggravent la situation des plateformes de financement participatif.
Le baromètre Fundimmo/HelloCrowdfunding constate des retards de 2 ans minimum pour une trentaine de projets immobiliers. Ces ajournements précèdent la crise sanitaire dont on n’estime pas encore les impacts sur les remboursements.
Le dirigeant de la Plateforme Fundimmo, Jérémie Benmoussa a annoncé que le taux de retard a tendance à augmenter vers un niveau entre 1 % à 2 %. Ce sont des statistiques qui demeurent faibles par rapport à la remarquable rentabilité créée par le crowdfunding immobilier. Les seuils s’élèvent à 9,2 %, tant en 2020 qu’en 2021. Par ailleurs, les projets en difficultés ne concernent pas toutes les plateformes.
Qu’en est-il du projet Ekosea ?
Depuis 2017, Ekosea a montré sa notoriété dans le crowdfunding. Pourtant, la plateforme, basée dans le Pays Basque aux portes de Biarritz, qui œuvre dans le secteur de l’économie bleue a annoncé fermer ses portes fin 2021.
Maël Prud’homme fait le bilan de son initiative…
En 6 ans d’essor dans le financement participatif, la plateforme Ekosea a fait ses preuves. Elle a permis de réunir 1 million d’euros pour financer 174 projets présentant un taux de réussite de 90 %. Sans parler de l’aspect financier, Ekosea se démarque en accompagnant les porteurs de projets dans leurs communications.
Ekosea a mis la préservation de l’océan au coeur des activités des gens de mer, des marins, des voileux, des surfeurs et d’autres acteurs. C’est dans cet axe que Maël Prud’homme trouve du sens à son aventure. En toute évidence, sa plateforme contribue en même temps à promouvoir des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique.
Par ailleurs, Maël Prud’homme a souligné l’importance de la rigueur. Cette qualité assure une crédibilité auprès des grandes marques et des porteurs de projets. Pourtant, elle ne garantit pas que l’idée soumise soit viable et sincère, et qu’elle ne rentre pas dans le cadre du bluewashing. Par conséquent, les risques liés au crowdfunding demeurent malgré la réussite d’un modèle.
… et ferme la plateforme Ekosea
Au bout de ces 6 glorieuses années, Ekosea a déclaré un manque de projets et de ressources pour continuer l’aventure. Le dirigeant avoue ne plus avoir les cartes en main. Toutefois, il a recherché de nombreuses solutions et a négocié avec les acteurs industriels. Il a affirmé que le fait d’y mettre toute son énergie n’est pas souvent le garant de la réussite.
Ainsi, en novembre 2021, la plateforme Ekosea annonce sa fermeture et qu’ils ont déposé leur bilan avant de remercier tous ses collaborateurs. Le projet Phoenix Expedition a clos la merveilleuse aventure d’Ekosea dans l’industrie du crowdfunding. Nous nous doutons que Maël et son équipe ne vont pas s’arrêter là et nous leur souhaitons le meilleur à venir.