Métavers : le point sur ses innombrables dangers

Publié le - Auteur Par Stéphanie Thomas -
Métavers : le point sur ses innombrables dangers

Le métavers : un univers virtuel immersif et addictif. Voilà la promesse. On peut y faire ses courses, se promener, y rencontrer des amis, suivre des formations, et plein d’autres choses. Cet univers virtuel est la source de nombreux fantasmes, mais aussi de vives critiques. En effet, les métavers, dont celui en cours de développement chez Meta, représentent de nombreux dangers. Décryptage.

Quels sont les dangers des métavers ?

Parcourons tout d’abord les nombreux dangers du métavers, mis en avant par les experts.

Un risque de manipulation à grande échelle

Rand Waltzman, expert américain en intelligence artificielle et en technologie de l’information, estime que les métavers ouvriront la possibilité de manipuler en masse les internautes, sur un plan psychologique et émotionnel, à un niveau inimaginable dans les médias actuels.

Un exemple parmi d’autres : la politique.
Dans le métavers, il sera possible de modifier le visage d’un homme politique, en temps réel, pour qu’il ressemble (un peu) à chacun des internautes en train de le regarder. De cette manière, l’utilisateur du métavers aura l’impression de se reconnaître un peu sous les traits du visage de l’homme politique. Or les études montrent qu’on a tendance à davantage faire confiance à quelqu’un qui nous ressemble, ce qui pourrait donc fausser le résultat des élections et donc détruire la démocratie.
Les politiques sont – pour certains – déjà très habiles à pratiquer l’effet miroir, qui consiste à imiter la gestuelle et l’intonation de voix de leurs interlocuteurs. Dans le métavers, cela sera possible à grande échelle.

Waltzman préconise que des garde-fous soient déployés et que les pouvoirs publics s’intéressent de près à la question, pour limiter les abus. Il insiste également sur l’importance de lutter à l’aide d’outils technologiques, par exemple avec des avatars artificiels naviguant dans le métavers et y repérant les pièges de ce type.

Des risques pour la santé physique et mentale

Les utilisateurs du métavers risquent de devenir complètement accros à cet outil, au point de ne plus quitter leur canapé et leur casque de réalité virtuelle.
Cela ne ferait donc qu’accroître la dépendance au Web et aux réseaux sociaux, déjà constatée. L’activité physique, fondamentale pour maintenir une bonne santé physique et mentale, est donc compromise, pour des millions d’utilisateurs.
Citons aussi les risques encore renforcés de harcèlement en ligne des enfants et adolescents, et de dépendance émotionnelle à un média qu’il sera difficile de distinguer de la réalité.

Des risques pour la société

Les métavers représentent un risque plus large, au-delà du risque pour l’individu, d’une déconnection croissante des membres de la société du réel.
L’une des promesses principales des métavers, c’est de pouvoir s’évader du monde réel, et de s’immerger dans un monde virtuel, source de plaisir et où “tout se passe bien”.
Dans un monde réel complexe et effrayant, dans lequel des crises graves sont annoncées dans les médias de manière quotidienne, des millions de citoyens risquent de se couper de la réalité, grâce à ce nouveau média. Avec pour conséquence une dépolitisation encore plus forte que celle que nous connaissons déjà, au fil des élections qui battent des records d’abstention. In fine, le métavers, c’est donc également potentiellement un outil de rupture de la citoyenneté.
Il convient aussi d’alerter sur le risque d’explosion des arnaques en tout genre. En effet, il sera probablement bien plus facile, pour un escroc, de mettre en confiance une victime potentielle, sous les traits d’un avatar conçu expressément pour “plaire” à sa victime, qu’à l’aide d’un simple email ou SMS…

Des risques pour l’environnement

Enfin, rappelons que les métavers consomment énormément d’énergie dans leur fonctionnement (serveurs informatiques, câbles Internet pour faire transiter les données, etc.).
À l’heure où les services de streaming vidéo à la demande représentent déjà une part très significative de la bande passante mondiale, et où le digital pèsera bientôt 10% de notre empreinte carbone, on peut craindre le pire si des milliards de personnes passent des heures par jour dans un métavers. Il  paraît également difficile de réduire notre consommation d’électricité avec un tel usage.

Le métavers de Meta ne se porte pas si bien !

Mais tout n’est pas si rose dans le monde des métavers, bien au contraire.
Meta (le nouveau nom de l’entreprise Facebook) connaît des déboires avec son projet de métavers :

  • La division de réalité virtuelle de Meta, Reality Labs, a perdu près de 6 milliards de dollars en quelques mois,
  • Le vice-président de Meta (Vivek Sharma) en charge du métavers a démissionné récemment,
  • Et Andrew Bosworth, directeur des nouvelles technologies, craint que le métavers ne soit un « environnement toxique » et demande une modération très stricte de l’outil.

Enfin, pour les investisseurs qui placent leur argent dans les entreprises éditrices de ces plateformes de métavers, rappelons qu’il s’agit d’un marché “winner takes all” (comme les réseaux sociaux), où seul 1 ou 2 acteurs deviendront dominants sur le marché, au détriment de tous les autres.
Il convient donc d’être particulièrement vigilants si on envisage d’investir de l’argent dans ces entreprises. Rappelons que la société MySpace a connu une période de gloire, il y a fort longtemps, sur le même modèle, et qu’aujourd’hui, peu de gens se souviennent de cette startup.

Par Stéphanie Thomas

Directrice de publication du site.

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