Chômage : les nouvelles règles sur les allocations et l’aide au retour à l’emploi en avril 2025

Publié le - Auteur Par Lucie -
Chômage : les nouvelles règles sur les allocations et l’aide au retour à l’emploi en avril 2025

3,1 millions. C’est le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi (catégorie A) en février 2025, selon la Dares. Le montant moyen des allocations chômage versées en France tourne autour de 1 240 euros nets par mois, tandis que la durée moyenne d’indemnisation est d’environ 10 mois. En avril 2025, une série de nouvelles règles bouleverse les droits à l’assurance chômage. Objectif affiché : inciter davantage au retour rapide à l’emploi. Mais certaines mesures soulèvent de vives critiques.

Les nouveautés qui font grincer des dents les chômeurs

Les modifications apportées au régime d’assurance chômage entreront en application à partir du 1er avril 2025, conformément au décret n° 2025-250 publié au Journal officiel et détaillé sur Service-public.fr. Voici les principaux changements :

Un versement des allocations désormais tous les 30 jours

Jusqu’à présent, les allocations chômage étaient versées de manière glissante, en fonction du nombre de jours du mois. À partir d’avril 2025, le paiement est désormais mensuel fixe, tous les 30 jours, indépendamment de la durée réelle du mois (28, 30 ou 31 jours).

➡️ Conséquence concrète : pour les mois plus longs, les allocataires reçoivent moins que précédemment. Cela revient à « étaler » le même montant global sur une base mensuelle stricte, générant une baisse mensuelle estimée de 3 à 5% dans certains cas.

« Cette mesure permet de simplifier la gestion des paiements, mais elle pénalise les bénéficiaires, surtout les plus précaires », explique un agent de France Travail interrogé anonymement.

Borne et seuil d’âge : de nouvelles règles dès 57 ans

Deux nouvelles notions font leur apparition dans le calcul de la durée d’indemnisation : la borne d’âge et le seuil d’âge.

  • La borne d’âge concerne les droits ouverts avant 57 ans. Ceux qui franchissent cette borne après l’ouverture de leurs droits ne pourront pas bénéficier des règles plus favorables réservées aux seniors.
  • Le seuil d’âge, lui, s’applique aux droits ouverts après 57 ans. Dans ce cas, la durée maximale d’indemnisation passe à 27 mois au lieu de 18 mois pour les autres tranches d’âge, à condition d’avoir suffisamment cotisé.

⚠️ Pour bénéficier des droits allongés à partir de 57 ans, il est désormais impératif d’atteindre cet âge au moment de l’ouverture des droits, et non en cours d’indemnisation.

Fin de l’exception pour les travailleurs saisonniers

Jusqu’à présent, les travailleurs saisonniers bénéficiaient d’un calcul plus souple de leur durée d’indemnisation, permettant d’amortir les périodes sans activité. Cette exception est supprimée en avril 2025.

Dorénavant, le calcul des droits au chômage pour les saisonniers se fait sur les mêmes bases que pour les autres salariés : 6 mois d’activité sur les 24 derniers mois.

➡️ Cela va impacter de nombreux secteurs comme l’agriculture, la restauration ou le tourisme, où les contrats courts sont la norme.

Départ volontaire : des sanctions renforcées

Une personne qui quitte volontairement son emploi sans motif légitime n’est pas éligible à l’assurance chômage. Cette règle reste inchangée, mais son application devient plus stricte.

Le décret précise que toute rupture volontaire non justifiée par un motif légitime (harcèlement, non-paiement du salaire, suivi de conjoint, etc.) entraîne systématiquement un refus d’ouverture de droits, même si la personne retrouve rapidement un autre emploi qu’elle perd ensuite.

➡️ Le but est d’éviter les stratégies d’optimisation où certains salariés démissionnent pour percevoir l’allocation après un court CDD.

Offre raisonnable d’emploi : définition clarifiée

Le concept d’offre raisonnable d’emploi (ORE), déjà en vigueur, est renforcé. Il s’agit d’un emploi que le demandeur d’emploi ne peut pas refuser sous peine de radiation. En 2025, l’administration apporte des précisions :

  • Au bout de 6 mois de chômage, l’offre est considérée comme raisonnable même si elle implique une baisse de 15% de salaire par rapport au précédent poste.
  • La distance entre le domicile et le lieu de travail peut atteindre 1h30 de trajet aller.
  • Un emploi proposé en CDD de 6 mois ou plus est également jugé raisonnable.

Refuser deux offres raisonnables dans un délai de 6 mois peut entraîner une suspension des droits jusqu’à 6 mois, voire une radiation temporaire.

Ce que disent les chiffres récents

Selon les dernières données de la Dares (février 2025) :

Catégorie de demandeurs d’emploi Nombre
Catégorie A (sans activité) 3,1 millions
Catégorie A, B et C (activité réduite incluse) 5,4 millions
Augmentation en un mois +0,7%
Variation sur un an +2,9%

Le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 7,6% au premier trimestre 2025.

Vers une évolution du rôle de France Travail

Depuis le 1er janvier 2025, Pôle emploi a officiellement fusionné avec d’autres structures pour devenir France Travail. Cette nouvelle entité a pour objectif d’harmoniser le suivi des demandeurs d’emploi, y compris les allocataires du RSA.

Parmi les mesures en préparation :

  • Un contrat d’engagement obligatoire pour tous les allocataires.
  • Un accompagnement renforcé dès les premières semaines.
  • Des sanctions systématisées en cas de non-respect des obligations (recherche active, présence aux rendez-vous, etc.).

« La réforme veut faire du chômage un moment de transition active, pas un sas d’attente », selon un communiqué du ministère du Travail.

Une réforme critiquée par les syndicats et les associations

La CGT, FO et la CFDT ont toutes dénoncé un durcissement injuste du régime, particulièrement à l’égard des seniors et des précaires.

Selon l’Unédic, 100 000 personnes pourraient perdre tout ou partie de leurs droits du fait des nouvelles règles. Les jeunes de moins de 25 ans, les saisonniers, les femmes reprenant un emploi après un congé parental sont particulièrement exposés.

Ce qu’il faut retenir

  • Le paiement des allocations est mensualisé sur 30 jours, même en février ou juillet.
  • Le seuil d’âge de 57 ans doit être atteint avant l’ouverture des droits pour bénéficier des extensions.
  • Les saisonniers perdent leur statut dérogatoire.
  • Les départs volontaires sont strictement encadrés, même avec un nouvel emploi ensuite.
  • La notion d’offre raisonnable d’emploi devient plus contraignante, avec des critères précisés.
  • France Travail centralise désormais le suivi et renforce les contrôles.

Ce nouveau cadre, plus rigide, vise à accélérer le retour à l’emploi mais suscite un débat croissant sur sa justice sociale. Reste à voir si les résultats suivront du côté de l’emploi durable.

Par Lucie

Lucie est rédactrice sur ComparateurBanque.com depuis le début. Elle aime tester les offres et partager son expérience. Elle a aussi d'autres casquettes dans l'équipe.

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