Des révélations qui secouent la confiance numérique
De nouveaux Twitter Files ont mis en lumière des pressions exercées par l’État français sur Twitter pour faire supprimer certains contenus. Ces documents confidentiels, remis à des journalistes d’investigation comme Matt Taibbi et Michael Shellenberger, montrent une volonté de restreindre la liberté d’expression sur Internet sous couvert de modération.
Selon ces informations, des agences gouvernementales françaises auraient exigé la suppression de tweets jugés dérangeants sur des sujets comme les manifestations des Gilets jaunes ou la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19. On constate que ces événements datent de quelques années déjà.
Des tentatives de contrôle au nom de la sécurité
La logique derrière ces interventions serait portée par la nécessité de lutter contre la désinformation et de préserver l’ordre public. Donc sous le couvert de la sécurité, comme souvent.
Le gouvernement aurait fait valoir que certains propos risquaient d’inciter à la haine ou à la violence. Toutefois, plusieurs experts soulignent que la majorité de ces contenus ne violaient pas les règles de la plateforme, ni les lois françaises.
Des exemples inquiétants d’ingérence :
- Des messages critiques envers la gestion de la pandémie auraient été classés comme problématiques.
- Des publications exprimant un soutien aux Gilets jaunes ont été signalées comme sources de désordre public.
- Des comptes d’activistes auraient été discrètement signalés par des agences publiques…
Ces actions s’apparentent à une forme de censure proactive qui pose la question de l’ingérence politique dans la régulation du débat en ligne.
Un fonctionnement opaque entre l’État et les plateformes
Les révélations montrent aussi une absence de transparence dans les échanges entre les équipes de modération de Twitter et les représentants de l’État. Aucun cadre légal clair ne semble encadrer les demandes formulées, et elles sont rarement rendues publiques.
À ce jour, ni le ministère de l’Intérieur, ni celui du Numérique n’a formulé de démenti précis, se retranchant derrière le fait que ces requêtes relevaient de la lutte contre la désinformation.
Comment fonctionne la modération aujourd’hui ?
Twitter, comme d’autres réseaux sociaux, opère une modération algorithmique combinée à des signalements manuels. Lorsqu’un État souhaite obtenir la suppression d’un contenu, il peut :
- Adresser une demande via un canal officiel (Judiciaire ou via l’unité PHAROS en France),
- Demander des retraits en cas de contenu illicite avéré,
- Faire pression officieusement par des équipes de communication ou de sécurité…
Les implications pour la liberté d’expression
Le cas français fait écho à d’autres actions découvertes via les Twitter Files aux États-Unis, en Allemagne ou au Brésil. De nombreux observateurs y voient un glissement progressif vers un contrôle étatique du discours numérique sous couvert de sécurité ou de santé publique.
D’après Reporters Sans Frontières (RSF), « La censure ne doit jamais devenir un outil de confort pour les gouvernements ». La liberté d’expression garantit la diversité d’opinions, même divergentes
Le rôle central des plateformes numériques
Les plateformes comme Twitter, Facebook ou YouTube se trouvent dans une position délicate. D’un côté, elles sont sommées de lutter contre les contenus fake news ou haineux. De l’autre, elles doivent préserver une sphère publique ouverte, gage de démocratie.
La charte de contenu de ces acteurs n’est pas toujours publique, ni homogène selon les pays, ce qui accentue les risques. L’implication d’États dans les processus de modération devrait faire l’objet d’un débat public et encadré juridiquement.
Quelles solutions face à ces dérives ?
Pour restaurer la confiance, plusieurs pistes sont envisagées au niveau européen et international :
- Transparence algorithmique : que les plateformes publient comment et pourquoi un contenu est supprimé ou déréférencé.
- Contrôle démocratique : supervision par une autorité indépendante plutôt que par les autorités exécutives.
- Loi sur les libertés numériques : renforcer juridiquement les garanties de liberté d’expression en ligne.
La France a d’ailleurs adopté la Loi Avia (2020), censurée en partie par le Conseil Constitutionnel, car jugée trop large et non conforme aux droits fondamentaux. Un équilibre demeure à trouver entre modération nécessaire et censure étatique.
La démocratie numérique en question
À l’ère numérique, la démocratie évolue sur de nouveaux terrains. Le respect des droits fondamentaux en ligne devient une priorité. L’affaire des Twitter Files pousse à repenser le rôle que joue l’État dans l’espace numérique. Les citoyens, les journalistes, les acteurs du numérique ont un rôle crucial à jouer pour défendre un Internet ouvert et pluraliste.
La protection de la liberté d’expression en ligne n’est pas négociable. Les révélations des Twitter Files soulignent l’urgence d’un cadre juridique clair, transparent et démocratique. C’est à travers la vigilance collective que pourra être garantie une expression libre dans l’espace numérique.
Et vous, pensez-vous que l’État français devrait pouvoir influencer les contenus diffusés sur les réseaux sociaux ? Partagez votre avis en commentaire !
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