Le débat autour de la place de Bitcoin dans l’économie mondiale ressurgit avec plus d’insistance depuis les récentes déclarations de Larry Fink, PDG de BlackRock. Dans une lettre annuelle adressée aux actionnaires, il rappelle que la position dominante du dollar n’est pas éternelle. Selon lui, si la dette publique américaine continue de s’aggraver, les investisseurs pourraient se tourner vers des solutions alternatives et décentralisées comme Bitcoin. Cette analyse, qui met en cause l’avantage dont dispose depuis longtemps la monnaie américaine, nourrit un vif intérêt chez les spécialistes et observateurs du marché.
L’économie américaine sous pression
Alors que l’économie américaine est soumise à de fortes tensions – entre inflation persistante et ajustements de politiques publiques – la question de la dette fait frissonner les investisseurs. Dans ce climat, Larry Fink estime que la prudence est de mise : le déficit budgétaire grandissant pourrait fragiliser la confiance dans la monnaie nationale. Pour se prémunir d’une telle éventualité, l’expert conseille aux investisseurs d’envisager une diversification plus large de leurs portefeuilles, allant au-delà des traditionnelles actions et obligations.
Les ETFs crypto en plein essor
En parallèle, les fonds négociés en Bourse (ETFs) axés sur les crypto-monnaies connaissent une popularité croissante. Selon les données relayées par CoinShares, les flux entrants dans les ETFs crypto ont atteint 225 millions de dollars sur une semaine. Les investisseurs se montrent particulièrement intéressés par Bitcoin, qui a attiré la majorité de ces capitaux. D’autres jetons, comme Ethereum, XRP ou Solana, ont également enregistré de belles entrées d’argent.
La stratégie de BlackRock dans les actifs numériques
BlackRock, en tant que gestionnaire d’actifs de référence, a pris les devants sur le terrain des crypto-monnaies. Dès janvier 2024, la firme a lancé un ETF spot Bitcoin (IBIT), devenu l’un des plus grands succès de l’histoire des fonds négociés en Bourse. Avec près de 50 milliards de dollars sous gestion, dont la moitié provenant d’investisseurs particuliers, ce produit témoigne de l’intérêt grandissant pour la monnaie numérique. À cela s’ajoute un fonds monétaire tokenisé, baptisé BUIDL, qui s’approche des 2 milliards de dollars d’encours. L’intérêt pour ces nouveaux outils d’investissement reflète, en partie, la volonté des épargnants de diversifier leur exposition.
La tokenisation, axe majeur pour l’avenir
Au-delà de l’essor des crypto-monnaies, Larry Fink perçoit dans la tokenisation une piste prometteuse. L’idée consiste à créer des versions numériques de titres traditionnels (actions, obligations, parts de fonds, etc.), ce qui faciliterait les échanges et en réduirait potentiellement le coût. Le dirigeant souligne toutefois que la mise en place d’une infrastructure de vérification fiable reste essentielle pour encourager une adoption plus large de la finance décentralisée. En d’autres termes, la démocratisation de la tokenisation va de pair avec la nécessité de résoudre les problématiques liées à la sécurité des transactions.
Vers un rééquilibrage monétaire mondial ?
Au cœur de la réflexion, l’éventualité de voir Bitcoin s’imposer comme alternative à la monnaie américaine alimente de nombreux scénarios. La cryptomonnaie bénéficie de l’attrait pour la décentralisation et de sa rareté programmée. Néanmoins, les régulateurs américains et la Réserve fédérale pourraient réagir pour préserver la prééminence du dollar. L’évolution du cadre réglementaire ainsi que la solidité de l’économie américaine seront donc déterminantes pour savoir si Bitcoin finira ou non par éroder la position historique de la devise américaine. La prise de parole de Larry Fink confirme l’attention portée par les grands groupes financiers à l’égard des crypto-actifs et de la tokenisation.
Quelle politique pour le dollar et quel impact sur bitcoin ?
En attendant, le dollar américain reste la principale monnaie de réserve mondiale. Mais la position officielle du président américain Donald Trump, est qu’un dollar fort handicape l’industrie américaine en rendant les exportations plus coûteuses et en pesant sur l’emploi manufacturier. Son objectif est donc de favoriser un affaiblissement du dollar afin de réduire le déficit commercial, qui a atteint un niveau record en 2024.
Cependant, la valeur de la devise américaine dépend principalement des forces du marché des changes, dont l’ampleur dépasse largement le contrôle direct d’une administration. Les interventions gouvernementales, qu’il s’agisse de réduire les taux d’intérêt via la Réserve fédérale ou d’acquérir massivement des devises étrangères, ne sont pas garanties de produire l’effet escompté à long terme. Par ailleurs, l’idée d’une initiative internationale similaire à l’accord du Plaza de 1985 (aujourd’hui surnommée « Mar-a-Lago Accord ») paraît peu probable compte tenu des rapports de force actuels, notamment avec la Chine.
Une monnaie affaiblie peut, en théorie, rendre les produits américains plus compétitifs à l’exportation. Néanmoins, d’autres facteurs, comme les coûts de production ou la qualité des biens, entrent également en jeu. De plus, la hausse des prix des matières premières, libellées en dollars, peut pénaliser le consommateur américain. Le risque d’inflation et de ralentissement économique s’accroît alors, ce qui tendrait à freiner la demande intérieure.
Mais rappelons qu’un dollar faible profite généralement à bitcoin, et ce n’est pas un hasard. Lorsqu’il perd de sa valeur, cela traduit une perte de confiance dans les monnaies traditionnelles, poussant les investisseurs à se tourner vers des alternatives perçues comme plus fiables à long terme, comme l’or, les actions… ou Bitcoin. Ce dernier, avec son offre plafonnée à 21 millions d’unités, est vu comme un actif déflationniste, donc naturellement attractif en période d’inflation — souvent liée à un affaiblissement du dollar. Enfin, un dollar faible va de pair avec des taux d’intérêt bas, ce qui incite les investisseurs à chercher du rendement ailleurs. Résultat : un regain d’intérêt pour les actifs risqués à fort potentiel, et donc pour les cryptomonnaies.
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