Kenya : le projet crypto Worldcoin dans la tourmente suite à des soupçons d’espionnage

Publié le - Auteur Par Tony L. -
Kenya : le projet crypto Worldcoin dans la tourmente suite à des soupçons d’espionnage

La dernière controverse autour de la technologie de la blockchain vient de frapper le Kenya, où les autorités ont accusé l’entreprise Worldcoin d’espionnage et de menace pour la souveraineté de l’État. Cette situation rappelle l’urgence de réguler le secteur en pleine expansion des monnaies numériques pour protéger les droits et les données des citoyens.

Comme un soupçon d’espionnage au Kenya chez Worldcoin

Worldcoin, imaginé par le PDG d’OpenAI, Sam Altman, est une nouvelle plateforme de cryptomonnaie qui exige une World ID, agissant comme un passeport numérique pour vérifier l’identité réelle d’une personne. Cette ID est sécurisée par une numérisation oculaire en personne à l’aide de l’“orb” de Worldcoin, garantissant que l’utilisateur n’est pas un robot.

Les législateurs kényans ont réprimandé le Secrétaire du Cabinet pour l’Information, la Communication et l’Économie Numérique, Eliud Owalo, pour des informations inexactes concernant les opérations de Worldcoin au Kenya.

La commission législative a dénoncé les actions de Worldcoin comme étant de l‘espionnage et a appelé à une enquête criminelle sur les entreprises étrangères associées. Ils ont également souligné la nécessité d’ajustements réglementaires pour encadrer les cryptomonnaies au Kenya.

La controverse a suscité un tollé public, en particulier concernant les pratiques d’extraction de données impliquant la numérisation de l’iris, qui ont été menées sans les autorisations requises, violant ainsi les réglementations sur la protection des données et sur les équipements de communication​.

Suspension suite à des préoccupations concernant une violation de données

En Août dernier le Kenya avait déjà mis un terme à toutes les activités liées à l’entreprise de crypto-monnaie de Sam Altman, Worldcoin, devenant ainsi le premier pays à le faire. Cette décision avait été prise en raison de préoccupations croissantes concernant d’éventuelles violations de données.

Kithure Kindiki, le ministre de l’Intérieur du Kenya, avait alors exprimé ses préoccupations concernant la collecte de données sensibles par l’organisation. Le gouvernement kényan demande maintenant une enquête approfondie de ses organes financiers, de sécurité et de protection des données.

« Le gouvernement est alarmé par les activités d’enregistrement de Worldcoin impliquant la collecte de données de l’iris », a déclaré Kindiki dans un communiqué.

Au moment de l’annonce de la suspension, plus de 350 000 citoyens kényans s’étaient déjà inscrits à Worldcoin, gagnant des tokens gratuits équivalant à environ 45$.

Une start-up dans le viseur après une révélation au parfum de scandal

Créée en 2021, la société Worldcoin a rapidement étendu ses activités à 30 emplacements à travers la capitale, Nairobi.

Elle est accusée d’avoir recueilli illicitement des données auprès des Kenyans, en échangeant des scans de leurs iris contre des jetons de cryptomonnaie. Le comité spécial d’enquête, dirigé par Gabriel Tongoyo, député de Narok West, a révélé que Worldcoin avait commencé ses activités un an avant d’enregistrer officiellement sa présence, enfreignant ainsi la loi sur la protection des données de 2019.

Des affiliations suspectes pour Worldcoin

Poursuivant ses investigations, le comité a épinglé deux entreprises associées à Worldcoin: Tools for Humanity (TFH) Corp et Tools for Humanity (TFH) GmbH.

Ces entreprises sont soupçonnées d’opérer illégalement sur le sol kényan, n’apparaissant pas dans la base de données des entreprises enregistrées au Kenya. Leur mode opératoire et leurs liens avec Worldcoin ont suscité de vives préoccupations quant à leur respect des lois locales, notamment en matière de protection des consommateurs et de cybercriminalité.

Inquiétudes sur la gestion des données récoltées par Worldcoin

Si Worldcoin affirme que les données collectées sont stockées de manière sécurisée via Amazon Web Services en Afrique du Sud, des doutes subsistent. Les interrogations portent sur la possibilité de rétracter et de supprimer ces données, mais aussi sur la légalité du transfert de données personnelles hors du Kenya.

Kenya : Un débat politique houleux

La saga Worldcoin a également déclenché des remous au sein de l’Assemblée nationale kenyane.

Eliud Owalo, secrétaire du Cabinet pour l’Information, la Communication et l’Économie Numérique, a été critiqué pour avoir fourni des informations contradictoires sur les opérations de Worldcoin.

L’Assemblée nationale exhorte désormais à une harmonisation des lois pour réguler le secteur des cryptomonnaies.

Vers une régulation accrue au Kenya ?

Les membres du Parlement sont déterminés à renforcer la législation.

Des propositions sont à l’étude pour donner plus de pouvoir à l’Office de la Commission de Protection des Données (ODPC) et aligner la loi sur les normes internationales. Une recommandation clé est d’imposer des exigences plus strictes pour les entreprises étrangères souhaitant s’inscrire comme processeurs ou contrôleurs de données au Kenya.

Alors que l’affaire Worldcoin se poursuit, elle met en lumière la nécessité d’un cadre législatif solide face à l’évolution rapide de l’économie numérique. Les autorités kényanes sont déterminées à protéger les droits de leurs citoyens à l’ère du digital.

Worldcoin en balance dans plusieurs pays

Les implications en matière de confidentialité de Worldcoin ont également fait l’objet d’un examen minutieux de la part d’autres nations.

Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont lancé des enquêtes sur la société. Le Bureau du Commissaire à l’information du Royaume-Uni a souligné que toute entreprise, en particulier celles traitant des données biométriques, doit effectuer une évaluation d’impact sur la protection des données avant ses opérations. Worldcoin a défendu ses procédures, assurant au public que les données des scans de l’iris sont cryptées puis supprimées.

Un doute sur le bien fondé du projet Worldcoin

Comment ne pas émettre de doute raisonnable sur les réelles motivations d’une entreprise désireuse de cartographier puis de digitaliser l’identité humaine à l’échelle mondiale et qui commence sa collecte de datas de façon illégale dans un pays où le revenu mensuel moyen par habitant est d’environ 145$ en contrepartie d’une valeur en jeton de 45$ ?

En effet, si une entreprise effectue une collecte de données de manière illégale, cela ne soulève-t-il pas immédiatement des questions sur son intégrité, ses méthodes de travail et le respect des droits individuels ? De plus, le fait que cela se produise dans un pays avec un revenu mensuel moyen bas n’indique-t-il pas que les habitants peuvent être plus vulnérables et moins en mesure de protéger leurs droits à la vie privée ?

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Par Tony L.

Passionné de technologie, Tony vous propose des articles et des dossiers exclusifs dans lesquels il partage avec vous le fruit de ses réflexions et de ses investigations dans l'univers de la Blockchain, des Cryptos et de la Tech.

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