Une réforme économique qui divise les petites entreprises
Avec une proposition visant à supprimer deux jours fériés pour dynamiser l’économie française, le débat s’intensifie parmi les très petites entreprises (TPE). Selon l’INSEE, en France, les TPE représentent 96 % du tissu entrepreneurial, ce qui rend leurs réactions capitales.
Si le gouvernement espère un gain de productivité, de nombreux patrons de TPE redoutent un effet contraire, estimant que cette mesure pourrait déséquilibrer leur activité et nuire à la motivation des salariés.
Les jours fériés, un équilibre essentiel pour le bien-être des salariés
Pour beaucoup de TPE, notamment dans les secteurs de la restauration, du commerce ou des services, les jours fériés sont rarement synonymes d’inactivité. Ils représentent au contraire une source ponctuelle de chiffre d’affaires ou un moment de récupération vital pour leurs équipes.
Supprimer deux jours fériés reviendrait à :
- Réduire des périodes de repos essentielles,
- Accentuer le stress et la fatigue des salariés,
- Risquer une démotivation générale.
Selon une étude de Malakoff Humanis de 2023, 82 % des salariés français estiment que les jours fériés ont un impact positif sur leur santé mentale et leur productivité à long terme.
Un pari sur la productivité contesté par les experts
L’argument gouvernemental repose sur l’idée que plus de jours travaillés équivalent à plus de richesse produite. Toutefois, cette équation simple semble ne pas s’appliquer aux TPE.
Contrairement aux grandes entreprises, qui peuvent rationaliser les coûts, les petites structures dépendent fortement de l’amplitude horaire et des marges serrées.
Supprimer deux jours fériés pourrait :
- Alourdir les charges opérationnelles,
- Augmenter les frais en matière de personnel,
- Diminuer la rentabilité sur le long terme.
Un rapport publié par le Conseil d’analyse économique (CAE) souligne que les jours fériés n’affectent pas significativement la croissance annuelle du PIB, bien que leur suppression puisse entraîner un gain temporaire de chiffre d’affaires.
Des secteurs plus vulnérables que d’autres
Les secteurs les plus touchés seraient :
- Le tourisme et la restauration, qui bénéficient des ponts pour attirer les clients,
- Le secteur médical et paramédical, déjà en forte tension,
- Les commerces de proximité, où l’absentéisme peut paralyser l’activité.
À titre d’exemple, une boulangerie familiale ouverte les jours fériés réalise parfois jusqu’à 15 % de son chiffre mensuel sur ces seules journées. Une suppression de ces créneaux représenterait une perte nette difficilement compensable.
Le climat social, une priorité oubliée ?
La suppression de jours fériés est également perçue comme un recul symbolique du droit au repos. Dans les petites structures, les relations de travail sont souvent basées sur la confiance et l’équilibre entre exigence et reconnaissance.
Toucher aux jours fériés sans concertation véritable peut altérer cette dynamique. Selon un sondage IFOP 2025, 68 % des salariés de TPE se disent « démotivés » à l’idée de perdre ces jours de repos, même avec une compensation salariale.
« La productivité ne se décrète pas. Elle s’encourage par le bien-être au travail », rappelait récemment Dominique Méda, sociologue du travail à l’Université Dauphine.
Des alternatives envisagées pour concilier croissance et qualité de vie
Au lieu d’imposer une réduction des jours fériés, plusieurs experts proposent des voies alternatives, telles que :
- L’aménagement du temps de travail sur la base du volontariat,
- Une meilleure gestion des congés pour étaler les absences,
- Des incitations fiscales pour les entreprises ouvrant les jours fériés.
Le gouvernement pourrait également s’inspirer d’autres modèles européens, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, qui mêlent flexibilité et protection sociale avec succès.
Un débat à envisager avec prudence
La suppression de deux jours fériés, bien que fondée sur des objectifs économiques, cristallise les inquiétudes d’un tissu entrepreneurial déjà sous pression. Pour les TPE, ce type de réforme doit s’accompagner d’une vision élargie intégrant les réalités terrain.
Avant d’imposer une telle mesure, mieux vaudrait une consultation élargie, incluant syndicats, CPME, et chefs de TPE, afin d’en évaluer les effets concrets sur la compétitivité et le bien-être au travail.
Que pensez-vous de cette proposition ? Quels impacts pour votre activité ? Partagez votre avis en commentaire.