Le cashback, nouvel eldorado ?

Modifié le - Auteur Par Stéphanie Thomas -
Le cashback, nouvel eldorado ?

 

Si certains acteurs de la Fintech se sont lancés avec le système du cashback en élément clé de leur stratégie (comme: American Express et ses différentes cartes Gold ou Air France,  Paymount avec son offre SoShop), d’autres, et de plus en plus, l’ajoutent à leurs services (N26, Orange Bank, Revolut…).
Ce système qui consiste à gagner de l’argent en achetant, fonctionne très bien à l’étranger mais n’est pas encore vraiment dans les habitudes des français.

Les offres de cashback se multiplient

Les néobanques arrivent en force sur les offres de cashback. Cette pratique est très courante dans les pays anglo-saxons, en France elle est moins répandue. Certains appellent cela le « cagnottage ». Ce terme est révélateur de l’état d’esprit. Il s’agit de gagner des petites sommes sur ses achats qui en se cumulant représentent un petit pactole permettant de se faire des petits plaisirs.

Qu’est-ce que le cashback ?

Le « cashback » est un terme qui vient des Etats-Unis. Ce concept est né dans les années 1970. Il s’agit littéralement  de « retour d’argent » ou de la maxime surprenante « acheter c’est gagner » ou « payer c’est gagner ». Cela consiste à reverser un pourcentage du montant dépensé par le client. Le pourcentage varie selon la société qui propose l’offre.
La rétrocession est parfois reversée sous la forme de points convertibles en cadeaux ou de remises à valoir sur un prochain achat, ou d’argent sonnant et trébuchant qui alimente directement le compte en banque.
Les années 1990, avec l’augmentation de l’utilisation du web, ont vu le fonctionnement du cashback se développer sur internet. Ceci lui a donné un nouveau souffle et plus d’ampleur. Certains sites se sont spécialisés dans la création de communautés dédiées à ce type d’achats.
En France, ce système est apparu plus tard.
Depuis 2010, il fait parti intégrante des stratégies de marques en ligne. Le cashback est un outil de promotion comme un autre. Il s’adresse à un public qui raffole des promotions et des bons plans.

Qui cela concerne ?

Dans tous les cas, le cashback concerne ceux qui vont faire des achats.
Ils peuvent le faire soit avec leur carte de paiement qui sera « affiliée » à un programme de cashback ou soit par l’intermédiaire d’une communauté de cashbackers (comme Ebuyclub, Igraal, et bien d’autres).
Les grandes enseignes comme la Fnac, Darty, Cdiscount, Etam, Zalando, Nike… ont intégré cette démarche à leur stratégie publicitaire.
17% des dépenses des annonceurs en affiliation sont parties dans le cashback entre 2012 et 2015, selon une étude sur le Cashback en France faite par Xerfi et le Syndicat National du Marketing à la Performance (SNMP) en 2016.
Cette étude révèle le profil type du cashbackeur, en 2016 il s’agissait d’une « eshoppeuse futée » (femme à 54%) qui a entre 25 et 49 ans, toutes CSP confondues, qui achète souvent en ligne et qui réside en France.

Qui est vraiment le gagnant du cashback ?

Normalement c’est un jeu à somme nulle. Tout le monde gagne dans le cashback.
Le consommateur peut être amené à orienter ses choix vers le produit ou la marque qui sera la plus avantageuse pour lui. Cela peut lui permettre non seulement de payer moins cher mais en plus de diversifier ses achats en testant de nouvelles offres.
« 58% des eshoppers pensent que le cashback est un critère décisif dans le choix d’un e-commerçant » et pourtant seulement 10,9% de la population française est inscrite à un ou plusieurs programmes de cashback.
Le commerçant ou l’enseigne en choisissant de participer à ce programme va devoir débourser un peu d’argent, tout comme dans le cadre d’une action publicitaire. Les frais sont cependant inférieurs et en plus avec le cashback l’achat est garanti. Ce type de levier permet d’attirer de nouveaux clients et de fidéliser les anciens.
L’étude de Xerfi et du SNMP souligne que les e-commerçants recommandent cet outil d’acquisition qui canalise une audience d’acheteurs deux fois plus active que les autres.
La banque, qui est le troisième acteur que l’on oublie souvent dans l’équation. La banque est l’acteur tiers de confiance qui sécurise la transaction. Cela lui permet de fidéliser ses clients. Aux Etats-Unis, « 60% des consommateurs choisissent leur banque en fonction du programme de cashback » qui est proposé. Ce chiffre est issu d’une étude réalisée par le processeur de carte de crédit TSYS.

Le guide du cashback en 10 minutes :

Quelles solutions pour profiter du cashback ?

Les banques traditionnelles ne sont pas nombreuses.

Rares sont les banques traditionnelles qui proposent le cashback. Ce type de programme de fidélité est resté confidentiel. Souvent les banques passent par des intermédiaires externes auprès de qui elles sous-traitent ce levier d’acquisition. Ce n’est pas leur métier premier et elles ne veulent pas que cela empiète sur leur temps. Elles communiquent peu dessus.

Le Crédit Agricole avec Malicéa

Malicéa est le programme de fidélité réservé aux clients du Crédit Agricole. En tant que cliente de cette banque c’est la première fois que j’en entends parler. Son process de fonctionnement est complexe à l’image de celui des autres banques classiques. Il faut créer un compte, télécharger la toolbar, choisir une enseigne, faire son achat et 70 jours après le compte Malicéa est crédité du montant prévu. Les montants varient selon les enseignes. Dès 10€ de collectés, le client peut demander à transférer le montant vers son compte courant.

La Société Générale avec Grande Avenue

A la Société Générale, c’est sur le site Grande Avenue qu’il faut se rendre. Après avoir créer un compte, il faut choisir une enseigne, activer l’offre qui sera soit un remboursement, soit un code promotionnel. Pour activer l’offre, il faut paraît-il appuyer sur un bouton vert présent sur le site.  Dès 20€ de collectés sur Grande Avenue, l’argent peut être transféré vers le compte courant du client.

Le LCL avec Avantage +

Au LCL, c’est la même histoire mais sur le site Avantage +.

Notre avis : Ce type de solution est complexe. Selon le navigateur ou si l’internaute utilise un ad-bloqueur ou parfois suite à un problème technique l’achat n’est pas enregistré et donc aucun montant n’est remboursé. Ce modèle ne convainc pas. C’est peut-être pour cette raison, que les programmes restent confidentiels et que l’effet domino n’a pas eu lieu pour propager le cashback dans toutes les banques.

Les organismes spécialisés

American Express

American Express existe depuis 170 ans et est un acteur majeur du voyage et du paiement récompensé.
La société doit son succès à la qualité de son offre et à la confiance et fidélité qu’elle a su instaurer avec ses clients. Quand un client fait un achat avec sa carte American Express, il gagne des points sur son compte du Membership rewards qu’il peut convertir en cadeaux ou créditer sur son compte courant.
Ici le fonctionnement est simple, évident et sans surprise.

Priceless Spécials de Mastercard

MasterCard propose à tous les détenteurs d’une carte Mastercard de s’inscrire au programme Priceless Spécials. Il permet de gagner jusqu’à 20% de cashback dans près de 1000 sites partenaires. Il fonctionne comme Malicea du Crédit Agricole avec un système de toolbar. Le délai de validation du montant du remboursement est de 50 jours avant d’être reversé.

Certains e-marchands comme la Fnac, les Galleries Lafayette et Cdiscount

Certains acteurs marchands ont décidé de réaliser un programme de fidélité qui leur est dédié.
C’est le cas de la Fnac, des Galleries Lafayette ou de Cdiscount. Cela ne peut fonctionner que pour les grandes enseignes présentes sur le territoire national et qui réalisent un gros volume de ventes. Mastercard est la solution de carte de paiement qui supporte généralement leur programme.
Ici, les actions sont limitées aux achats en ligne ou en boutique dans l’enseigne en question. Le retrait d’argent liquide en distributeur n’est pas prévu.

Notre avis sur les nouveaux entrants

Une nouvelle vague de nouveaux acteurs va-t-elle permettre de révolutionner le système qui est encore bien trop lourd avec l’affichage de cookies rendus aléatoire par les ad-bloqueurs? C’est fort possible. Voici une liste non exhaustive des nouvelles solutions.

SO Shop de Paymount : prometteur

Acteur de la Fintech français, SoShop a attiré depuis peu notre attention. Cette offre est très prometteuse. Pour un minimum de frais (19,90€ pour obtenir la carte, 1€ de cotisation mensuelle pour la tenue du compte…) les clients de cette néo banque pourront profiter de reversements allant jusqu’à 6,5% pour des achats fait dans plus de 2500 boutiques en France. Pas la peine de télécharger une toolbar,  il faut juste utiliser sa carte dans les bons établissements physiques ou en ligne. Une application qui fonctionne par géolocalisation indique les lieux proches de chez vous.
Autre atout, la recharge de la carte possible en argent liquide chez les buralistes.

N26 You, le compte idéal pour voyager et gagner en dépensant : bien

N26 vient de remplacer son offre Premium : Black par N26 You. L’offre est très proche à la différence qu’elle ajoute une deuxième carte gratuite et des réductions chez les partenaires avec le système de cashback. Le tarif est de 9,90€ par mois pour une Mastercard qui fait bénéficier de 0,1% de cashback sur les achats réalisés avec celle-ci.
Simple et efficace !

Orange Bank : décevant

Le programme Orange Bank est actif depuis juillet 2018 et selon les clients il s’agit de nouveau d’un flop. Les conditions sont trop restrictives pour pouvoir en bénéficier : conditionné sur le montant dépensé, limité dans le temps, réservé aux clients payants (ceux qui ont choisi le forfait à 7,99€/mois) pour les achats fait en boutique Orange ou sur le eshop de la marque. Pour ceux qui souhaitent rejoindre le programme, ils ont jusqu’au 09 octobre 2019 pour s’y inscrire.

Sogexia avec son offre SmartPay : Complexe

L’offre SmartPay de Sogexia est dédiée aux particuliers et permet de toucher de 7 à 20% du montant dépensé dans les 850 enseignes présentes dans le programme. Plus d’informations sur le process plus bas.

Revolut avec la carte Metal : TOP !

Revolut permet a ses clients ayant souscrit l’offre de la carte Metal de bénéficier jusqu’à 1% de cashback. Cette carte permet aussi de profiter d’autres avantages comme une conciergerie et d’avoir accès aux cryptomonnaies.
Pour toute dépense faite en Europe avec cette carte, 0,1% du montant est reversé sur le compte et 1% des dépenses réalisées hors Europe est rétrocédé sur le compte du client. Ce montant peut être versé dans n’importe quelle devise y compris en cryptomonnaie (Bitcoin, Litecoin, Ether …).
Une révolution par rapport aux offres classiques.
Il faudra débourser 13,99€ tous les mois pour jouir de cet avantage.

Curve, agrégateur de compte avec cashback : à voir

La néo banque britannique Curve va bientôt arriver en France avant fin 2019. C’est un agrégateur de compte, comme Max, mais en plus elle reverse 1% des achats à ses clients. Les sites concernés sont par exemple : Amazon, Uber, Netflix…

Wirex pour les crypto et le cashback : à titre informatif

La Fintech britannique, Wirex permet de disposer d’une carte bancaire rattachée à un compte en crypto et des comptes multi-devises. Il est donc maintenant possible de dépenser ses Bitcoins et autres crypto facilement et à moindre frais.
Le coût de gestion mensuel est de 1,2€. Les cryptomonnaies sont directement et automatiquement converties dans le devise adaptée lors des achats. Attention cependant aux commissions.
La nouveauté est l’ajout du système de cashback qui permet de convertir 0,5% de ses dépenses en Bitcoin.
Dans la vidéo, il est dit que Wirex n’est pas disponible en France ce qui est faux.

Paylead la fintech qui pourrait tout changer : à voir lors de la mise en application de la DSP2

Cette startup de la frenchTech souhaite réveiller le système du cashback en France. Paylead s’adresse à toutes les banques et leur propose de gérer pour elles un programme de fidélité qui récompense les achats des clients. Charles Gastines, Directeur Général de Paylead se définit comme « une sorte d’American Express, mais en marque blanche ». Actuellement déjà 4500 points de vente sont répertoriés dans le programme.
Son expansion devrait être facilitée en septembre, avec l’obligation de la mise en application de la DSP2. A ce moment là, les banques seront obligées de laisser l’accès à leur données en open banking.

Les datas sont sécurisées et les données personnelles sont protégées. Seuls les montants des paiements et leur origine sont transmis.

Joko qui transforme la carte bancaire en carte de fidélité : intéressant mais…

Cette solution a été lancée par une équipe de jeunes français. Elle permet de transformer n’importe quelle carte de paiement en carte de fidélité pour profiter de points convertibles en cadeaux.
C’est un mode direct de cashback qui est très simple.
La startup a eu une idée de génie, d’autant plus que son offre est gratuite. Reste à ce que l’utilisateur accepte de connecter son compte en banque sur cette application sécurisée.
En savoir plus sur l’application Joko.

Quid des Gafa ?

Les Gafa ont vu arriver la tendance dès 2012. C’est à ce moment là que PayPal et Amazon ont lancé leurs cartes bancaires avec cashback.

Apple Card

Apple confirme le lancement de sa carte aux Etats Unis avant la fin de l’été. Elle sera accompagnée d’un programme de cashback outre Atlantique.
Elle devrait arriver en France avant la fin de l’année 2019 mais sans cashback. En effet, Apple va reverser aux USA une commission de 1 à 3% pour chaque achat. Mais l’interchange va poser problème en Europe et Apple n’aura pas la même marge. Donc l’Apple Card sera très certainement sans commission pour les français et européens.

Amazon

Solution disponible exclusivement aux USA, la carte Visa signature de Amazon fait un véritable carton plein. L’offre est très attractive et concurrence de plein fouet les banques traditionnelles. D’autant plus que cet acteur est indétrônable sur l’expérience clients avec son « fameux one click » qui change tout. En effet, dans certains cas bénéficier du cashback est un casse tête. Un exemple concret avec Sogexia qui explique comment être certain de toucher les gains sur son compte :
« Afin d’obtenir un Remboursement, merci de respecter les règles suivantes :
* Fermez toutes les autres fenêtres de votre navigateur : seul Sogexia Club doit être ouvert.
* Consultez la fiche Enseigne pour connaître les conditions du Remboursement, certains Remboursements sont activés par des liens dédiés.
* Cliquez sur le bouton vert « Aller sur le site », de la fiche enseigne sélectionnée, afin de créer un lien entre le site de Sogexia Club et celui de l’Enseigne.
* N’utilisez que les Codes Promos diffusés sur la fiche Enseigne, les autres codes promos ne sont pas cumulables avec le Remboursement.
* Validez votre paiement en ligne, sauf indication contraire sur la fiche enseigne.
Pour ne pas briser le lien entre Sogexia Club et nos Partenaires : ne consultez pas d’autres sites internet et ne laissez pas s’écouler un grand laps de temps entre votre départ de Sogexia Club et la validation de votre achat. En cas de doute, et pour rétablir une liaison, vous pouvez re-cliquer sur le bouton vert « Aller sur le site » juste avant votre achat. »
Sogexia est loin d’être le seul acteur a être dans ce cas, et c’est l’un des rares qui donne véritablement le parcours à suivre.

La clé de la réussite du cashback repose sur la simplicité !

Une autre signification pour le cash back :

A titre informatif, le cashback a aussi une autre signification.
Depuis juillet 2018, les commerçants peuvent remplacer les distributeurs automatiques de billets. En effet, la ratification de la deuxième Directive Européenne sur les moyens de Paiement (DSP2) autorise les commerçants à accepter s’ils le veulent que pour tout achat à partir de 1€ ils reversent jusqu’à 60€ en liquide. Ainsi, si  le client achète par exemple un tee-shirt à 30€, il lui sera facturé 90€ et il repartira avec son tee-shirt et 60€ en liquide en poche.

Cette mesure varie selon les pays. En Allemagne, le montant maximum est de 150€ et en Angleterre de 110€ par exemple. En Europe, le cashback représente seulement 2% de l’argent liquide retiré avec un montant moyen de 15€, selon les chiffres de la Banque Centre Européenne (BCE).

Cependant, en France elle n’a pas eu le succès escompté. L’argent liquide se faisant de plus en plus rares, les commerçants ne se battent pas pour mettre en avant cette offre. Le Groupe d’hypermarché Géant Casino a été le premier à inauguré cette pratique en France. Depuis, c’est le silence radio.

Sources :

– N26, communiqué de presse du 16 juillet 2019: N26 You: le compte bancaire personnalisé, sans frais à l’étranger.
– Orange communiqué de presse du 28 juin 2019 : Orange Bank ajoute le cashback à sa carte Visa Premium.
– Revolut : présentation de l’offre Métal sur son site.
– Igeneration article du 09 avril 2019 : Apple Card : un cashback quasiment impossible à importer en France + article du 27 juillet 2019 : Lancement en août de l’Apple Card ?
– La Tribune et son article du 26 juin 2019 sur « La Startup Paylead permet aux banques et assureurs de récompenser leurs clients ».
– Journal du net : Le cashback, un chemin pavé d’or mais semé d’embuches pour les banques.
– BforBank et son magazine : Avez-vous découvert le cash back ?
– Joptimisemonsite, article sur les chiffres clés du Cashback en France (Etude Xerfi).

Par Stéphanie Thomas

Directrice de publication du site.