Pourquoi va-t-on vers la fin de l’argent liquide?

Modifié le - Auteur Par Stéphanie Thomas -
Pourquoi va-t-on vers la fin de l’argent liquide?

Notre analyse en vidéo avec un focus sur  les solutions pour continuer à utiliser votre argent liquide en toute simplicité et légalité :

 

Ce début d’année 2019 a marqué de grands changements pour l’argent liquide en France et en Europe. Le billet de 500€ n’est plus produit et une nouvelle gamme de billets de 100€ et 200€ vont être mis en service sous peu. Le flux d’argent liquide diminue à la Banque de France, depuis quelques années. La règlementation qui encadre ce moyen de paiement est de plus en plus stricte. Et les nouvelles solutions bancaires laissant la possibilité de déposer du liquide sont très rares.

Tout converge vers la fin de l’argent liquide

C’est en 2016, que la Banque Centrale Européenne (BCE) a annoncé qu’elle allait officiellement mettre fin à la production du billet de 500€. La fin de sa production, ne signifie pas sa perte de valeur. Il circulera toujours et si vous en conservez vous pourrez décider de l’échanger quand vous le souhaiterez. Si l’on se réfère au communiqué émis par la Banque de France le 4 mai 2016, le billet de 500€ pourra être « échangé auprès des banques centrales nationales de l’Eurosystème pour une durée illimitée ».

La fin du billet de 500€

Pourquoi cette décision a-t-elle été prise? Il faut savoir que tous les pays de l’Eurosystème n’étaient pas d’accord avec cette proposition. Pourtant depuis 2014, plus aucun pays n’en produit. Les billets étaient conservés mais pas encore tous mis en circulation. Les derniers pays qui fourniront des billets de 500€ seront l’Allemagne et l’Autriche d’ici la fin du mois. Après cela, ça sera bel et bien terminé. Arrêter de produire les gros billets, que certains appelaient les « Ben Laden » est un geste, selon François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme.

Un billet avec une trop grande valeur.

Europol, la police des polices européenne, indique que le billet de 500€ permet de verser 1 million d’euros dans une valise de seulement 2kg. C’est quand même triste que la population européenne en soit privée pour des raisons de la sorte. Supprimer le billet, ne va pas éradiquer ce type de comportement. Mais c’est un autre sujet. Une autre raison, qui est liée à celle-ci, est que de nombreux pays avaient décidé de thésauriser ces billets. En effet, l’Italie par exemple conservait les billets à la banque et ne les mettait pas en circulation. Les commerçants les refusaient trop souvent par crainte de faux billets. Dans de nombreux pays, ces billets n’étaient pas proposés dans les distributeurs pour ne pas attirer les voleurs. Ce billet avait donc une valeur trop importante. 

De nouveaux billets de 100 et 200€

Pour palier à cette suppression, de nouveaux billets de 100 et 200€ vont être produits. Leur falsification va être rendue encore plus complexe. La nouvelle gamme de billets aura 6 signes de sécurité distincts. L’évolution du flux d’argent liquide est en diminution à la Banque de France (BdF).

Baisse du flux de l’argent liquide en chiffre

Voici deux graphiques révélateurs. Ils datent de 2016 et se sont les derniers disponibles auprès de la Banque de France. Le premier montre la courbe de l’évolution des flux aux guichets de la Banque de France entre 2002 et 2016. Après les années 2016, la courbe continue de chuter. Le deuxième graphique montre la structure de l’argent liquide en billet. Il est clair que les « gros billets » de 200 et 500€ ne représentent qu’une infime partie de cette circulation. Il faut également savoir que la masse d’argent en billets ne représente que 9% de l’argent disponible en France.

6 années consécutives de baisse

Les raisons de cette diminution des opérations fiduciaires aux guichets de la Banque de France sont nombreuses.

  • L’augmentation du nombre d’opérateurs privés pouvant remettre en circulation les billets. En effet, les banques et les sociétés de transports de fonds peuvent remettre en circulation elles-mêmes les billets et les pièces si elles ont signé une convention de traitement et ou distribution avec la BdF.
  • Le contexte économique n’est pas très favorable.
  • L’apparition de nouveaux moyens de paiement : sans contact, Paypal, les cartes prépayées, le paiement mobile, le paiement instantané … sans oublier les crypto-monnaies (Bitcoin, Ethereum et autres…) qui n’en sont qu’à leur début.
  • Durcissement de la règlementation sur les paiements en liquide.

Un secret bien gardé

Saviez-vous que lorsque vous payez en argent liquide cela coûte plus cher que de payer par carte bancaire par exemple ? Ici la question à se poser est « plus cher, pour qui? ». Fabriquer les billets, fondre les pièces, les acheminer, les mettre à disposition a un coût. Le coût moyen est de 0,30€. Cela coûte donc plus cher au système bancaire qui produit cet argent. La Monnaie de Paris gère en exclusivité la production des pièces en France. Ces pièces sont facturées à l’Etat à prix coutant. Les tarifs des pièces sont connus. En 2010, le d’une pièce de 1 ou 2 centimes était de 3 centimes, mais celui d’une pièce de 1€ est de 15 centimes. Là où l’Etat se fait la plus grosse marge, c’est sur les pièces de collection en vente dans les bureaux de poste par exemple. Concernant, les billets en revanche, c’est une autre histoire. Depuis 2002, la fabrication des billets a été ouverte à la concurrence. En France, La Banque de France continue a produire l’exclusivité des billets en euro fabriqués en France pour un prix non communiqué.

La disparition des centimes et l’incitation au paiement par carte

Imaginez, le coût de 0,30 centimes sur le prix d’une baguette,  la perte que représente la production des petites pièces de centimes. Pour le commerçant, l’artisan ou le consommateur le coût est transparent. Il est même inférieur à celui des cartes bancaires qui nécessitent un abonnement au terminal de paiement pour le commerçant. Il est donc facile de comprendre, pourquoi on parle d’aller vers des prix ronds, sans centimes. L’Italie va arrêter la production des pièces de 1 à 2 centimes sous peu. Au final, inciter au paiement par carte ou par virement permet aux banques de faire des économies et aux autorités de tracer les fonds. Le consommateur final n’est pas la priorité.

Les nouveaux acteurs de la Fintech renforcent la disparition du liquide

En effet, aucune des banques en ligne ne permet aujourd’hui de déposer facilement du liquide sur son compte en banque.

Déposer de l’argent liquide devient difficile.

Certaines banques en ligne disent, comme Hello Bank, qu’il est possible de déposer du liquide dans leur établissement principale. Pour Hello Bank, il s’agit de la BNP Paribas. Mais lorsqu’un client le fait il est vite incité à ouvrir un compte à la BNP s’il a besoin de faire de telles transactions. Cette option, de déposer de l’argent liquide à la BNP, a même était supprimée de la brochure de Hello Bank. Il semble donc qu’aujourd’hui cela ne soit même plus envisageable. Monabanq le permet, mais au final le lient se retrouve à payer les mêmes frais que dans une banque classique. L’intérêt n’est donc pas évident. Les néo banques, qui sont souvent de jeunes startup visant des publics spécifiques, ne sont pas équipées pour pouvoir procéder à telles actions.

Les cartes prépayées restent la seule option

Les cartes prépayées sont les seuls « NoBank » d’aujourd’hui. Elles permettent de jouir d’une plus grande liberté. Même s’il faut l’avouer, elles sont aujourd’hui très encadrées. On les achète au bureau de tabac. Pour les recharger, il faut acheter des coupons chez les buralistes ou effectuer des virements en ligne. Voici l’un des seuls moyens qui se développe actuellement.

Nous avons fait un comparatif des cartes prépayées pour vous aider à comprendre leurs forces et faiblesses.

Nous avons aussi listé les différents organismes proposant des cartes prépayées.

Nickel la solution la plus fiable

Nickel, la startup qui a tout compris.. Lancée en 2012, ses dirigeants avaient déjà vu le vent tourner. Ils avaient compris les enjeux qui se jouaient pour les français et consommateurs. C’est pour cette raison qu’ils ont lancé cette solution permettant à tous (interdit bancaire, sans revenus, étudiants…) d’ouvrir un compte qui ne soit pas rattaché à une banque. Ce compte s’ouvre chez le buraliste et se recharge là bas également si vous souhaitez l’alimenter en liquide ou par virement. La société a rapidement été rachetée par la BNP Paribas et elle rencontre un réel succès.

En savoir plus sur le compte Nickel, dans notre article expliquant son succès.

 

Par Stéphanie Thomas

Directrice de publication du site.