Les retraits en DAB devraient coûter plus cher

Modifié le - Auteur Par Stéphanie Thomas -
Les retraits en DAB devraient coûter plus cher

On en parlait il y a peu de temps, l’argent sonnant et trébuchant sous forme de billets et les banques sont un sujet intarissable.

Le liquide une source de tracas pour les banques

Nous avons abordé en avril dernier le thème de l’encaissement de l’argent liquide qui pose problème dans les banques en ligne et néo banques dans cet article : vers la fin de l’argent liquide. Aujourd’hui, la question inverse du retrait de billets de banque se pose.

En effet, ce n’est pas tout de pouvoir encaisser du « cash » comme on dit couramment sur son compte bancaire, encore faut-il pouvoir en obtenir et donc en retirer dans les Distributeurs Automatiques de Billets (DAB) ou Guichets Automatiques de Banque (GAB).

Le coût du retrait en DAB en France :

Le consommateur, en fonction de sa carte et de sa banque, sait qu’au delà d’un certain nombre, les retraits effectués en dehors de son établissement bancaire peuvent lui couter des frais supplémentaires. Cette pratique est apparue dans les années 1990. Avant cette date, les retraits étaient tous gratuits. L’arrivée de l’euro en 2002 a précipité le déploiement de ce surcoût. Depuis le 1er juillet 2002, la loi oblige à ce que tout paiement ou retrait effectué dans la zone euro et en France soit soumis aux mêmes conditions tarifaires. Les retraits en dehors de la zone euro ont des commissions et frais bien plus importants.

Consultez notre comparatif sur les frais de retrait par établissement.

Le coût moyen des retraits dans une autre enseigne

En moyenne, il se verra facturé 1€ dès 3 retraits réalisés hors de sa banque dans le mois, pour les plus chanceux. Certaines banques pratiquent ce tarif dès le premier retrait, il est donc préférable de savoir où trouver un distributeur appartenant à sa banque principale.

Comparaison des coûts de retrait de liquide

Une étude réalisée par CBanque révèle que sur les 129 banques sélectionnées par leurs soins, les retraits coûtent en moyenne 6,53€ s’ils sont effectués chez un concurrents dans 111 banques. Ils sont gratuits dans 18 banques.
Il se trouve que pour les banques en ligne (comme Boursorama) qui ne disposent pas de GAB et les banques spécialisées ou à faible présence nationale comme Milleis Banque, les retraits sont gratuits.

Ouvrir un compte chez Boursorama.

L’impact du choix de la carte de paiement

Selon le type de carte de paiement choisi les frais varient. Généralement, la Visa Premier et Gold MasterCard qui sont des cartes haut de gamme ne rajoutent pas de supplément sur les retraits. Certaines banques ont quand même décidé de réserver ce privilège du retrait gratuit sur les solutions « prestige » comme la Visa Infinite ou la Mastercard World Elite. Enfin, les cartes basiques comme la Visa Classic, Visa Electron, Mastercard classique ou Mastercard Maestro ont des frais fixés par la banque.

Un point sur l’utilisation des cartes bancaires et du liquide

Le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) des Cartes Bancaires vient de publier les chiffres de 2018. Aujourd’hui, 60% de la consommation courante est réglée en carte CB. CB est donc leader sur les paiements en France.

Les chiffres généraux des transactions

En 2018, 12,70 milliards de transactions ont été recensées pour un montant total de 590 milliards d’euros. Le chiffre qui va suivre valide le fait que les français soient de plus en plus multi-bancarisés, car le Groupement des cartes bancaires dénombre 70,4 millions de cartes en circulation.

Croissance et fluctuation des chiffres

Si le nombre de cartes de paiement augmente de manière constante depuis 2012, ce n’est pas le cas du nombre de guichets automatiques. 5000 distributeurs ont été supprimés depuis 2012. On est passé de 59 000 distributeurs en 2012 à 54 000 en 2018. La baisse s’accentue depuis 2015.
Le nombre d’opérations, c’est-à-dire de paiements, augmente pour passer de 7,8 milliards en 2012 à 11,4 milliards en 2018, mais le nombre de retrait a entamé une diminution depuis 2015. Les retraits en distributeurs sont passés de 1,5 milliards en 2012 à 1,3 milliards en 2018. En revanche, le montant des opérations est en hausse que ce soit pour les paiements ou les retraits. On retire moins souvent mais plus d’argent. Le montant moyen d’un retrait est de 29€ en France, c’est le plus bas de la Zone Euro.

Les concurrents à l’argent liquide

Le paiement sans contact a explosé en 2018. Ce phénomène est récent et facilite la disparition du liquide car les français n’ont plus besoin de s’encombrer les poches et le porte-monnaie. La carte ou le téléphone mobile suffisent. En 2012, il n’y avait que 1,2 millions de paiements sans contact, en 2018, il y en a eu 2 milliards 142 millions. Les montants dépensés suivent la même courbe exponentielle.

Le système de cash back existe en France mais il reste encore anecdotique. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe il s’agit d’effectuer un paiement en carte bancaire plus important que le prix à payer et d’obtenir en échange de l’argent liquide.

Le compte Nickel est une solution hybride et astucieuse : un compte sans banque que l’on peut alimenter en liquide chez son buraliste.

Les banques de détail payent pour les autres

Aujourd’hui, seules les banques physiques,  les bancassureurs ou encore Orange Bank ont des distributeurs. Les autres établissements bancaires jouissent des infrastructures existantes.

Le coût du retrait chez un concurrent pour une banque

Connaître le prix qu’une banque paye quand son client va retirer dans un autre GAB ne s’est jamais vraiment posé.
Et pourtant, lorsque vous retirez dans un distributeur de la concurrence cela coûte 57 centimes à votre banque. Ce chiffre n’a pas bougé depuis 2011. A cette période le Groupement des Cartes Bancaires avait réussi à obtenir une baisse de 20% du tarif. Aujourd’hui, le nombre d’acteurs sur le marché s’étant multiplié, la question de modifier le tarif à la hausse se pose.

Guerre commerciale : banque en ligne contre banque traditionnelle

Un vrai problème se pose ici pour les banques traditionnelles, d’une part celles-ci voient leurs clients partir pour la concurrence, composée de banques en ligne et de néo banques. Ces nouveaux acteurs proposent tous des offres très attractives, des primes et des cartes de paiement gratuites. N’ayant pas de frais fixes issus des agences physiques, distributeurs de billets, … disposant de moins de salariés … ces dernières peuvent se permettre de proposer ce type d’offres « discount ».

La législation n’aide pas les banques physiques

A la concurrence agressive, se rajoute la pression émise par les membres du Sénat sur les banques traditionnelles. Pour réduire les frais fixes, les banques de détails ont commencé à fermer quelques agences et à supprimer des distributeurs automatiques. Depuis 2012, c’est en moyenne 1 000 points de retrait à billets qui disparaissent tous les ans. Dans un soucis de protection des consommateurs, le Sénat a voté une loi obligeant les banques à rouvrir un distributeur dans un rayon de 10km de celui qui a été fermé, si c’était le seul accessible aux environs. En effet le gouvernement veut freiner la disparition des distributeurs dans les zones rurales et zones blanches (zones où la couverture internet n’est pas disponible et donc où les paiements par cartes bleues sont délicats. Ils souhaitent éviter les 25 km ou 30 km de route que certains citoyens sont obligés de parcourir pour retirer de l’argent.

Les distributeurs : la bête noire des banques

Les frais de retrait peuvent paraître excessifs pour le consommateur. Avoir la possibilité de retirer de l’argent qui se trouve sur son propre compte en banque pourrait être gratuit. Mais, les frais de gestion de ces DAB sont importants ce qui se répercute sur le client final.  Le coût d’un retrait  pourrait encore bientôt augmenter à la demande des banques.

Des coûts exorbitants.

Les distributeurs représentent pour les banques traditionnelles un poste couteux, 35000€ à l’achat, + l’installation, + l’entretien (frais de maintenance), + l’approvisionnement… Des frais d’infrastructures auxquelles les banques digitales ne participent pas alors qu’elles s’en servent, ce qui créé des inégalités entre les différents organismes.

Des difficultés à générer de la marge pour les banques traditionnelles

« Pourquoi les banques qui ne font rien pour le réseau de distributeurs  comme les banques directes- peuvent-elles les utiliser au même tarif ? Les prix ne reflètent pas la réalité des coûts d’utilisation de ce réseau interbancaire, ce n’est plus possible. » s’indigne Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale.
Les banques traditionnelles sont prises dans un étau. Elles peinent à générer de la marge, voient leurs clients partir vers des solutions moins chères qu’elles ne peuvent pas proposer (faute de charges fixes trop importantes) … De ce fait elles veulent repenser les commissions touchées lors des retraits en particulier pour les banques digitales qui bénéficient de leur réseau sans frais. Le problème qui se pose c’est la façon de déterminer ce futur changement de commissionnement.

En attente d’un retour de l’autorité de la concurrence

Il s’agit donc d’un deuxième acte concernant les frais de commission. Il s’agirait ici de faire machine arrière et de ré-augmenter les coûts des retraits. Les banques traditionnelles attendent un retour. La situation est quelque peu paradoxale quand on sait que le sujet a été lancé en parallèle de la disparition progressive de l’argent liquide. Affaire à suivre.

Les conseils de Lucie pour limiter les frais:

 

Sources :

  • BFMTV : Les retraits d’espèces dans les distributeurs bientôt plus coûteux ?
  • Les Echos : Les Distributeurs de billets: les grandes banques jettent un pavé dans la mare.
  • Le Figaro Particulier : Pas de frais supplémentaires pour les retraits dans la zone euro.
  • Le site cartes-bancaires du Groupement d’Intérêt Economique des Cartes Bancaires et ses derniers chiffres.
  • Calcul des frais de retrait par Cbanque.
Par Stéphanie Thomas

Directrice de publication du site.